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520 LETTRES CANADIENNES 1996 bons auteurs et, en generat il est bien informe. Certes Ie danger de la maniere qu'i} a adoptee est de Ie rendre dependant de l'etat de la recherche ou il l'a trouvee. Quand celIe qui lui sert de fondement est depassee, comrne dans Ie cas de ce qu'il ecrit apropos du tableau attribue au Frere Luc, mais qui pourrait bien ne pas etre de lui, La France apportant fa foi aux Indiens de la Nouvelle France, il risque de tirer de ses lectures des conclusions qui ne correspondent pas au fait. Ainsi il a remarque que Ie passage du Frere Lue au Canadaprecede d'une annee seulement I'arrivee de Frontenac au pays. Le fait paraissait trop beaupour ne pas avoir1aisse quelques traces dans ce tableau. II a cru Ie trouver dans Ie blason qui apparait en poupe du navire adroite, qui ason dire serait Ie blason de Frontenac. Il n'en est rien, comme Robert A. Pichette I'a demontre dans un article de mars 1977 dans Heraldry in Canada. Il 5'agirait plutot du blason de l'obscur Guillaume de Eruc, dont Ie seullien avec Ie Canada etait d'avoir fait partie du groupe des fondateurs de la Compagnie du Morbihan. Dans ce cas precis, les faits viennent troubler la belle ordonnance imaginee par Pierre Karch. Mais ailleurs, il sait tirer des faits connus des conclusions nouvelles et inattendues , comme lorsqu'il parle des avatars du buste du Bernin, representant Ie jeune Louis XIV. Signalons en termmant une lacune dont l'auteur est conscient: la penurie d'illustrations. L'auteur a ete victirne des nouvelles pratiques de droit d'auteur qui sont en train de se generaliser apropos de la reproduction des (Euvres d'art. Ces droits sont si onereux qu'ils decouragent les auteurs d'illustrer leurs livres. Les artistes n'y seront pas gagnants ala longue. On ne voudra plus parler d'eux, quand on ne sera plus capable de payer les droits qu'ils demandent. (FRANC;OIS-MARC GAGNON) Luc Noppen et Lucie K. Morisset, Foi et patrie. Art et architecture des eglises aQuebec Quebec, Les publications du Quebec, Ville de Quebec, Ministere de la Culture et des Communications du Quebec, IX-181 p. Ce petit ouvrage se divise en deux parties: Ie parcours dans l'histoire et Ie parcours dans la ville. La premiere partie est constituee d'une description detaillee de l'etablissement ecclesial a Quebec a travers les siecles, accornpagnee d'une analyse reflechie sur les «tenants et aboutissants, enjeux et participants». La seconde est cornposee dJun parcours dans 1a ville: soixante-dix-neufetablissementssontvisites, comprenantIeSeminaire et l'archeveche, les cathedrales,les eglises et les chapelles, les monasteres, les h6pitauX,les monuments,les musees, etc. Les auteurs precisentque leur" ouvrage n'est pas exhaustif: n/y figurent pas, notamment, les couvents des comrnunautes religieuses. Ce qui est presente s'avere cependant amplement suffisant pour comprendre que les etablissements religieux occupent SCIENCES HUMAINES 521 tme place determinante dans Ie paysage de la capitale quebecoise et contribuent indeniablement ason identite. L'etablissement ecclesial dans la ville ne s'est pas realise, au cours des deux premiers siecles, sans difficultes ni rivalites, tant chez les catholiques que chez les protestants. Cela surprend du cote catholique, compte tenu de l'idee que I'on se fait habituellernent des temps glorieux de la NouvelleFrance . Ce n'est qU'avec la Confederation (et l'affaiblissement de la presence britannique dans I'agglomeration) que «la ville, capitale de la province ecdesiastique et capitale du Quebec,s'erige en bastion de la quete identitaire des Canadiens franc;ais» (d'ou Ie titre Foi et patrie), l'appui de l'Etat qui voit dans l'Eglise catholique et fran<;aise un des fondements de la societe « distincte ». Comme ala meme periode, Montreal, sous l'impulsion de }'« ultramonte», Mgr Bourget, s'alignait sur Rome et les styles architecturaux italiens, on peut comprendre que les tensions qui caracterisent depuis toujours les rapports entre la capitale et la metropole ont des racines multiples. Les auteurs montrent bien que la filiation fran~aise de I'eglise de Quebec a contribue ala preponderance du style classique dans les etablissements ecclesiaux. Cette demiere sera renforcee d'Wle certaine fa<;on par Ie modele palladien de la cathedrale anglicane Holy Trinity, avec ses formes depouillees et son vocabulaire