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ROMANS 21 cubicles.' Their mental idioms of venal self-absorption echo one another; each plans murder to protect an identity tied obsessively to the supposed uniqueness of his name, myopically ignoring the civilized arts of plant cultivation and language that might ground real integrity. 'The Bulk Tour,' Bonnie's final and summative story, explores the ambiguous relationship of integrity to his own art of fictions. After retirement, Harland Musgrove occupies himself and supplements his Social Security income as a tour guide at the General Norland E. Bulk Gardens and Home, where he embellishes freely the facts ofthe General's undistinguished career and the unremarkable history of his domicile, tailoring his inventions to the interests of diverse audiences that range from Boy Scouts to nuns to raucous conv;entioneers. His antagonist, Florence Carpenter Sitwell, distantly related to the general, 'had the expression of someone who spent her life combating inaccuracy ... and looked as if she might burst into tears if she heard one more lie.' For Bonnie, however, Musgrove's 'lies,' in their skilful ability to command attention and stimulate a sense of mystery in the mundane, emblematize the power of fiction to reveal, not the facts of history, but their symbolic potential for those who must somehow find a faint human order in history. Romans PIERRE HEBERT Tantot grave, tantot fantaisiste, Ie roman quebecois parlede la vie et de la mort crean-Ethier Blais, Daniel Gagnon, Paul Chamberland, Andre Major), ou s'aventure dans des histoires soit loufoques (Fran~ois Gravel), soit cyniques crean-Yves Dupuis). L'Histoire et Ie theme du pays continuent d'occuper une niche importante: Louis-Martin Tard, Alice Parizeau, Ronald Lavallee et Francine Noel en proposent les meilleures reussites; mais Ie roman de l'annee appartient peut-~tre a Victor-Levy Beaulieu. 'Voila Ie parcours que l'on fera ici de l'annee 1987. Les politiciens parlent de politique,Jes ecrivains, de litterature, les gens heureux, du bonheur, les gens pauvres, padois de la pauvrete, et c'est ainsi que les paroles coulent, que les livres s'ecrivent. Mais qui parle de la mort? Les vivants, bien sur, et c'est alors que les choses risquent dese gater. Car a parler de la mort, Ie langage se trouve en quelque sorte accuIe a ses limites; signifier un inconnu non de degre, mais de nature. A moins que la mort soit Ie nee plus ultra des sujets litteraires, celui qui exhibe la plus intense des creations parcette projection dans un Autre totalement inconnu? Quoi qu'il en soit, voila bien un sujet que les lettres quebecoises n'hesitent pas a frequenter: Agonie cr. Brault), Lucie ou un midien novembre 22 LEITERS IN CANADA 1987 et Les Heures (F. Ouellette), La Convention (5. Lamy) et, ici, quatre textes de prose ou la mort se profile. Acceptera-t-on que cette &ronique s'ouvre avec un texte qui est paru a. la fin de 1986, mais dont on a assez peu fait etat? Rien que de banal, a. premiere vue, a. la fois dans Ie titre et Ie genre de ce Voyage d'hiver de Jean-Ethier Blais (Lemeac, 173, $14.95). Pris prosalquement, ce texte raconte un voyage fait dans une saison definie; Ie texte sera donc simple, comme tous ces recits de voyage ou s'amalgament Ie carnet, Ie journal, dans un recueil de souvenirs et d'impressions qui risquent de n'interesser que celui qui a deja frequente les memes chemins que l'au.teur, en l'occurrence 1'ltaIie, Paris, Geneve, Zurich ... Mais attention: un voyage en cache peut-etre un autre. Dans son Journal philosophique et litteraire, Fran<;ois Hertel ecrivait que I'egolsme etait de rigueur: on peut en dire autant dans Ie cas de ce recit de Jean-Ethier Blais. Car cel egolsme sain consiste a. impregner la diversite des espaces que I'on parcourt, d'une force centripete qui n'est rien d'autre que soi-meme. '11 s'agit non pas d'aIIer vers du nouveau, mais, par d'imperceptibles gradations, de se decouvrir, une fois de plus, tel qu'en soi-meme' (9). La multiplicite des lieux que parcourt J.