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  • Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes 1837-1838
  • Marilyn Randall (bio)
Alain Messier , Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes 1837-1838 Montréal, Guérin, 2002, xciii-497 p., 29,95$

Le Dictionnaire encyclopédique et historique des patriotes 1837-1838 d'Alain Messier est, selon son éditeur, «l'oeuvre d'un chercheur isolé qui s'est plongé durant plusieurs années dans les archives et la littérature historique pour rechercher les noms des patriotes de la Rébellion de 1837-1838 dans de Bas-Canada». Œuvre de commémoration par un patriote après la lettre, le Dictionnaire... énumère et identifie, dans la mesure du possible, plus de 5 000 noms de patriotes. Le défi est donc de taille, et l'accomplissement d'envergure.

L'ouvrage s'inscrit dans la recrudescence d'intérêt pour les Rébellions au cours des dernières années, à laquelle ont contribué de nombreuses parutions, dont Patriotes et Loyaux : Leadership régional et mobilisation politique en 1837 et 1838 de Gilles Laporte (Septentrion, 2004). Comme le Dictionnaire... de Messier, l'étude de Laporte «tient à la fois de l'ouvrage de référence et de l'essai» (Laporte)-mais toute ressemblance entre les deux ouvrages s'arrête là. Si le Dictionnaire... de Messier n'est donc pas seul sur le terrain, il délimite bien le sien par des stratégies d'inclusion et d'exclusion qui renforcent son caractère à la fois «patriotique» et «commémoratif» au détriment, finalement, de sa validité comme outil de référence.

Le Dictionnaire... commence par un essai fort provoquant sur la période et les événements marquants de la Rébellion, dont la valeur tient aux maintes citations des documents de l'époque, certains inédits. Malgré ses informations historiques et une documentation précieuse, pas toujours [End Page 564] rigoureusement annotée, on lira cet essai avec précaution à cause de son parti pris «patriote» qui, s'il infuse le récit d'une passion et d'une animation anecdotique souvent absentes du genre historique, sied mal aux prétentions d'objectivité de l'ouvrage scientifique. Mais on se méprend en voulant lire ici une histoire motivée par un souci d'objectivité : la visée est tout autre. Il s'agit à la fois d'une polémique, d'une révision historique et d'un appel à l'action patriotique : «Dans ce pays en berne, dans cette culture de résistance qu'est le Québec contemporain, Louis-Joseph Papineau nous a laissé une phrase-héritage pour contrer l'effet pervers de ce rapport [de Durham], dont les idées sont toujours propagées des "janissaires": "Peuples, soyez peuples et l'on vous respectera. Soyez courtisans et l'on vous méprisera et vous l'aurez bien mérité"».

Le sens de cette «révision» historique consiste à revenir sur une tradition largement dépassée (Lionel Groulx est explicitement évoqué) et à promouvoir une interprétation des Rébellions en tant qu'oppression raciste d'innocentes victimes, mues, quant à elles, seulement par les idéaux de démocratie et de justesse les plus nobles. On y reconnaît une pléthore de lieux communs traditionnels : les patriotes ne faisaient que réagir à la provocation des autorités anglaises de sorte que les Rébellions doivent ê tre rebaptisées «les Répressions»; la collusion et la soumission du clergé au gouvernement britannique sont dénoncées; Papineau n'était pas un lâche, mais voulait seulement «sauver sa vie»; le rapport Durham fut «une tentative de génocide intellectuel»; le pouvoir britannique «mépris[ait] la démocratie».

L'analyse de Messier rejoint sur un point critique celle de l'ennemi Durham, les deux considérant que le conflit n'était pas fondamentalement politique, mais plutôt racial, fomenté, aux yeux de Messier, entièrement par le parti loyaliste : «Le mépris affiché des autorités jumelé à une haine constante, qu'enveniment les journaux loyalistes, produira un antagonisme de races.» Que cela soit ou ne soit pas une analyse adéquate du conflit n'est pas ici en question, mais cette position aboutira...

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