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  • Rhétorique de l’anti-socialisme. Essai d’histoire discursive. 1830–1917, and: Essais sur l’imprégnation fasciste au Québec, and: De la beauté comme violence. L’esthétique du fascisme français 1919–1939
  • Patrick Bergeron (bio)
Marc Angenot, Rhétorique de l’anti-socialisme. Essai d’histoire discursive. 1830–1917 Québec, les Presses de l’Université Laval, 2004, 274 p., 30$
Esther Delisle, Essais sur l’imprégnation fasciste au Québec Montréal, Les Éditions Varia, coll. Histoire et société, 2002, 258 p.
Michel Lacroix, De la beauté comme violence. L’esthétique du fascisme français 1919–1939 Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, coll. Socius, 2004, 393 p., 34,95$

Les présents ouvrages ont tous trois à voir avec l'énonciation d'idéologie, la polémique et le ressentiment contre l'autre dans le contexte élargi de la modernité politique. Marc Angenot, lauréat du prix Léon-Gérin 2005 et auteur prolifique d'études importantes sur le socialisme (parmi d'autres sujets généralement abordés sous l'angle de l'analyse discursive), se penche cette fois, dans Rhétorique de l'anti-socialisme, sur l'arsenal d'arguments, de raisonnements et de contre-propositions élaborés par les principaux adversaires, souvent d'obédiences variées, du socialisme, ce prétendu remède aux maux (civils, économiques et autres) affligeant continûment les sociétés européennes entre la Monarchie de Juillet et la Révolution bolchevique. Esther Delisle, auteure d'ouvrages controversés sur les tendances antisémites de l'historien Lionel Groulx, explore de nouveaux aspects de ce terrain miné avec un recueil intitulé Essais sur l'imprégnation fasciste du Québec, des années 1930 et 1940 au miroir de la Révolution tranquille. Michel Lacroix, récipiendaire du prix Raymond-Klibansky en 2005, cherche pour sa part, dans De la beauté comme violence, à comprendre les fondements esthétiques du fascisme dans le discours social français entre 1919 et 1939, en partant du mot d'ordre formulé par l'homme politique de sombre mémoire, Benito Mussolini : « Qui dit fascisme dit avant tout beauté ».

Chacun des trois ouvrages fournit des pistes de compréhension variées pour entrer au cœur de positions idéologiques replacées dans leurs contextes respectifs (la France, du régime orléaniste au régime de Vichy, et le Québec, des gouvernements Taschereau à Lesage), à partir des discours et des représentations sur lesquels ces positions se sont étayées. L'originalité du texte d'Angenot est de s'appuyer sur une masse de contre-discours et de contre-représentations, à l'intérieur d'un consensus ayant pour seule raison d'être l'antipathie dirigée contre les récits militants socialistes. Devant la multitude de voix aidant à reconstituer la doxa, chacun des trois ouvrages suppose une bibliographie étendue et diversifiée, principalement composée de documents d'archives. Sur fond de société diagnostiquée défaillante ou malade, l'idéologie militante énonce les moyens à prendre pour atteindre le ressaisissement, la réviviscence, que ce soit à travers une réfection en profondeur de l'ordre social (le socialisme) ou par le lancinant appel lancé au chef ou au héros redresseur de la nation affaiblie (le fascisme). Angenot, Delisle et Lacroix soupèsent et opposent des revendications, des rétractations, des topoï et des pratiques symboliques en proie aux réfutations et à une rhétorique du discrédit, en prenant soin d'élucider la lutte entre sympathisants et détracteurs. Il y a ainsi d'évidents avantages [End Page 145] à les lire en boucle, tous trois offrant un éclairage mutuel des plus stimulants.

La lecture conjointe des trois textes a également pour effet de faire ressortir des différences sur le plan des méthodes convoquées, des objectifs poursuivis et des résultats atteints. D'un point de vue méthodologique, les approches d'Angenot et de Lacroix sont les plus apparentées, puisqu'elles sont basées sur l'étude historique du discours social. Le livre de Lacroix est d'ailleurs la version...

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