-E. Blais dans son recit ne doit pas faire ecran: I'on revient toujours a. soi. C'est ainsi que lorsque Ie voyageur est rempli d'emoi devant un tableau, lorsqu'il /eprouve une nostalgie immense devant Venise et ses canaux, c'est de lui-meme dont il est question dans ce recit, c'est-a.-dire de nous tous. L'objet du parcours renvoie au sujet qui nous est intimement lie dans l'humanite que nous partageons avec lui. Et ce que nous avons Ie plus en commun, c'est de faire ce meme voyage d'hiver en direction de la mort. Car la mort est omnipresente dans ce beau texte. Des Ie premier chapitre, Ie recit de voyage est interrompu par la mort de Rene Garneau et par des reminiscences a. son sujet. Que cherche ce voyageur? 'Je n'en sais rien, sinon que je suis porte par un desir insatiable, moi homme d'Amerique, comme ces voyageurs du Nord qui veulent trouver ici, a. I'instar de Goethe, la realisation supreme de soi; ou comme Stravinski, une tombe' (62). 11 s'etablitchez Ie voyageur une filiation entre ce qu'il voit et lui-meme, comme par exemple devant Venise: 'On est a. Venise devant Ie cheminement en soi de la decrepitude, de la maladie, de la mort.... La vie est semblable a cette ville belle entre toutes. Elle est minee' (79). En verite, plus il avance dans la lecture de ce Voyage d'hiver, plus Ie lecteur comprend que Ie parcours des lieux, que Ie recit meme avarice vers la mort: 'Ce recit de voyage, qui est aussi I'occasion de souvenirs, est une suite de digressions, de remarques a propos d'autre chose. ... A l'interieur de ce recit, j'ignore ou me porteront mes pas, sinon a un tombeau' (157). Jean-Ethier Blais ne se risque cependant pas au dela de Ia simple experience qui consiste a savoir que l'on va mourn, mis a part quelques eclairs vifs: 'Mort, transfiguration de la vie. Existences gigognes' ROMANS 23 (87). Certes, ce Voyage d'hiver est superbemehtecrit, etil s'y manifeste une culture exceptionnelle; mais j'ai ete frappe avant tout par la vision que ce voyageur portait, en lui, de sa propre mort (99). Quand on ouvre un recit de Daniel Gagnon, on peut etre certain que Ie texte, dans sa brievete, s'affirmera neanmoins par sa densite et par un accent a la fois de tourment et d'urgence. Je pense ici en particulier a La Fille amarier, une serie de lettres d'une toute jeune adolescente a une interlocutrice imaginaire a Medicine Hat. Feignant de parler al'autre, la narratrice se racontait aelle-meme son propre desespoir. Dans La Fee calcinee (VLB, 115, $12.95), Daniel Gagnon ne procede pas autrement. La narratrice est a nouveau une femme, et son discours epouse les apparences d'une longue lettre, ou plutot d'un long chant desespere adresse adivers destinataires. La gravite de cette complainte nous saisit des Ie debut: car c'est de sa tombe que la narratrice parle. L'impossible dialogue entre les vivants et les morts se trouve ici renverse: c'est la morte qui s'adresse aux vivants qui ne I'entendent pas. Imaginez plutot: la morte est dans son cercueil, mais elle n'est pas morte, car la Mort n'a pas encore daigne venir la prendre. La narratrice erre entre deux mondes: 'Mourante mais incapable de mourir, epuisee de fatigue, je me couche, je me precipite la tete dans mon cercueil et j'attends, j'appelie la Mort' (18). Touchee par la Mort mais non point morte, dit-elle elle-meme, elle regarde les vivants s'agiter et, ala maniere des matelots de l'Oceano nox de Victor Hugo, elle se voit mourir dans la memoire des vivants: '0 priez pour moi jeunes gens! ne m'oubliez pas, n'oubliez pas vos morts, si seuls et si perdus, errant dans Ie neant et se morfondant, priez pour qu'ils trouvent enfin la paix!' (24) La narratrice verra son souhait exauce: la Mort viendra en effet la chercher. Cliche de salon mortuaire: la mort est plus difficile asupporter pour ceux qui restent que pour ceux qui ont trepasse. Qu'en sait-on au juste? Ce recit de Daniel Gagnon s'immisce au coeur d'une morte qui hurle au dedans d'elle-meme sans fin, d'une morte plus triste et plus seule encore que ne peuvent l'etre les vivants pour qui, au moins, la vie continue. 