rigoureux, que plusieurs architectes de la ville, dont Ie celebre Thomas Baillarge, interpreteront d'une maniere plus ou moins heureuse. Les soixante-dix-neuf visites proposees s'averent des modeles de concision, offrant au lecteur l'essentiel au sujet de la signification historique , de l'evolution et des qualites architecturales, enfin du patrimoine artistique de chacun des edifices et des monuments retenus. Aun moment ou I'on commence ase preoccuper au Quebec de ce patrimoine religieux, l'ouvrage arrive apoint. n{ournit une analyse pertinente de ce qui 5'est passe dans la ville de Quebec et un inventaire detaille des divers types d'edifices et monuments ecclesiaux. Compte tenu du role determinant que la capitale a rempli dans I'histoire de la societe quebecoise, cette etude a I'avantage de fournir des points de repere et des elements de reference pour comprendre ce qui s'est passe dans les autres regions de la province et pour evaluer la qualite de leur patrirnoine bati de caractere religieux. L'ouvrage n'est pas sans quelques petites faiblesses. II lui manque, notamment, tm ou des plans, de fa<;on a pouvoir situer les edifices et les monuments dans la ville, meme si Ie parcours est decoupe par secteur: Vieux-Quebec, Basse-ville, Le plateau, Limoilou, Duberger, Neufchatel, Les Saules (les personnes etrangeres a la capitale ne sont pas necessairement familieres avec ces secteurs). De meme, si les auteurs signalent avec raison I'importance des etablissements religieux dans Ie paysage de la ville, les 522 LETTRES CANADIENNES 1996 presentations qu'ils en font se lirnitent aux edifices et auxmonuments euxmemes , sans reference a leur contexte urbain ambiant ni au role visuel que ces structures remplissent dans leur environnement. Or la contribution d'un edifice ala qualite de son environnement fait partie intrinseque de sa valeur patrimoniale: la place de rH6tel-de-ville de Quebec, par exernple, n'aurait pas Ie meme caractere ni la meme qualite civique sans la presence de la basilique-cathedrale Notre-Dame. (JEAN-CLAUDE MARSAN) Pierre Perrault, Cineaste de la parole: entretiens avec Paul Warren Montreal,l'Hexagone, 347 p., 29,95$ Le documentaire: contestation et propagande, s. la dir. de Catherine Saouter Montreat XYZ editeur, coll. Documents, 161 p., 15,95$ Deux nouveaux livres sur Ie cinema documentaire: deux fa~ons d'ouvrir Ie dialogue entre cineastes et universitaires (ou entre praticiens et theoriciens, selon la fonnule de CatherineSaouter). L'un presente latranscription d'une joute prolongee entre Pierre Perrault, Ie doyen des documentaristes quebecois du cinema direct et Paul Warren, un ancien professeur d'etudes cinematographiques. L'autrerassemble douze communicationsl distribuees entre quatre «praticiens» et neuf «theoriciens » en tout. Le premier est Ie fruit d'un entretien enregistre en 1993 et diffuse sous forme de douze emissions radiophoniques par Radio-Canada en 1994. Le deuxieme publie les actes d'un coUoque tenu lors du Congres des Societes savantes de 1995. Celui-la fouille en profondeur la reflexion d'unseul artiste mis en face d'un interrogateur uIrique; celui-ci donne un echantillon international de reflexions heterodites. Bien sur, c'est l'entretien entre Pierre Perrault et Paul Warren qui a Ie plus de poids. Et ce n'est pas la simple transcription d'un debat. Les soins meticuleux de Perrault sont legendaires, lui qui transcrit personnellement . tout Ie texte oral de tous les plans tournes de ses documentaires avant d'en commencer Ie tri et Ie montage. Mais si ce texte-ci est passe par Wle mise au point minutieuse avant de voir Ie jour, il n'a den perdu de son caractere d'echange oral. Tout est la: digressions et rappels al'ordre; interruptions et discours enchevetres; reprises de rnetaphores et repetitions d'idees-cles; badinages, plaisanteries, formules de modestie, et parfois des moments d'exasperation. On devait s'y attendre de la part d'un «cineaste de la parole ». lei on assiste al'opposition de deux sensibilites: l'une axee sur Ie vecu populaire, qui est privilegie dans ses films et ses ecrits, et l'autre axee sur l'imaginaire fictif et l'interet que lui portent les chercheurs universitaires. Mais ni Perrault ni Warren ne colle pas tout afait ala sensibilite que l'on pourrait lui accorder. Perrault, Montrealais avec education classique et ...

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