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HUMANITIES 275 ventionnaires, Ie centre de recherche produit lui-meme ses propres conditions d'intelligibilite et d'inintelligibilite. Ce sont la. les limites des articles qui nous sont ici presentes. (FRAN~OIS PARE) La nouvelle: ecriture(s) et lecture(s) sous la direction d'Agnes Whitfield et Jacques Cotnam Montreal, XYZ editeur, colI. Documents [et] Toronto, Editions du GREF, colI. Dont actes nO 10, 1993,226 p., 19,95$ Cet ouvrage est constitue des actes du colloque, tenu en novembre 1992 au College universitaire Glendon, et qui avait pour theme «La nouvelle: ecriture(s) et lecture(s) ». Comme son titre l'indique, il se partage en deux volets. Le second, qui regroupe plusieurs lectures de nouvelles specifiques , offre a. mon sens moins d'interet que Ie premier, a. cause notamment des (Euvres etudiees dont peu ont de reelles qualites litteraires. N'ont en effet d'int€ret qu'historique ou sociologique les nouvelles quebecoises d'avant 1940, celles d'un inconnu, Eugene L'Ecuyer, celles publiees dans Chatelaine entre 1976 et 1980, celles enfin de France Theoret et d'auteurs franco-ontariens ou acadiens. Reste Anne Hebert, dont trois nouvelles sont etudiees. Mais de l'aveu meme de l'auteur de I'article, deux d'entre elles sont faibles, et la troisieme, «Un grand mariage », au demeurant excellente, appartient au recueil Le torrent, edition 1963. Je m'explique mal cependant comment Lori Saint-Martin peut qualifier de «premieres nouvelles » des textes parus en 1960 (<< Shannon») et 1966 (<< Un dimanche a la campagne»), alors que, a. titre de comparaison, «La robe corail», qui appartient au Torrent, edition 1950, est datee de l'automne 1938. Le premier volet presente sept reflexions theoriques et pratiques sur la nouvelle, dont quatre sont Ie fait de nouvellistes-critiques, ce qui confirme que les createurs sont souvent les meilleurs analystes du genre qu'ils pratiquent. Andre Carpentier s'interroge ainsi sur «Ie caractere fragmentaire de l'ecriture nouvelliere », et sur « Ie principe de 1a discontinuite par assemblage de brievetes ». Reconnaissant que la nouvelle vient en groupe et qu'elle oblige done a. un «double systeme de lecture», il avoue cependant sa nette preference pour les recueils heterogenes, c'est-a.-dire non construits autour d'un theme rassembleur. Cela me parait un faux debat. La seule chose qui importe est que la lecture d'une nouvelle individuelle se faisant d'ordinaire en meme temps que d'autres, se produit alors inevitablement un phenomene d'interaction entre elles, que cela ait ete voulu on non par leur auteur. Henri-Dominique Paratte n'evite pas non plus cet ecueil lorsqu'il affirme que «Ie recueil de nouvelles ne change pas notablement l'architecture de la nouvelle», affirmation contestable puisque Ie contexte de lecture d'une nouvelle influe directement sur sa signification. Par contre, il a raison d'associer I'architecture de la 276 LETTERS IN CANADA 1994 nouvelle a. celIe de I'inquietude, qui ouvre une voie vers un nulle part qui est aussi «Ie quelque part d'une realite qui surgit devant nous ». S'inspirant de l'ouvrage de M. Torgovnik (Closure in the Novel), Gaetan Brulotte, dans une reflexion proche de celle de Carpentier, avoue que l'ecriture de la nouvelle l'attire en raison de la possibilite, du plaisir meme, de finir souvent: «Plus que Ie roman, la nouvelle me procure cette forte euphorie de voir un projet enfin mene a. son terme, de gouter a. la palpitation de l'achevement». Joignant l'analyse au temoignage, il enumere ensuite differents types de fins de nouvelles. Autre nouvellistecritique , Roland Bourneuf, proche a. certains egards d'un Frank O'Connor (The Lonely Voice), s'interroge sur la place et sur Ie mode d'integration dans la nouvelle du reve, experience a. la fois solitaire et subjective, qui lui semble «apte a. feconder la nouvelle dans sa conception moderne», c'est-a.