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Reviewed by:
  • La chanson en question
  • Maurice Lamothe (bio)
Robert Léger, La chanson en question Montréal, Québec Amérique, 143 p., 16,95$

Encore un guide sur la chanson au Québec. Le titre même du livre de Robert Léger en rappelle un autre paru il y a une vingtaine d'années chez Triptyque, une maison qui publie et rafraîchit régulièrement son Guide de la chanson québécoise. Ne serait-ce que pour mieux comprendre dans quel mesure le livre de Léger comble un besoin, la lecture de La chanson québécoise en question peut donc difficilement échapper à la comparaison. L'ouvrage constitue clairement un manuel scolaire. En cela, il s'écarte de la publication des Éditions Triptyque qui ciblait davantage le lecteur de niveau universitaire. Ce n'est pas la première fois qu'un livre sur la chanson québécoise est signé par un auteur issu du milieu de la chanson (Jean Baulne, Stéphane Venne). Plus récemment, Le disque ne tourne pas rond — encore un titre emprunté aux éditions Triptyque — a été écrit par un critique du milieu de la chanson.

Lorsque les universitaires écrivent sur l'art lyrique, les écueils ne manquent pas : traitement analytique de la chanson comme s'il s'agissait d'un poème. Et que dire de cette propension à la désincarnation théorique : « les intellectuels dans leurs tours de Babèle » chantait Plume. Le milieu de la chanson se méfie des universitaires depuis longtemps comme le milieu universitaire d'ailleurs des arts populaires.

Ex-membre de feu Beau Dommage, Robert Léger n'est cependant pas étranger au milieu universitaire où il y enseigne. Voilà qui est rare. Un pont sera peut-être jeté. Mais dans les faits la facture même du livre de Léger laisse peu de doute sur le marché ciblé : des textes courts répondant à des questions posées par l'auteur, des encarts soulignant les moments importants, des photos en quantité, un petit glossaire des termes musicaux et, enfin, un index des noms cités. L'ensemble s'inscrit donc sous le signe de l'accessibilité et de l'utilité, mais on n'y retrouve aucune référence, aucune bibliographie. À la forme pédagogiquement correcte du livre pour tous, s'adjoint un contenu, peu bavard certes, mais pertinent. Tout y est, des origines à nos jours. Rien de bien original à cela, mais l'essentiel est conservé et tourne autour des réponses aux questions posées en caractère gras. Si les experts n'y apprennent rien, c'est que le propos se cantonne en territoires connus. En revanche, l'historiographe de la chanson aura de quoi se mettre sous la dent. Robert Léger a en effet une vision de l'histoire de la [End Page 161] chanson. Il arrive que les questions posées abordent des débats toujours ouverts. Prenons par exemple le cas de Céline Dion dont l'auteur prétend qu'elle est reconnue par ses pairs. Mais de quelle reconnaissance parle-t-on ici ? De celle de Pavarotti versant une larme d'émotion dans un « reportage » précédant la sortie d'un disque de la diva ? À l'évidence, l'opinion de l'auteur a du poids. Reste qu'une certaine critique américaine a déjà manifesté ses réticences vis-à-vis de notre diva nationale, une attitude considérée comme mesquine et snob en terre québécoise où le débat sur la valeur culturelle de Céline Dion est donc loin d'être clos. Léger a cependant tout a fait raison d'écrire que « les décideurs étrangers écoutent maintenant les interprètes québécois, même s'ils viennent d'un petit pays loin de Paris et de Los Angeles ». Mais ce sont là des considérations liées à l'industrie et à la grande production, à la valeur économique qu'elle peut générer et non à la valeur culturelle pour laquelle les pairs donnent habituellement leur bénédiction. En d'autres termes, si Céline Dion jouit de la reconnaissance de ses pairs, il...

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