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Reviewed by:
  • Samuel de Champlain. Père de la Nouvelle-France
  • Jean-François Lozier (bio)
Francine Legaré , Samuel de Champlain. Père de la Nouvelle-FranceMontréal, XYZ éditeur, coll. Les grandes figures, 2003, 176 p., 16$

Avec Samuel de Champlain, Père de la Nouvelle-France, c'est un ouvrage de vulgarisation sans prétention scientifique que Francine Legaré propose au lecteur. Voilà une petite biographie romancée qui, reprenant la formule à succès de la collection «Les grandes figures» chez XYZ éditeur, s'adresse à un public adolescent qu'une approche plus savante à la connaissance du passé pourrait rebuter. La vie de Champlain est relatée, dans un style simple et clair, en cent cinquante pages que viennent illustrer douze images en noir et blanc, pour la plupart des gravures tirées de l'œuvre du célèbre personnage. On retrouve en fin d'ouvrage une chronologie détaillée qui [End Page 558] met en parallèle les événements qui ont marqué la vie du sujet et l'histoire du «monde» à la même époque (en fait, l'énumération s'en tient à l'histoire de la France et de l'Angleterre). Le tout est complété d'une bibliographie sommaire où certaines sources importantes, notamment le Dictionnaire biographique du Canada, surprennent par leur absence.

Dans ses grandes lignes, le récit de Legaré colle de près à l'histoire telle qu'elle est construite par les historiens. Ce n'est que lorsque les sources d'époque font défaut qu'elle choisit de «rapporter les faits qui paraissent les plus probables ». En fait, l'auteure reprend parfois les spéculations gratuites d'historiens d'une autre époque. Par exemple, alors qu'elle indique que Champlain serait né «vers 1567» ou plutôt en «1567 ou 1570», les spécialistes reconnaissent aujourd'hui qu'il ne s'agit là que de conjectures (les estimations oscillent entre 1567 et 1580). Plus loin, Legaré affirme que, pour occuper son temps dans la colonie, Hélène Boullé, épouse de Champlain, « apprit les langues amérindiennes et éveilla les petites Algonquines aux enseignements de Dieu et de l'Église ». Il s'agit d'une hypothèse aucunement fondée, émise pour la première fois par l'abbé Étienne Faillon il y a plus d'un siècle.

C'est surtout sur le plan des relations humaines que l'auteure intervient, lorsqu'elle met des pensées dans l'esprit de ses personnages et des paroles dans leur bouche. Elle imagine, en début de livre, des dialogues remplis de sentimentalité entre le jeune Samuel et son oncle Guillaume Hallène, dit le Capitaine Provençal. Ce marin d'expérience, au sujet duquel les historiens savent en fait fort peu de choses, devient ici « l'idéal à atteindre », voire même un « quasi-père » pour l'enfant rêveur. Les entretiens entre le protagoniste et les hommes de cour, auprès desquels il se retrouve périodiquement pour plaider la cause de la colonie, sont tendus; en revanche, ses échanges avec ses associés, notamment avec François Pont-Gravé qui devient ici l'ami et complice, sont toujours remplis de bonhomie. Enfin, il y a Hélène Boullé, à laquelle l'auteur consacre un chapitre entier. Délaissée par un mari qu'elle aime tendrement, mais dont elle ne partage pas l'enthousiasme pour la Nouvelle-France, elle accepte avec une sérénité étonnante son sort : «je n'avais pas un mari», confie-t-elle en fin de vie à une oreille curieuse, «j'avais un marin».

Il est difficile de se faire de Champlain en tant qu'homme une image conforme a la réalité, car celui-ci à laissé peu de place dans son œuvre à ses élans personnels et parce que ses contemporains se sont plus attardés à son action qu'à sa personne. Les commentateurs se sont donc contentés de déduire les qualités morales et des traits de caractère s'exprimant par le ton de ses écrits et l'application de son mandat. Pour Francine Legaré, l'homme est idéaliste, déterminé, patient, infatigable. De façon...

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