'Marcher est une necessite vitale. J'actionne Ie reel, je fais defiler les multiples, j'accelere la modification des apparences. Quand je marche, je me projette dans un couloir d'evenements' (14). Ce que Paul Chamberland propose, dans Marcher dans Outremont ou ailleurs (VLB, 106, $12.95), c'est un voyage dans Ie couloir de la vie et des embuches qui Ie jalonnent. Marcher, vivre quoi, c'est s'exposer aI'autre, ason incomprehension, asa morale qui etouffe Ie desir: 'Les singeries de la morale ne menent qu'ala sterilite spirituelle et s'accommodent fort bien du materialisme comptable , de l'animalite la plus morte, mineralisee' (51). 'Qui seme des oiseaux morts sur mon chemin?' s'ecrie Ie marcheur (46). Et la marche dans la vie est en meme temps une marche ala mort: 'J'irai. Je voudrai l'engloutissement vivant dans Ie trou de moi' (27)' 24 LEITERS IN CANADA 1987 Mais de quel genre de recit s'agit-il ici? Marcher dans Outremont ou ailleurs tient du journal en ce qu'il est une notation d'impressions, un 'ghetto des ames' (66). Mais ce serait illusion de croire que Ie marcheur est seuI: P. Chamberland parseme son texte de citations en regard, et sa parole devient solidaire de I'autre, du moins de celui qui rejoint ses propres preoccupations auxquelles renvoie l'echo intertextuel. Et lire ce recit c'est accepter une marche analogue a celIe de la vie: sans savoir vers quel detour la parole nous entraine, sauf la mort. En attendant, une grande souffrance, car 'refuser Ia souffrance, c'est inevitablement I'entretenir ' (75). Du Voyage d'hiver de Jean-Ethier Blais a L'Hiver au coeur (XYZ, 77, $9.95) d'Andre Major, rien d.e commun a premiere vue, hors Ie titre. Cette nouvelle d'A. Major raconte I'histoire d'Antoine et des problemes couran~s vers trente ans, 'quand tout ou a peu pres se mit a alIer de travers' (11). Avec un art condense OU subtilement un certain sourire de I'esprit tempere Ia gravite de la situation, A. Major exprime bien Ie desir d'Antoine de vouloii tout abandonner, de chercher a disparaitre de la carte des humains jusqu'a ce que, ainsi livre a Iui-meme, il renoue avec son enfance. Car, demuni de tout, Antoine redevient curieusement attentif a tout: aux odeurs, aux sons, aux etats d'ame. La quete d'Antoine est celIe d'un salut personnel sans pretention, mais vrai, comme tout Ie recit d'ailleurs: 'C'est ainsi qu'en tentant de rompre avec son passe, il etait revenu sur ses pas, dans la promiscuite des origines, pour tomber amou~eux de quelqu'un qui parlait avec I'accent de son enfance' (57). Mais au debut du recit, il y avait la mort, ou plutot ce desir de mort: Antoine 'se prit a souhaiter tres fort de disparaitre dans Ie paysage qui s'etalait, blanc et fade ...' (14). Amorce a l'ombre de I'hiver et de la mort de I'ame, Ie recit touchant d'Antoine reprend la direction de la vie. Le serpent humain, comme en temoigne I'exergue de Pavese, ne peut se defaire de sa vie passee; la tentation du nihilisme s'efface devant la redecouverte d'un plaisir innocent de vivre, devant la rencontre d'une amie de jadis, Huguette: 'Ce n'etait plus l'hiver qu'il avait au coeur - un hiver qu'il avait cru imperissable - c'etait !'image brftlante d'Huguette, son rire clair, I'extreme douceur de sa peau et cette apparente legerete qu'elle apportait a tout ce qu'elIe touchait mais que dementait parfois son regard de naufragee' (46). La rapidite de I'esquisse d'une situation, la justesse du tort, certes, mais peut-etre avant tout l'art natureI, simple et juste plaira dans ce court texte; au surplus, la recherche de soi du personnage n'a rien d'isole et devrait emouvoir tout lecteur qui n'a pas encore mineralise sa vie, pour reprendre Ie mot de P. Chamberland. Allegeons un peu notre pr

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