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  • PrésentationEtudes théoriques et empiriques sur la cohésion sociale
  • Michel Forsé (bio) and Simon Langlois (bio)

Le groupe international de recherche Comparative Charting of Social Change a été crée en 1987 à l’initiative d’Henri Mendras pour comparer les tendances de transformation des sociétés représentées par les équipes adhérentes à ce groupe et provenant d’Amérique du Nord ainsi que d’Europe de l’Ouest, du Sud et de l’Est. Dans un premier temps, chaque équipe nationale a publié un livre sur les grandes tendances du changement dans son pays. Puis des analyses comparatives ont été menées pour répondre à des questions comme la convergence ou la divergence entre pays, ou pour comparer les inégalités, l’État-providence, les problèmes de migrations et d’ethnicité ou les transformations sociales comparées à l’échelle des États-Unis et de l’Europe. Chacune de ces recherches a donné lieu à une livre collectif publié dans la collection Comparative Charting of Social Change par McGill-Queen’s University Press (sauf pour le dernier de ces ouvrages, Transatlantic Divide, qui a été publié en 2007 par Oxford University Press). Depuis environ un an et demi, le groupe CCSC a décidé de se donner pour objectif de comparer les problèmes liés à la cohésion sociale dans les différentes sociétés représentées. Ce sont les premières études qui en résultent qui sont publiées dans le dossier qui suit. Il s’agit tout autant de parvenir à une théorie renouvelée que de se livrer à des analyses empiriques, en l’occurrence sur le Canada et l’Italie. D’autres recherches suivront, notamment sur l’Allemagne, l’Espagne et la Grèce.

Une Nouvelle Solidarité Organique

Dans sa thèse classique sur la division du travail social, Émile Durkheim avance que la progression de cette division engendre une nouvelle forme de solidarité – la solidarité organique – caractéristique des sociétés modernes. Pour lui, cette solidarité trouve sa source dans le processus de production, entendu au sens large, en plein développement dans la nouvelle société industrielle de son époque et qui conduit (ou doit conduire) à une inclusion sociale massive par le biais du marché du travail. Or, les choses ont bien changé depuis et les sociétés développées ont été marquées par des tendances qui ont [End Page 7] remis en cause, au moins pour partie, cette forme de solidarité. L’exclusion sociale résultant de la précarité de l’emploi et du chômage, les nouvelles formes d’inégalités, ou encore la diversité croissante des populations, accroissent voire menacent la cohésion sociale. Par ailleurs, pour ce qui est des valeurs partagées, les sociétés font face aux problèmes nouveaux qu’entraîne la diversité. Les formes les plus rigides de communautarisme et la difficile reconnaissance des différences de toute nature, sans parler de la difficulté à gérer les nouveaux conflits sociaux portant les valeurs, la religion ou la culture, se présentent comme des défis pour la cohésion sociale.

Quels sont enjeux communs aux différentes sociétés qui se posent du point de vue de la cohésion sociale ? Comment les sociétés réagissent-elles aux mêmes enjeux ? Et quels sont ceux qui leur sont spécifiques ? On aura reconnu dans ces questions la perspective qui a fait l’originalité des travaux accomplis au sein du programme de comparaisons initié par le groupe Comparative Charting of Social Change. Il a en effet mis en évidence l’existence de tendances singulières typiques de chacune des sociétés développées, mais qui s’affirment en parallèle avec les tendances et les traits qu’elles partagent. Convergence et singularité ne sont donc pas antinomiques, bien loin de là, car si les sociétés développées connaissent bien souvent un destin commun, elles n’en conservent pas moins des particularités et une histoire qui continuent de les distinguer les unes des autres. Ce constat – les lecteurs de cette revue l...

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