Abstract

Dans Morne Câpresse, le Morne—lieu de résistance et d’encrage/ancrage identitaire dans le discours antillais—se mue chez Pineau en un lieu déstabilisant et incertain. Sa dégénération se double non seulement d’une critique du capitalisme, du patriarcat et du colonialisme mais également d’une mise en question des contre-discours idéologiques marxiste, féministe et anticolonial. L’univers dysphorique conçu par l’auteure émerge, à notre avis, d’une écriture intertextuelle et autoréférentielle hyperbolique. Pineau recycle et tourne en dérision les motifs de la littérature (mythologie grecque, utopie, littérature antillaise) tout en posant un regard désenchanté et sceptique sur la société actuelle. La poétique de l’espace antillais, dans ce roman, est spéculaire d’un monde de radicalisation, d’excès, de surexploitation et d’angoisse. Morne Câpresse appelle de la sorte à une réflexion sur ce que l’on pourrait qualifier de “méta-modernité” telle qu’évoquée chez Gilles Lipovetsky (l’hypermodernité), Marc Augé (la surmodernité) et Ulrich Beck (la deuxième modernité).

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