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Reviewed by:
  • Aimé Césaire à l’œuvre
  • Isabelle Constant
Cheymol, Marc et Philippe Ollé-Laprune, coord. Aimé Césaire à l’œuvre. Paris: Éditions des Archives contemporaines, Agence Universitaire de la Francophonie, 2010. ISBN 9782813000408. 270 P.

Ce recueil d’articles est le fruit d’un colloque intitulé “Aimé Césaire à l’œuvre” qui s’est tenu à l’École normale supérieure les 8 et 9 novembre 2008. Marc Cheymol y rappelle l’historique du double projet d’édition des œuvres complètes de Césaire dans la collection Planète Libre, en partenariat avec l’ITEM, l’Institut des textes et manuscrits modernes du CNRS, et l’AUF, l’Agence universitaire de [End Page 293] la Francophonie, et de la publication de ces actes. Bernard Cerquiglini dans son discours d’ouverture, déclare que Césaire avait réussi à être à la fois africain, caribéen, martiniquais et français: “Il se disait Africain avant d’être Martiniquais [. . .] son identité [. . .] d’élu de la République, le rendait français” (3). Très intéressantes pour les étudiants et chercheurs qui étudient notamment le Cahier d’un retour au pays natal, les études de la langue de Césaire de Lambert-Félix Prudent et André Thibault incluses dans ce volume constituent un éclairage précieux. René Hénane, médecin de formation et grand exégète de Césaire, établit le glossaire de l’œuvre complète de Césaire et présente ici son travail. Il note que Césaire est “sûrement le poète le plus difficile de la langue française” (87) et compare l’étendue de sa palette d’écriture à celle de Rabelais. Il indique que contrairement à ce que l’on pouvait croire, Césaire ne crée pas de néologismes et qu’il a pu retrouver tous les mots (hormis deux) qu’il avait utilisés et en retracer l’origine. Les connotations ou sens détournés des mots de Césaire sont ici évalués, disséqués. Par exemple, on apprend que le “cou coupé” est aussi un oiseau. Les archaïsmes, le lexique naturel de la forêt, des animaux, ou de la géologie, comme les termes techniques abondent chez Césaire. Il note aussi une erreur d’édition dans Tropiques, qui, reproduite à chaque édition suivante, fait de la mitte, dont le sens est une “vapeur âcre d’ammoniaque” une mite, l’insecte. Il étudie également les mots en rapport avec leurs sonorités et explique la présence du mot “trilobites” dans “Perdition” par sa consonance évoquant le tambour. Cette analyse lexicologique passionnante de René Hénane lui donne la conviction que “ces poèmes ont tous un sens” (92) et qu’il est du devoir des chercheurs de les élucider sans convoquer l’excuse d’écriture automatique ou d’hermétisme.

L’hermétisme est la principale critique appliquée habituellement à ce poète. Même les discours en français de Césaire impressionnaient les sénateurs de la République comme la population martiniquaise, qui admet souvent n’y avoir rien compris. Lambert-Félix Prudent invalide la supposition de déni du créole qu’on lui a souvent imputée. Il présente dans son article un historique de la critique césairienne sur le sujet de son utilisation ou de son refus du créole. Il y critique vertement la biographie de Confiant Aimé Césaire une traversée paradoxale du siècle et y rend hommage au travail de René Hénane qui met en évidence, grâce à son glossaire, les emprunts au créole comme au grec ou au latin. Il y démontre que la langue de Césaire, singulière et riche, reflète son amour pour la Martinique et l’identité africaine, créole et française des Martiniquais.

André Thibault caresse dans son article l’idée d’écrire un jour un dictionnaire du français des Antilles, relevant les particularités diatopiques, c’est-à-dire régionales, géographiques, de la langue. Dans cette recherche, il remarque la richesse dans ce domaine de certaines œuvres littéraires, comme celles de Zobel, Chamoiseau ou...

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