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462 LETTRES CANADIENNES 1996 Le texte de taus ces documents est etabli, transcrit et presente avec Ie plus grand soin diplomatique et philologique. Les corrunentaires detailles en situent avec precision Ie contexte socioculturel, moral, intellectuel et geopolitique. Si, par rapport aux Relations du XVII e siecle,les ecrits de Potier manquent d'originalite, «nous sommes ici», comme Ie dit Toupin «en presenced'une croissance du savoir »:« [L]es ecrits multiples sur 1a langue et les coutumes des Hurons representent un vaste dossier, riche des acquisitions anterieures, mais augmente considerablement »; «[q]uant au lexique du parler et des termes fran<;ais, il est pour les linguistes un butin de haute qualite, d'embIee original». Il est interessant de noter que les materiaux du XVIle siecle laisses, entre autres, parJean de Brebeuf(cf p. 50) sont exploites en Nouvelle-France par Potier, comrile Us Ie seront egalement un peu plus tard en France par l'abbe ]ean-Fran<;ois Feraud dans son Dictionnaire critique de la langue fran~aise (1787). La dette de la lexicographie fran<;aise des XVne-XVIIl e siecles envers les Jesuites est immense. (RUSSON WOOLDRIDGE) Franc;ois-Xavier de Charlevoix, Journal d'un voyage fait par ordre du roi dans ['Amerique septentrionale, tomes I et II Montreat Les Presses de l'Universite de Montreal, colI. Bibliotheque du Nouveau Monde, 1994, 1 112 p., 96$ L'ambitieux projet« Corpus d'editions critiques» s'est enrichi, en 1994, de la publication en deux volumes, apagination continue, du Journal d'un voyagefait par ordre du roi dans l'Amerique septentrionale de Fran-;ois-Xavier de Charlevoix, presente, analyse et conunente par Pierre Berthiaume, professeur titulaire al'Universite d'Ottawa. L'introduction, substantielle et magistrale, extremement fouillee et detaillee, s'attache aux aspects fondamentaux de l'ouvrage, que marquent les sept intertitres: «L'introuvable "mer de l'Ouest" », «Le voyage de Charlevoix», «Resultats de I'enquete »I « Projetd'un corps d'hlstoires du Nouveau Monde », « Composition », «La publication» et «Reception ». . Apres s'etre etendu avec une rare minutie, en historien et geographe hors pair, Berthiaume conclut, en somme, aune sorte de detournement de la mission qui avait ete confiee au pere Charlevoix, a savoir trouver«l'introuvable mer de l'Ouest». Resultats pauvres et decevants, a ce chapitre, observations superficielles, manque de perspicacite du voyageur, bref une expedition ratee qui n'apporte rien de neuf sur Ie sujet. En revanche, sur Ie plan du discours, il faut louer I'habilete du jesuite, imitateur et une peu plagiaire, qui a recolIe les morceaU)( du «patchwork» emprunte ases devanciers (Lafitau et Brebeuf, entre autres), pour produire une sorte de repiquage documentaire sous la forme d'une correspondance SCIENCES HUMAINES 463 (fictive?, note 198, p. 47) de 36 lettres adresses ala duchesse de Lesdiguieres . «A Ia limite, Charlevoix aurait pu ecrire son Journal sans quitter Paris », soutient Ie critique, avec une certaine justesse. «L'excellent homme» se serait-il fait payer un voyage touristique, pourrait-on se demander malicieusement? «Cependant, Ie but de Charlevoix, en faisant paraitre sonJournal ala suite de l'Histoire et description generale de la Nouvelle France, est moins de rapporter les peripeties de son voyage au Canada et en Louisiane que de dresser unbilanexhaustifdes richesses des deux colonies, d'analyser leur developpement, de decrire les mo=urs des Amerindiens, enfin de presenter la faune et la flore americaines», soutient Berthiaume. Si Charlevoix semble plutot nul comme geographe, iI 5'en tire fort honorablement en composant « un amalgame de textes empruntes adifferents auteurs». « On Ie constate, continue Berthiaume, chez lui, l'art drecrir~ est avant tout un art de reecrire les textes ». Le resultat de cette reecriture consiste en tIDe sorte de synthese, fort adroite, des observations des voyageurs et des opinions qu'on se faisait des « Sauvages » d'Amerique d u Nord au milieu dU·XVIUe siecle et constitue« une sorte de testament}) acet egard. Aux plans de la composition et de l'ecriture, Ie Journal comporte des qualites evidentes qu'on ne saurait nier. Ce n'est que plus de vingt ans apres Ie voyage de Charlevoix qU'est publie son Journal, soit en 1744. En ce qui concerne l'etablissement du texte, Berthiaume a procede avec toute la rigueur que s'est imposee la Bibliotheque du Nouveau Monde, en etudiant consciencieusement la langue du Journal, dont il note les variantes (ou variations), incertitudes et «inconsequences orthographiques». Pour ce faire, il s'est livre aI'etude attentive des lettres autographes de Charlevoix, dont 1a calligraphie, cependant, lui apparait « souvent difficile a dechiffrer n. Pour faciliter la lecture, il a apporte quelques modifications graphiques mineures, signalees en page 75. Le texte de base reste « l'edition in-4° que nous reproduisons, avec les variantes de I'edition in-12°, denaturee par des modifications fautives», precise-t-il. Enfin, conformement aux exigences des grandes editions critiques, l'ensernble est complete par une bibliographie impressionnante et par lID index detaille (toutefois, les prenoms n'y apparaissent pas d'une fac;on constante),.« dresse par Pierre Berthiaume et Late Begnon Lawson-Hellu ». Bret une edition superbe et definitive qui rend honneur au critique. (GILLES DORION) Gerard Bouchard, Quelques arpents d'Amirique. Population, economie,jamille au Saguenay! 1838-1971 Montreal, Boreal, 635 p. Depuis 1947, avec l'institutionnalisation du metier! 1a professiormalisation des pratiques a fac;onne profondement Ie recit historien au Quebec. Pour assurer la legitimite de leur discours et pour lui assurer une consonance ...

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