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  • Stratégies climatiques en Europe et au Canada :Une introduction
  • Éloi Laurent (bio)

Ce dossier a pour ambition d'éclairer les enjeux du sommet de Durban sur le climat (28 novembre-9 décembre 2011), en les considérant du point de vue de deux acteurs qui appartiennent à la même catégorie géoéconomique, celle des pays développés, mais qui ont opté pour des stratégies climatiques sensiblement différentes : l'Union européenne et le Canada.

Les négociations internationales sur le climat engagées sous l'égide des Nations Unies, seul cadre qui permette véritablement une action collective efficace au niveau mondial, ont fait peu de progrès depuis la conférence de Bali en décembre 2007 et la publication de la « feuille de route » destinée à aboutir à un accord climatique global qui cadre avec les prévisions de plus en plus inquiétantes du GIEC (voir les rapports d'évaluation publiés en 2007). L'accord conclu à Cancun en décembre 2010 contient de réelles avancées, mais son contenu reste trop vague, même si son grand mérite est d'avoir contribué à réparer le cadre multilatéral onusien sérieusement endommagé à Copenhague en décembre 2009.

Par cet accord, la Communauté internationale réaffirme l'objectif de limiter à 2°C le réchauffement terrestre. Pour les pays développés, est défendue la nécessité d'une nouvelle phase d'engagement sur des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du Protocole de Kyoto. Pour les pays en développement, un système de vérification des émissions tous les deux ans est proposé. La mise en place d'un financement pérenne pour l'adaptation au changement climatique et la réduction des [End Page 5] émissions dans les pays en développement est également confirmée, à hauteur de 30 milliards de dollars d'ici en 2012 et de 100 milliards de dollars par an à compter de 2020. Dans ce but, un « Fonds vert » est créé, dont les sources de financement restent cependant encore à déterminer. S'y ajoute un mécanisme institutionnel destiné à permettre des transferts de technologie entre pays riches et en développement. Un plan d'action contre la déforestation, enfin, est engagé. Ces dispositions sont encourageantes, mais tout ou presque reste à préciser ou à confirmer et il faut surtout, au regard de ce que nous dit une science du climat de plus en plus assurée et alarmante, aller bien au-delà.

Comment faire ? Comment donner corps à un véritable traité international contraignant pour tous les acteurs majeurs du changement climatique susceptible de prendre la suite du Protocole de Kyoto, dont la première phase expire en 2012 ? Le point d'achoppement essentiel, est-il rappelé à chaque réunion internationale, n'est ni le consensus scientifique - désormais écrasant en dépit de manipulations souvent grossières - ni la volonté de lever l'hypothèque climatique qui pèse sur les générations présentes et futures, mais la question de la répartition des efforts et la contradiction supposée de ceux-ci avec le développement économique, qui demeure le but premier des nations. C'est pourquoi il nous est apparu intéressant, dans la perspective transatlantique chère à Tocqueville, de comparer la stratégie climatique de l'Union européenne (UE) et du Canada et de mettre celle-ci en regard du développement économique des deux régions.

Le premier article de ce dossier donne à voir la montée en puissance au cours des deux dernières décennies d'une véritable « préférence européenne pour l'environnement », dont la lutte contre le changement climatique est l'emblème. Pour le dire sans détour, l'UE est devenue au cours des années 1990 et 2000 le leader écologique global, prenant la suite des Etats-Unis qui occupaient cette fonction dans les années 1970 et nulle part ailleurs ce passage de témoin n'est-il aussi sensible que sur le terrain du climat. Mais il faut reconnaître qu'il y...

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