In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

450 LETTRES CANADIENNES 1998 moi construit et hallucine, insituable et inconsistant, un moi qui tend ase desincarner tout en restant soumis aux forces du desir. Autrement dit, on distille du desir al'etat pur sans corps, du desit dont I'identite fant6me se voit emportee dans la fragmentation,l'heterogene, l'aleatoire, I'instabilite et l'ephemerite. Dans toutes ces experimentations, qu'elles soient litteraires, artistiques au multimediatiques, ce qui se joue c'est Ie trouble de I'identite ainsi que celui de la frontiere entre la fiction et Ie reeL On peut hesiter comme semble Ie faire Robin entre deux interpretations de cette tendance actuelle a I'autofiction: on peut y voir al'(Euvre un fantasme de toute-puissance (maitriser sa propre definition et son insertion dans Ie monde) au y reconnaitre Ie resultat d'une fragilite identitaire originelle (Ie choix privilegie de l'autofiction par les auteurs juifs pourrait s'expliquer par Ie fait quIen Europe centrale et orientale, les Juifs ont longtemps vecu dans la pseudonymie et Ie fregolisme). Image de pouvoir et signe arrogant d'affirmation de soi? Ou au contraire reflet d'une faiblesse du moi et signe de desarroi devant la perte de reperes identitaires? Abien lire ces experiences d'auteurs, d'artistes et d'internautes, qui sontremarquablement bien presentees ici, c'est plutat c~tte derniere interpretation qui me semble s'imposer, ce pourquoi elles sont aussi ala fois attachantes et perturbantes. Comme Ie demontrent a!'envi les experiences de Gary face al'institution litteraire et celles de Calle sur autrui, nous n'avons pas Ie dernier mot sur notre identite. Le langage des autres nous .definit aussi et quels que puissent etre les reves de toute-puissance des auteurs et artistes sur leur moi, cette dependance est inevitable. On aura voulu faire de Gary un ecrivain juif alors quIll avait repete qu'i! ny tenait pas. On aura etabli de lui W1e image d'ecrivain un peu vieux jeu, image figee qu'il refusait de luimeme . Tous les ecrivains et les artistesl au mains, voient sans cesse leur identite redefinie par Ie babil critique, jusque par-dela leur mort. Pensons aSartre ou Malraux dont Ie biographique futreapproprie et transforme par leurs survivants. Barthes a ecrit de belles pages sur la nature restrictive et souvent agressive, voire mechante de l'Image creee par les autres, Image qui transforme brutalement un moi complexe en une Image-objet limitative. Dans les dernieres de sa vie, i1 exprimait meme Ie vceu quIon se debarrasse de la prison des Images. Il semble que les experiences des internautes realisent ce V(EU jusqu'a un certain pointl mais Ie prix a payer paraH aussi tres eleve. (GAETAN BRULOTTE) Laurence L. Bongie, Sade. A Biographical Essay Chicago & London, The University of Chicago Press, xii-336p., 29$US Laurence L. Bongie's biography of Sade is a welcome reinterpretation of a writer who, in the twentieth century, has achieved a quasi-mythical status. SCIENCES HUMAINES 451 He has been hailed as the champion of liberty, of authentic subjectivity, of democracy; in the words of Guillaume Apollinaire, Sade is 'the freest spirit that ever lived.' Bongie presents us with a rather different picture, and he does this by insisting that in the case of Sade, the author's text cannot be simply or easily separated from his life. For Sade, Bongie argues, I conceiving and doing are one and the same,' so that writing and living spill into each other in ways that cannot, and should not, be ignored. Nor does Bongie consider Sade in any sense a great writer, except for ahnost accidental moments of lucid prose in Sade's prison correspondence. What, then, is left of the divine marquis? What Bongie offers is a fascinating portrait not just of one man, but of a family that embodies both the glories and the horrors of ancien regime culture. Much time is spent on the lives ofboth parents, each of whom represent different facets of a world well on its way to complete dissolution. The father, Jean-Baptiste de Sade, was a minor writer, courtier, notorious rake, and failed diplomat. Constantly hovering on the margins ofpoweclean-Baptiste repeatedly failed to gain...

pdf

Share