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  • Hors frontières, and: Ventriloquies, and: Sous l’arche du temps. Essai, and: J'écris tout le temps par besoin, par plaisir, par passion. Essai, and: D'un ici à l'autre
  • Claudine Potvin (bio)
Hugues Corriveau, Hors frontières Montréal, Leméac, coll. Ici l’Ailleurs, 158 p., 15,95$
Martine Delvaux et Catherine Mavrikakis, Ventriloquies Montréal, Leméac, coll. Ici l’Ailleurs, 189 p., 17,95$
Hélène Dorion, Sous l’arche du temps. Essai Montréal, Leméac, coll. L’écritoire, 95 p., 15,95$
Jean-Marie Poupart, J’écris tout le temps par besoin, par plaisir, par passion. Essai Montréal, Leméac, coll. Ici L’écritoire, 155 p., 19,95$
Pierre Thibeault, D’un ici à l’autre Montréal, Leméac, coll. Ici l’Ailleurs, 127 p., 14,95$

Ces cinq publications, parues dans les collections « Ici l'ailleurs » et « L'écritoire » de Leméac, répondent toutes à l'intention autobiographique. D'une part, des récits de Hugues Corriveau et de Pierre Thibeault dans lesquels leurs auteurs font le point sur le déroulement de leur vie ou une partie de leur existence. Sous une forme différente, l'échange épistolaire, Martine Delvaux et Catherine Mavrikakis n'en intorrogent pas moins le moi et le vécu de deux narratrices qui, désireuses de partager une part du passé et du présent, interrogent l'espace familial, le ventre des femmes ainsi que l'écriture de la lettre. Les textes d'Hélène Dorion et de Jean-Marie Poupart se donnent comme des essais, mais dans les deux cas, la réflexion inclut le regard sur la pratique personnelle de l'écriture. Des bribes autobiographiques y côtoient des considérations d'ordre plus général sur la poésie et le littéraire.

Dans Ventriloquies, deux femmes, Martine Delvaux et Catherine Mavrikakis, auteures, amies, collègues, mères, s'adonnent au bonheur et à la douleur d'un dialogue étendu sur une période d'un an où il sera question de filiation, de naissance, de mort, de maternité et d'écriture. Le [End Page 142] titre renvoie au ventriloque bien sûr, soit à une personne qui peut articuler sans remuer les lèvres, à une voix étouffée qui semble venir du ventre, selon Le Petit Robert. Si la communication épistolaire se fait ici sous le jour d'une liberté d'expression apparente face au genre et à ses contraintes, la première lettre donne le ton et le sujet du livre : « Filiation. Tel est le mot. Je me demande si ce n'est pas cette question qui hante, depuis le début nos échanges. ». Un « début », une amitié aurait donc évidemment précédé la première lettre. La filiation qui situe cet échange dans un contexte de continuité place d'emblée le lecteur dans l'ici/le maintenant et l'ailleurs/l'avant. Texte à deux voix, Ventriloquies offre une très belle réflexion sur ce qu'on appelle trop souvent et trop bêtement des questions de femmes : avortement, fausse couche, enfantement, maternité (absence/présence de la mère), infanticide / matricide, inceste, fille, pertes, etc. À la fois intimement personnel et philosophique, le texte dit une manière de penser le monde dans le cadre de l'origine, de la famille et de la littérature.

Deux voix bien distinctes. Si Martine Delvaux amorce le « débat » et semble se faire plus pressante, davantage à l'écoute semble-t-il, d'où un certain effet d'essouflement et de nécessité, Catherine Mavrikakis, même si elle ne semble répondre que par de multiples détours, rejoint toujours la destinataire au tournant d'une phrase ou d'un mot. Détournement, non pas tant du sens, que du sujet, pour amener l'autre sur une piste parallèle, tout en s'engageant sur la même pente. Ainsi, c'est parfois à travers Marguerite Duras que Mavrikakis répond. Or, il n'y a pas de réponses ici, seulement des images qu'on ramène sur le tapis, images de mères, de pères, d'enfants. On décèle dans ces lettres...

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