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  • Afrique subsaharienne
  • Karen Bouwer

Ce sont sans doute les romans des “grands,” des auteurs dont la renommée n’arrête pas de croître, qui attirent tout de suite notre attention: Efoui, Lamko, Nganang, Tchak. Mais la cueillette de ce numéro est riche et variée. Les textes (y compris les deux qui font l’objet de comptes rendus critiques) nous parviennent d’une grande diversité de maisons d’édition: Arcane 17, Gallimard, Mémoire d’encrier, Mercure de France, Obsidiane, Philippe Rey, Riveneuve et Seuil pour les œuvres de création et témoignages et L’Harmattan, Karthala, Lanham (Kentucky), Rodopi, et les Presses Universitaires de l’Indiana et de Virginie pour les ouvrages critiques. Les pays représentés sont le Bénin, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Guinée, le Sénégal, le Tchad et le Togo. Les thèmes de migration, de territoire et d’appartenance figurent de façon significative, surtout dans les analyses des critiques littéraires. La façon dont Cheikh Oumar Kanté est présenté capte bien les jeux d’identités auxquels font face la grande majorité de nos auteurs:

D’éducation et de culture peules malgré un patronyme sosso-mandingue, il se sent “ivoiro-centrafricain” de surcroît et “franco-européen” en raison de nombreuses pérégrinations. Mieux, il s’estime “afro-humain” sans cesser pour autant d’être un “fieffé Guinéen.”

(quatrième de couverture)

Mais sont également présents des méditations sur l’écriture (Lamko et Kanté) et des textes de nature ludique ou autoréférentielle (N’Dongo et Dalodé). Parmi nos “vieux,” Ahmadou Kourouma a été consacré une fois de plus par la parution de son œuvre complète chez Seuil en 2010 et Sony Labou Tansi a fait l’objet de deux ouvrages critiques publiés par L’Harmattan: Sony Labou Tansi: la subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque de Sonia Euzenot-Le Moigne (2010) et Le Rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi de Daniel Matokot (2011).

Parmi les ouvrages critiques, deux portent le nom de John Conteh-Morgan qui est décédé en 2008. Irène d’Almeida et Dominic Thomas rendent hommage à leur collègue en complétant des travaux qu’il n’a pas eu l’occasion de mener à leur fin. [End Page 225]

Œuvres de création

Dalodé, Jacques. Très bonnes nouvelles du Bénin. Paris: Gallimard, 2011.
ISBN 9782070130726. 243 p.

Le quatrième de couverture nous promet qu’à travers les tribulations et mésaventures des personnages “nous découvrons bien des réalités du Bénin, de l’Afrique.” Mais, en fait, ce qui retient notre attention n’est pas la “réalité” socioculturelle d’un ailleurs (car le lecteur ciblé dans cette description est de toute apparence occidental) mais plutôt la capacité de Dalodé de capturer les émotions de ses personnages face aux mobiles et aux actions de leurs concitoyens qu’ils sont incapables de contrôler. C’est l’exaspération du douanier qui s’applique à suivre une logique de plus en plus ruineuse pour se protéger contre les voleurs de son quartier. C’est l’impuissance du protagoniste de la nouvelle au joli titre évocateur “Une silhouette à vélo sur le chemin du baobab” qui se laisse prendre dans une relation inquiétante de dons à payer de retour. Et bien plus. On se demande comment on s’est décidé sur le titre cocasse de ce recueil de nouvelles. Quoi qu’il en soit, on ne peut que conclure que cette collection de “satires bienveillantes” mérite bel et bien l’honneur contenu dans son titre et tient la promesse d’offrir “un grand bonheur de lecture” (quatrième de couverture).

Efoui, Kossi. L’Ombre des choses à venir. Paris: Seuil, 2011.
ISBN 9782020990974. 161 p.

Où sommes-nous? et où allons-nous? resteront des questions sans réponse. Les titres des chapitres n’offrent aucun indice au lecteur avide de points de repère. “Premièrement,” “Deuxièmement” jusqu’à “Douzièmement” suggèrent une succession d’événements, mais en fait le narrateur ne bouge...

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