In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le film sur l’art, l’art et le cinéma: fragments, passages. Essai
  • David Clandfield (bio)
Gilles Marsolais, Le film sur l’art, l’art et le cinéma: fragments, passages. Essai Montréal, Triptyque, 202 p., 23$

Les rapports qu'il peut y avoir entre le cinéma et les autres arts fournissent un beau sujet de débat depuis la naissance du cinéma à la fin du xixe siècle. Avec son nouveau livre, Gilles Marsolais s'y insère en quelque sorte, en faisant un survol des films qui prennent comme sujet des œuvres artistiques, quel que soit leur moyen d'expression, et les artistes qui les ont créées. Pour rendre son œuvre plus digeste, il se limite, exception faite de certains classiques, à la production des années 1980–2000, période pendant laquelle le Festival international du film sur l'art de Montréal a vu le jour et a battu son plein.

La volonté de participer aux débats fait que le livre se réclaime de l'essai à la page de titre. En suivant ses propos au cours du survol, un certain public universitaire aurait pu trouver de quoi se satisfaire. Mais ce n'est pas à ce public-là que Marsolais semble s'adresser. Ceux et celles avides d'analyses suivies risquent de rester sur leur faim devant cette collection des « fragments, » paragraphes à longueur variée consistant en comptes rendus de films à la manière d'articles encyclopédiques, même s'ils suivent [End Page 165] une certaine logique thématique. Et Marsolais ne s'en excuse pas. Il veut bien que son petit livre soit « consulté comme un dictionnaire, » mais il espère aussi qu'on le lira « pour y suivre entre les fragments les méandres d'une pensée qui se complète et se précise au fil des films ». Donc, mis à part les fouilleurs pressés, le public auquel se destine ce livre, celui des festivals ( ?), devra donc être indulgent et attentif.

Où mène donc ce fil de films ? Marsolais commence par définir le « film sur l'art » pour les besoins de son œuvre : ce qui compte, ce qui ne compte pas. De là l'auteur plonge dans le « problème du commentaire » et son apport à certains films clés sur l'art, sujet bien riche pour l'historien du documentaire qu'est Marsolais. La discussion du factice dans le documentaire mène à la discussion des films de fiction ayant comme sujet la vie de tel ou telle artiste, et toutes sortes d'hybrides du documentaire et de la fiction, même les enquêtes utilisant les procédés du cinéma direct pour reconstituer des moments historiques. La comparaison de modes cinématographiques mène à l'étude comparée de films portant sur le même sujet : Picasso (jusqu'à quatorze films), l'avant-garde québécoise des années 1940, portraits cinématographiques d'artiste faits par leurs proches, portraits de cinéastes comme Ivens et Riefenstahl. Puis on passe aux comparaisons des arts particuliers privilégiés par le cinéaste (peinture, musique, danse, théâtre, littérature, architecture, et enfin cinéma lui-même). Marsolais termine le fil des films en discutant le rapport entre l'art et la société : le contexte historique de sa création, l'engagement social de l'artiste, le rapport de l'art et de l'argent, et le faux dans l'art. Et voilà que Marsolais arrive à placer plus de 270 films, faits par plus de 230 cinéastes sur la vie ou l'œuvre d'un peu moins de 200 artistes. Fil d'Ariane bien réussi pour qui veut le suivre, mais trop fragmentaire pour en faire une trame continue.

Devant un si grand nombre de films, la tentation du palmarès se dresse. Marsolais n'y résiste pas toujours. Parfois il se fait le champion du juste milieu avec des phrases du genre : « il doit témoigner d'une recherche approfondie sans verser dans l'aridité encyclopédique, [...] un discours critique sans verser dans la thèse assommante », phrase qu'il aime parce qu...

pdf

Share