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SCIENCES HUMAINES 543 seraient le résultat du goût de juger installé au plus profond de l=organisme, lui-même lié à un désir d=animation et de régénération qui passe par le relais des métaphores affectives. Rencontrer une illustration aussi convaincante de la démarche pluridisciplinaire dans toutes ses possibilités signifiantes s=avère plutôt rare. L=ouvrage de Nycole Paquin, passionnant à plusieurs points de vue, saura assurément intéresser tout lecteur soucieux de comprendre le rapport de l=être humain au monde dans ses multiples facettes cognitives et perceptuelles , émotives et affectives, conscientes et inconscientes, physiologiques et neurobiologiques, sociologiques et anthropologiques, artistiques et créatrices. (CHRISTIANE KÈGLE) Rachel Sauvé, De l=éloge à l=exclusion : les femmes auteurs et leurs préfaciers au XIX e siècle Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 249 p. Souvent laissés pour compte, rejetés comme accessoires ou sans importance, les seuils du texte jouissent depuis quelques années d=un regain d=intérêt. C=est justement aux préfaces de certains textes français (romans, poésie, recueils de pensée, écrits critiques ou historiques) publiés tout au long du XIX e siècle que Rachel Sauvé se consacre dans cette étude exhaustive. Plus précisément, il s=agit d=un corpus de 210 préfaces allographes B celles rédigées par un individu autre que l=auteur du texte préfacé B, dont 171 précèdent des œuvres de femmes et dont les trente-cinq préfaciers * représentent toutes les tendances idéologiques, littéraires et esthétiques du siècle +. Comme ces chiffres le laissent croire, l=analyse de Sauvé est axée sur les préfaces aux textes de femmes qui sont également auteures, statut généralement inaccessible à ces dernières à cette époque. Partant de l=hypothèse que la préface à une œuvre de femme porte l=empreinte du genre sexuel de cette dernière, Sauvé procède non seulement à une étude détaillée de certaines stratégies cognitives et discursives adoptées par les préfaciers, mais aussi à celle du rôle capital que jouent les préfaces du XIX e siècle dans l=établissement du canon, presque exclusivement masculin, et dans l=institution littéraire dans son ensemble. Puisant dans les théories paratextuelles (Genette, Mitterand, Idt), sociocritiques (Angenot, Dubois, Saint-Jacques), féministes (Planté, Slama, Miller) et celles provenant de l=analyse du discours et de la sémiolinguistique (Maingueneau, Charaudeau, Kerbrat-Orecchioni), Sauvé divise son analyse des préfaces selon les quatre ordres d=organisation discursive proposés par Patrick Charaudeau dans Langage et discours : éléments de sémiolinguistique. Le premier ordre, l=appareil énonciatif, implique le fonctionnement du discours enthymématique (chapitre 1), visant à autoriser la préface et à doter son auteur de crédibilité et aussi d=autres stratégies 544 LETTRES CANADIENNES 2000 discursives rendant intelligible le texte préfacé (chapitre 3). Ces stratégies expriment les écarts * que les préfaciers relèvent (et [...] réduisent) entre l=œuvre préfacée et le contexte de lecture où se situe le préfacier en question +. Aux trois types d=écarts ou de marqueurs déjà utilisés par d=autres théoriciens, Sauvé ajoute sa propre catégorie, celles des marqueurs de la diasexualité, qui mettent en relief les écarts communiqués par les préfaciers entre le masculin et le féminin. Sauvé étudie aussi l=appareil argumentatif des préfaces (chapitre 4), qui comprend les stratégies cognitives, les figures de jugement et de raisonnement et les * moyens extra-techniques + (lettres et autres discours cités dans les préfaces), ainsi que l=appareil narratif, qui relève de l=organisation de l=univers du discours, où Sauvé constate un refus de narrativiser le biographique. Le quatrième ordre discursif de Charaudeau, l=appareil rhétorique, fait l=objet d=une longue analyse d=un corpus restreint de vingt préfaces (chapitre 5). Ici, Sauvé empunte certaines notions à la rhétorique et à la sémiolinguistique pour examiner quatre phénomènes discursifs principaux que l=on...

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