Abstract

Aux suites de la guerre civile qui déchira le Liban de 1975 à 1990, le pays fut frappé d’une amnésie collective scellée par la loi d’amnistie de 1991 et perpétuée par le manquement des gouvernements successifs à promouvoir une commémoration de la guerre et un débat public autour de cette question. Face à l’absence de mémoire officielle, il incomba ainsi à la société civile de briser le silence autour de l’expérience de la guerre et d’en articuler la mémoire. L’objet de ce travail est de démontrer dans quelle mesure le roman d’Elie-Pierre Sabbag, L’Ombre d’une ville (1993), cristallise les préoccupations mémorielles du Liban d’après-guerre, préoccupations que soulève toute sortie de guerre civile et qui s’articulent, dans le récit, autour d’une représentation de la ville de Beyrouth. Il s’agira ainsi d’examiner comment le texte se fait révélateur des stigmates de la société libanaise vis-à-vis de la guerre, tout en se trouvant lui-même pris dans un schéma de représentation sur lequel semble reposer l’enjeu de reconstruction d’une identité nationale.

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