In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Aux frontières du pictural et du scriptural. Hommage à Jiri Kolar
  • François-Marc Gagnon (bio)
Aux frontières du pictural et du scriptural. Hommage à Jiri Kolar, s. la dir. de Éva Le Grand Québec, Nota bene, 2000, 341 p., 25,95$

Le peintre et poète tchèque Jiri Kolar a servi ici de prétexte à une exploration des limites du pictural et du scriptural. Le présent ouvrage est en fait une version remaniée d'actes d'un colloque tenu à l'Université du Québec à Montréal en 1994, à l'occasion des 80 ans de l'artiste. Il comporte trois sections.

La première section est consacrée à l'œuvre de Kolar. Pour les lecteurs moins familiers de son œuvre, elle peut offrir quelque difficulté, d'autant que cette publication savante dérivée est peu illustrée. Mais, on arrive à se faire une idée de l'œuvre du grand artiste tchèque à la lecture des textes de cette première partie.

La meilleure introduction d'ensemble à l'œuvre de Kolar est fournie par l'étude de la regrettée Eva Le Grand (1945-2004) qui, en s'attachant plus spécialement à son Dictionnaire des méthodes, nous révèle les multiples facettes de cette œuvre difficilement classable. Par contre, il m'a semblé que c'est Jacques La Mothe qui décrivait le mieux les collages de Kolar, même si le propos de son article était de rendre compte d'une collaboration remarquable de l'artiste tchèque avec l'écrivain français Michel Butor, ce dernier ayant réussi à faire un analogon littéraire des collages de Kolar. Michaël La Chance, en analysant un texte inédit de Butor, Ouragan de rainures, s'est aussi intéressé aux rapports de l'écrivain français avec Kolar.

Vladimir Karfik, quant à lui, étudie deux pièces de théâtre de Kolar, Notre pain quotidien et La peste d'Athènes, qui sont à leur manière des collages non seulement par la juxtaposition des textes venus d'horizons différents, mais aussi par le jeu des acteurs (des pantomimes muets) et les dialogues.

Monika Zgustova étudie ensuite les Journaux de Kolar. Elle montre que ces derniers ne contiennent pas de notations de faits d'ordre privé, sinon pour ce qui concerne sa propre poésie et les matériaux qui lui servent à l'élaborer.

Vladimir Borecky voudrait retourner à Jung, Eliade et Bachelard pour proposer une interprétation symbolique à la Gibert Durand des collages de Kolar. Il rejette les approches structuralistes qui ont suivi, sans se donner la peine de dire pourquoi. J'ai de la misère à le suivre là-dessus. « Les symboles n'ont de sens que de position » (Lévi-Strauss) me semble finalement une approche plus riche et plus subtile des contenus de l'œuvre d'art.

La seconde section, intitulée « Du pictural et du scriptural » comporte un texte véritablement magistral de Fernande Saint-Martin, « Topologie des couches symboliques profondes ». À lui seul, ce texte justifierait l'achat de l'ouvrage. À partir de là, nous quittons le commentaire de l'œuvre de Kolar [End Page 169] pour s'attaquer à des problèmes plus généraux suggérés par sa pratique, mais pas forcément dépendants d'elle. Portant d'entrée de jeu le débat sur le terrain du visuel et du verbal, Fernande Saint-Martin présente un long plaidoyer en faveur du visuel (ou du pictural), contre le scriptural. Sa discussion de De la grammatologie de Derrida est particulièrement intéressante. Il y a en effet un paradoxe à ce que tout en rétablissant la primauté du mot écrit et lu sur la parole proférée et écoutée, Derrida exprime de la méfiance pour le pictural, préférant traiter à son propos de « cécité » plutôt que de perception (voir La vérité en peinture). Mais ce n'est là qu'un aspect de ce texte riche et complexe, où Freud, les théoriciens de la Gestatlt et Piaget sont tour à tour sollicités pour établir l'existence, sous les couches verbales de la conscience, des...

pdf

Share