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486 LETTRES CANADIENNES 1998 de questionnement. Apprehendant Ie passe pour mieux rendre compte de la distance, de I'alterite qui nous en separe, elle « revoque toujours en doute Ies souvenirs qui ont survecu intacts» (Yose£ Hayim YerushaImi, Zakhor, memoire juive et histoirejuive, 1991). A1a decharge des Pieges de la memoire.", cette distinction n'est pas toujours evidente dans Ia conscience des acteurs historiques. Ainsi, dans la polemique l'opposant aEdward Robert Adair puis aGustave Lanctot en 1932, Ie chanoine Groulx lui-meme oscille entre les logiques de la memoire et de l'histoire. Tout en exaltant la commemoration du mythe de Dollard et en tirant une didactique du sacrifice, il commente les sources et se questionne sur les mobiles des protagonistes de la bataille du Long Sault, selon des procedures critiques bien connues des historiens, meme si elles demeurent ici partielles et partiales. Neanmoins, cette remarque ne gache pas Ie plaisir du lecteur devant eet ouvrage important, au style elegant et limpide, al'argumentation solide et coherente , a1a reflexion riche et novatrice. Enfin, tout historien ne peut que se sentir interpelle par 1a pertinence du questionnement de Patrice Groulx sur les problemes deontologiques de sa discipline. QueUe histoire fabrique-t-il ? Peut-il pretendre aune certaine objectivite? Peut-il echapper aIa prison du discours, aces parois caverneuses ous'esquissentles furtiyes ombres de la realite ?DevantlesMemento mori des «heros du Long Sault», l'auteur suggere une solution moins baroque en rappelant la metaphore employee par 1a diplomatie iroquoise pour conjurer 1a fatalite des guerres. Les Iroquois croyaient que les corps des belligerants devaient etre ensevelis sans distinction dans une meme fosse commune afin que la memoire puisse effacer par I'oubli la permanence du conflit. Pour que l'ecriture historienne du recit de Dollard des Ormeaux puisse pleinement s'accomplir comme rite d'enterrement, el1e doit s'affranchir de l'ideologie qui la sOils-tend et permettre a tOllS ses morts, Euro-americains et Arnerindiens, de reposer ensemble cote acote. (MARTIN PAQUET) Franrois-Xavier Garneau: unefigure nationale, s. la dir. de Gilles Gallichan, Kenneth Landry et Denis Saint-Jacques Quebec, Editions Nota bene, Les Cahiers du Centre de recherche en litterature quebecoise, 398p., 24$ Le premier tome de l'Histoire du Canada depuis sa decouverte jusqu'a nos jours sortit des presses de Napoleon Aubin au mois d'aout 1845. Cent cinquante ans plus tard,I'Association quebecoise pour l'etude de l'imprime (AQEI) et Ie Centre de recherche en litterature quebecoise (CRELIQ) ont reuni leurs efforts pour organiser un colloque de deux jours consacre aI'auteur de l'Histoire ... SCIENCES HUMAINES 487 Dans 1a conference inauguraleI Paul Wyczynski - codirecteur avec Ie regrette Pierre Savard d\me grande edition critique des CEuvres de Garneau en preparation- relate son odyssee garnelienne depuis la publication de ses premiers ouvrages sur Garneau dans les annees 19601 en passant par une serie d'articles signes par les deux collaborateurs dans Ie Dictionnaire biographique du Canada,Ie Dictionnaire des (Euvres litteraires du Quebec et dans diverses revues savantes, pour arriver enfin ala volurnineuse documentation sur l'historien conservee au Centre de recherche en littterature canadienne-franc;aise a l'Universite d'Ouawa. Wyczynski termine son expose en enumerant les editions successives de l'ouvrage et les nornbreuses commemorations auxquelles sa publication a donne lieu. Pour situer Garneau dans son milieuI Serge CourvilleI Jean-Claude Robert et Normand Seguin, coauteurs d'un ouvrage sur Le pays Iaurentien au XIX/: siecle (PUL, 1995), decrivent l'ambiance geographique et socioeconomique du Quebec au milieu du siecle dernier. De son cote, Yvan Lamonde apporte une reponse nuancee ala question: «jusqu'a quel point Garneau a-t-il ete influence par les mouvements nationalitaires europeen et americain de la premiere moitie du siecle?» 11 condut que «Garneau apparait [...Jcomme un nationaliste liberal qui [...1ne va au bout ni de son liberalisme ni de sonnationalisme », ne faisantjamais appel au principe des nationalites ni au droit des peuples adisposer d'eux-memes. Peut-etre l'etude la plus originale et la plus abondamment documentee du recueil est-elle celle que Marc Lebel consacre adeux societes litteraires de la decennie 1840, la Societe canadienne d'etudes litteraires et scientifiques et la Societe de...

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