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Reviewed by:
  • Archive et poétique de l’invention
  • Yannick Portebois (bio)
Archive et poétique de l’invention, s. la dir. de Marc André Bernier Québec, Éditions Nota bene, 262 p., 23,95$

Les fonds d'archives connaissent depuis une vingtaine d'années une remarquable résurgence d'activité. Que l'on songe, pour s'en convaincre, à la création de l'Institut Mémoire de l'édition contemporaine (IMEC), à Paris, à la constitution de l'important travail d'archivage sur l'imprimerie et l'édition à l'Université de Reading (Grande-Bretagne), à l'inventaire - présentement en cours - des fonds d'archives québécois d'Ancien Régime ou à la création promise et récemment annoncée d'un « IMEC québécois ». Cette renaissance s'est accompagnée d'une redéfinition - enrichie, élargie - du rôle et de la valeur du « document ». Le fil conducteur des dix contributions réunies par Marc André Bernier, c'est la conviction que l'archive littéraire « ne se réduit pas à une simple pièce conservant la trace d'un passé aboli et que viendrait exhumer une curiosité érudite un peu vaine : elle apparaît plutôt comme le témoin privilégié du travail de l'orateur ou du romancier, de l'essayiste ou du poète ». Le mot « archive » a été entendu par les concepteurs du projet dans un sens très large, incluant journaux, notes et fragments, manuscrits, premières éditions, entretiens radiophoniques et même l'absence d'archive.

L'ouvrage se divise en trois parties, « suivant la succession des grandes étapes qui scandent l'émergence d'une vie littéraire au Québec ». La première partie, intitulée « Les archives de l'éloquence » (contributions de Sébastien Drouin, Marc André Bernier, Marie Lise Laquerre et Yves Bourassa), traite de la rhétorique et de son enseignement, de même que de l'introduction du « théâtre scolaire » dans le Québec du XVIIIe siècle. « L'invention d'un imaginaire national » constitue le deuxième segment de ce parcours d'archives littéraires, cette fois du XIXe siècle, par le biais d'une correspondance inédite (les précieuses lettres sont données en annexe), de l'exploration de journaux de l'époque de la Rébellion et d'une étude métabiographique sur Gérin-Lajoie (John Hare, Marilyn Randall et Manon Brunet). Enfin, le XXe siècle est donné à lire « Dans l'atelier des écrivains », où se trouvent réunis les poètes Jacques Brault et Gaston Miron (Jacinthe Martel et Pierre Nepveu), de même qu'une contribution de Bernard Andrès, du stimulant double point de vue de romancier et d'universitaire. On soulignera les illustrations et les fac-simile qui jalonnent l'ouvrage, car nombre d'éditeurs reculent devant la dépense, pourtant bien nécessaire et bien utile, des supports visuels.

Dans sa riche diversité, Archive et poétique de l'invention témoigne de l'importance des travaux poursuivis par trois groupes de recherche [End Page 79] québécois : « Archéologie du littéraire au Québec » (ALAQ), dirigé par Bernard Andrès; « Archive et génétique littéraire » (ARGILE), dirigé par Jacinthe Martel; « Histoire de la rhétorique et de son enseignement, 1760-1840 » (HERMES), dirigé par Marc André Bernier. Le centre ARCHE réunit les trois groupes autour d'un programme de recherche partagé : « L'archive littéraire, matière et mémoire de l'invention ». Le très beau site internet de ARCHE (http://www.unites.uqam.ca/arche) mérite une longue visite. On y trouve des bibliographies, des liens vers de précieux dépôts de ressources documentaires, les profils des chercheurs, un inventaire des travaux déjà effectués et en cours. Archive et poétique de l'invention est une manifestation féconde tout aussi bien de ce que recèlent les archives québécoises que des travaux à venir du groupe ARCHE.

Yannick Portebois

Yannick Portebois, Département d’études françaises, Université de Toronto

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