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Reviewed by:
  • Histoire sociale des idées au Québec (1896-1929)
  • David M. Hayne (bio)
Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées au Québec (1896-1929). Volume II Montréal, Fides, 330 p., 29,95$

Ayant fait paraître en 2000 le premier tome de son Histoire sociale des idées au Québec, Yvan Lamonde consacre le deuxième volet de son enquête à la période 1896-1929. Un troisième volume, en préparation, traitera des années 1930-1960.

Spécialiste reconnu de l'histoire intellectuelle et culturelle du Québec, Lamonde a publié depuis 1989 une série d'études bibliographiques qui préparaient le terrain qu'il exploite aujourd'hui. Son point de départ est la question des écoles du Manitoba et la publication du premier ouvrage d'Edmond de Nevers en 1896; son terminus ad quem est la crise économique de 1929.

Laurier, devenu «sir Wilfrid» lors du Jubilé de diamant de la reine Victoria en 1897, appuie l'impérialisme du gouvernement de Londres, tandis que Henri Bourassa, petit-fils de Papineau et député indépendant, proteste au nom des droits constitutionnels des Canadiens. En même temps, les journalistes Jules Fournier et Olivar Asselin et le jeune abbé Lionel Groulx formulent leurs programmes de nationalisme qui trouvent un appui dans la «Ligue nationaliste», créée en 1903, et chez les lecteurs du journal Le Nationaliste fondé en 1904. C'est également vers 1903 que commence une massive immigration anglophone qu'Asselin interprète comme une conspiration impérialiste. La composante juive de cette immigration donne lieu aux premières évidences d'une impulsion antisémite au Québec à la suite de l'affaire Dreyfus en France. [End Page 562]

Avec la guerre de 1914-1918, les enjeux changent : la hiérarchie catholique lance des appels en faveur du service militaire. Asselin s'enrôle dans l'armée et Bourassa approuve la participation canadienne au conflit. Vers 1917, le débat sur la conscription et la très suspecte «motion Francœur» du parti libéral créent de nouvelles tensions et demandent un nationalisme canadien-français qui soit «au-dessus des partis».

Suivent cinq chapitres qui décrivent les diverses formes d'action associées au nationalisme : une action française centrée sur la langue française et les droits scolaires ; une action catholique qui se manifeste dans les associations de jeunes, les journaux religieux et les congrès ; une action sociale qui s'adapte à l'urbanisation de la population rurale, à la montée des syndicats et à l'intervention de l'État dans les ressources naturelles ; une action féminine en ce qui concerne le bénévolat, la participation des femmes à la main-d'œuvre et aux élections, et l'accès à l'enseignement supérieur, tendances auxquelles s'opposent l'Église et Le Devoir de Henri Bourassa ; et enfin une action intellectuelle sur deux plans, celui de la haute culture (la littérature, le théâtre et les arts) et celui de la culture populaire (le cinéma, le sport commercialisé).

La deuxième partie de l'ouvrage examine l'Action française au Québec et en France. La revue mensuelle du même nom qui paraît en janvier 1917 se donne pour mission de rassembler en synthèse les idées du Devoir et celles des groupements nationalistes. L'abbé Groulx devient le directeur et le théoricien du mouvement en 1920 et la doctrine de la revue sera dorénavant subordonnée aux fins spirituelles. Ses enquêtes annuelles toucheront aux grandes préoccupations des intellectuels canadiensfrançais. Une Société des conférences et une maison d'édition sont créées pour assurer le rayonnement de la doctrine. Le Secrétaire de la Province, Athanase David, lance une série d'initiatives culturelles dans le même sens.

En France l'Action française de Paris, «fondée en 1899 au lendemain de l'affaire Dreyfus », anticipe certains aspects de celle du Québec et s'inspire des mêmes maîtres à penser : Barrès, Maurras et Maritain. Régionaliste, royaliste et positiviste, elle est condamnée...

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