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SCIENCES HUMAINES 497 partage son isolement et ils échangent leurs souvenirs. Buies lui raconte ses luttes contre le cléricalisme, contre l=enseignement des collèges classiques, contre la peine de mort, contre l=émigration de ses compatriotes, et les condamnations qu=il avait essuyées de la part du clergé et des bienpensants . Elle, de son côté, lui fait connaître les problèmes d=une femme seule dans notre société, déplore les lenteurs du progrès social et regrette la déception des référendums. Buies finit par croire que les questions fondamentales de son peuple ne changent guère et que celle de la langue, à laquelle il s=était dévoué, persiste à travers les siècles. La sympathie de l=auteure pour son personnage est évidente et elle cite abondamment les écrits de Buies B * J=ai les mots de Buies plein la bouche +, dit-elle B ainsi que les jugements des chercheurs qui les ont étudiés. Bien informée, elle passe en revue toutes les étapes de la vie mouvementée de son sujet : son activité au sein de l=Institut canadien de Montréal, ses séjours à Paris, sa carrière de journaliste, sa fugue en Californie. Son récit fourmille d=allusions aux auteurs canadiens-français et québécois que Buies aurait appréciés : la vie intellectuelle de notre époque lui ressemble davantage que celle de son siècle à lui. Car Buies est incontestablement, comme l=a bien dit Laurent Mailhot, un * précurseur de la révolution tranquille +. L=auteure termine cette agréable introduction à la carrière d=Arthur Buies, entremêlée d=intéressantes réflexions sur l=évolution du Québec moderne, par de nombreuses notes et références et une liste des principales études sur l=écrivain. (DAVID M. HAYNE) Pascal Brissette, Nelligan dans tous ses états. Un mythe national Montréal, Fides, coll. Nouvelles études québécoises, 1998, 223 p. Examinant nombre de théories sur le mythe, la réception, le fonctionnement de l=appareil de légitimation littéraire, la société québécoise, Pascal Brissette montre avec brio comment s=est créé et entretenu le mythe Nelligan. À partir d=un loufoque fait divers B un essai sur Nelligan par un mythomane, intitulé Émile Nelligan, prophète d=un âge nouveau B , Brissette discute le mythe qu=est devenu Nelligan. Son essai, tiré d=un mémoire de maîtrise sous la direction de Pierre Popovic, comprend une solide introduction , qui définit le concept du mythe en empruntant à diverses théories (Mircea Éliade, René Étiemble, Roland Barthes); un long premier chapitre, * De Dantin à Larose : naissance et renaissance du mythe +, qui explore le mythe Nelligan par le biais de ses plus influents critiques; un second chapitre, * Le dernier Nelligan +, qui tente de percer les motifs du thème choisi par Michel Tremblay pour son opéra Nelligan (1990); une conclusion, qui jette un dernier regard sur la publication du mythomane afin de montrer à quel point son hypothèse se nourrit, tout en les exagérant, des divers apports au mythe Nelligan durant le XX e siècle. Voilà pour la 498 LETTRES CANADIENNES 2000 rigoureuse structure de l=essai, d=où jaillissent par moments de délicieux mots d=esprit, et où pointe un humour féroce. L=auteur adapte d=emblée la définition du mythe élaborée par Éliade (Aspects du mythe, 1963), selon laquelle il est considéré, à la différence de la littérature, comme vrai par ceux qui le narrent. Agissant * comme un syst ème herméneutique général +, il doit constamment être réactivé et rafraîchi pour survivre. Mais le mythe aurait cette étrange particularité de s=adapter à la doxa, absorbant les contradictions : c=est * un récit mercenaire se pliant toujours aux règles hégémoniques pour demeurer au goût du jour +. Brissette cherche moins à décaper * l=accumulation des gloses [...] qui recouvre le trésor poétique + comme le visait Étiemble (Le mythe de Rimbaud. Structure du mythe, 1961), qu=à découvrir le fonctionnement du mythe en tant qu=instrument id...

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