-dire d'une histoire non pas boudee mais a. peine evoquee. Dans Ie sillage de Seuils de Gerard Genette, Sylvie Berard s'interesse pour sa part a. differents elements du paratexte, notamment a. l'indication generique et au texte liminaire, particulierement bavard dans les recueils de nouvelle. Si cependant, comme elle Ie remarque, Ie paratexte est etroitement lie au recueil qu'il introduit, les avant-propos, prefaces et postfaces enon<;ant souvent un principe unificateur, il arrive aussi que certains titres de recueils, elements essentiels du paratexte ici passes sous silence, soient de fausses enseignes, des leurres, qui indiquent au lecteur une voie qui, en verite, n'est pas la plus importante. En d'autres mots, si Ie paratexte a son importance, il faut aussi se mefier de ce que dit un auteur de son recueil, car il y a parfois ecart, voire contradiction, entre ce qu'un auteur annonce ou dit avoir fait ou voulu faire, et ce que son ceuvre dit en verite. Dans Rue Deschambault de Gabrielle Roy, par exempIe , il est moins question de ladite rue que des moyens utilises par les personnages pour la fuir, donc de leur desir d'evasion plus que d'enracinement. Balayant au contraire tres large et observant Ies nouvelles d'un point de vue d'ensemble qui rappelle Ia celebre question de Norman Friedman (<< What makes a short story sort?»), Michel Lord, dans Ie cadre d'une recherche en cours sur «1'evolution des formes dans Ie genre narratif bref au Quebec de 1940 a. 1990 », reflechit sur I'existence d'un «systeme dis-cursif qui pourrait rendre compte du fonctionnement du recit dans la nouvelle ». Quelles sont les regles, se demande-t-il, «qui permettent de distinguer l'organisation interne des recits longs et brefs ?», et surtout de relever les marques de l'existence d'un «systeme souple ou rigoureux de regulation de l'expansible et du supprimable». Et de condure, hypothese provisoire, qu'on choisirait peut-etre de faire bref, «moins pour dire peu que pour creuser I'ecart entre Ie signe et Ie sens ». C'est a. ce meme M. Lord, aide de Camille Pagee, que nous devons en complement de volume une bibliographie selective de la nouvelle, qui se revelera d'une grande utilite pour tous les chercheurs. On y trouvera HUMANITIES 277 notamment des textes theoriques et critiques, et une liste de recueils de nouvelles. La publication d'une mise a jour annuelle de cette bibliographie rendrait les plus grands services a tous ceux qui s'interessent au genre. Les responsables de cet ouvrage, Agnes Whitfield et Jacques Cotnam, et organisateurs du colloque qui est a son origine, doivent donc etre felicites pour leur initiative. II est piquant de noter que ce premier colloque sur la nouvelle d'ici se soit tenu en Ontario. Depuis, un deuxieme s'est tenu a l'UQAM, en 1994, dans Ie cadre de I'ACFAS, et dont il faut aussi esperer la publication des actes. S'il faut souhaiter l'organisation d'autres rencontres du genre, et la publication d'articles et d'ouvrages sur la nouvelle et Ie recueil, on peut aussi suggerer que, tout en maintenant une pluralite d'approches critiques, on assure plus de cohesion aux differentes interventions en delimitant chaque fois un sujet precis. (JEAN-PIERRE BOUCHER) Valerie Raoul, Distinctly Narcissistic. Diary Fiction in Quebec Toronto, University of Toronto Press, 307 p. L'auteure a un objectif tres ambitieux: etudier Ie journal intime fictif au Quebec pendant la periode 1878-1990. Elle propose d'expliquer I'evolution de l'interaction du moi, du temps et de I'ecriture dans les romans et recits comportant un aspect intimiste en fonction des changements sociohistoriques au Quebec. Selon elle, Ie tres grand nombre d'ceuvres qui se trouve dans cette categorie temoigne du poids lourd de la situation coloniale et postcoloniale quebecoise. La methode de Raoul est double: elle analyse les textes a la lumiere de la theorie psychanalytique du narcissisme telle que revue et critiquee par les feministes dans une perspective lacanienne; puis, elle propose un parallelisme entre Ie narcissisme individuel et Ie narcissisme collectif. Elle etablit ce parallelisme en juxtaposant la description du statut de la femme selon Simone de Beauvoir et I'analyse du statut du colonise d'Albert Memmi. Ensuite, elle montre que plusieurs aspects de ces statuts sociaux correspondent a un certain nombre de caracteristiques d'une blessure narcissique. Au niveau de l'analyse psychanalytique, Raoul reussit bien en nous convaincant de la pertinence du concept de narcissisme pour l'etude du texte intimiste. Cependant, son modele narratif, qui est base sur des fonctions grammaticales, serait plus clair et plus utile s'il correspondait aux modeles deja proposes par les travaux en narratologie. Les etudes de cas les plus longues sont les mieux reussies et, au fur et a mesure qu'on avance dans Ie livre, on a I'impression de changer de rythme, passant du pas au galop. L'analyse sociocritique est moins satisfaisante que I'etude psychanalytique, car Raoul ne prend pas Ie temps de faire une veritable analyse de ces ressemblances qui sont censees expliquer l'articulation de ...

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