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  • Ouvrir la voie/x. Le processus d'un sous-champ littéraire féministe au Québec (1960-1990)
  • Claudine Potvin (bio)
Isabelle Boisclair , Ouvrir la voie/x. Le processus d'un sous-champ littéraire féministe au Québec (1960-1990)Québec, Éditions Nota bene, coll. Littérature(s), 391 p., 25,95$

Comme son titre l'indique, l'ouvrage d'Isabelle Boisclair porte sur le processus d'intégration des femmes dans le champ littéraire québécois de 1960 à 1990. L'auteure y offre une vue panoramique des différentes instances du champ à partir de considérations d'ordre historique qui reposent sur des statistiques, tableaux, figures, compilations, qui permettent de saisir le progrès des femmes dans l'institution littéraire au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. À cette fin, Boisclair passe en revue la production de nombreuses écrivaines de 1900 à 1990. Si le livre présente un certain effet de catalogue, il n'en offre pas moins un répertoire important de la contribution des femmes québécoises à la littérature, des romancières les plus célèbres aux auteures totalement méconnues. Dans sa conclusion, l'auteure souligne que l'histoire de la constitution du sous-champ littéraire des femmes, « c'est l'histoire d'une succession de premières : premières écrivaines à entrer dans le champ en masse, premières éditrices, premières femmes libraires, premières femmes critiques à fonder leur jugement sur la subjectivité féminine, etc. »

Ce livre ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà sur les écrivaines dont il est question. Cependant il nous renseigne de façon précise [End Page 580] sur le processus qui a marqué leur entrée (ou qui explique leur absence) dans le monde des lettres. Les lecteurs ne trouveront pas plus dans cet ouvrage une analyse textuelle de ces écrits de femmes ni une réflexion stylistique et théorique sur l'écriture au féminin. Là n'est pas l'objectif de l'étude qui cherche avant tout à explorer le plus objectivement possible l'évolution d'un sous-champ littéraire. Il est toujours heureux de voir paraître une étude de ce genre. Sa pertinence à un moment où on fait constamment référence au postféminisme ne fait aucun doute. Si le livre de Boisclair montre clairement que les écrivaines ont bel et bien dû « ouvrir la voie » afin de faire entendre leurs voix et de surmonter embûches et préjugés, il indique également qu'il reste beaucoup de chemin à faire.

Afin de mesurer ce cheminement passé et présent, Boisclair situe son analyse dans le cadre de la théorie sociocritique (Bourdieu, Escarpit, Dubois en particulier et les travaux bien connus de l'équipe du CRELIQ), cadre soutenu par l'histoire littéraire, la critique féministe et la phénoménologie. Pour évaluer l'intégration des femmes dans le champ littéraire, l'auteure s'intéresse à la fois aux éléments qui ont favorisé ou empêché la progression de ces dernières. Écrivaine, libraire, éditrice ou critique, toute femme a bénéficié de circonstances heureuses qui lui ont permis de s'inscrire dans le champ ; par contre, les femmes ont également dû « au cours des ans faire face à des difficultés particulières liées à [leur] sexe ». S'arrêtant aux instances de production, de diffusion et de légitimation qui constituent le (sous-)champ littéraire, Boisclair définit son travail comme une mise en cause « de l'inégalité du traitement réservé aux hommes et aux femmes qui ont pratiqué la littérature au Québec depuis 1960 », d'où le projet d'étudier et d'illustrer ces inégalités en détail, de signaler quantitativement et qualitativement l'importance de la production des femmes au cours de la période étudiée, de mentionner les agents positifs et négatifs du parcours, de revoir les influences, le contexte et les idéologies qui ont joué pour ou contre l'émergence d'une écriture autre, de se pencher sur les traditions socioculturelles...

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