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Reviewed by:
  • George Sand and Frederick Chopin in Majorca
  • Eve Sourian
Sand, George . George Sand and Frederick Chopin in Majorca. Preface by Luis Ripoll . London: Kegan Paul, 2005. Pp. 196. ISBN 0-7103-1040-4.

Les éditions Kegan Paul viennent de publier une édition en anglais d'une œuvre de George Sand qui parut d'abord dans la Revue des deux mondes en 1841 sous le titre d'Un Hiver au midi de l'EuropeMajorque et les Majorcains, puis en 1842 chez Souverain sous son titre définitif, Un Hiver à Majorque. Toutefois il faut faire exception de la deuxième édition des œuvres complètes publiées par Perrotin en 1843 où cette œuvre est intitulée Les Majorcains. L'édition reproduite dans cette traduction ne comprend pas la notice du 25 août 1855 écrite pour l'édition Hetzel.

Le titre choisi pour cette traduction est George Sand and Frederick Chopin in Majorca. Ce choix peut être justifié puisque l'écrivaine n'a pas vraiment passé l'hiver à Majorque mais une partie de l'automne et un peu plus de la moitié de l'hiver, du 8 novembre 1838 au 13 février 1839. Il peut toutefois paraître surprenant parce que George Sand est très discrète en ce qui concerne Chopin qu'elle ne mentionne jamais par son nom dans le texte; c'est "l'invalide," "quelqu'un de ma famille," "notre malade," "l'un de nous," "notre ami." Cependant, comme le montre fort bien Luis Ripoll dans sa préface, c'est la maladie de Chopin qui a pesé sur tout le séjour à Majorque et qui a déterminé l'attitude de George Sand vis-à-vis des Majorquins qu'elle qualifie de singes et l'île d'"île aux singes."

L'écrivaine en effet se trouve dans un pays sous-développé et colonisé par l'Espagne. Elle se voit donc confrontée à des tracas matériels imprévus étant donné l'absence d'industrie et les droits de douane énormes qui frappent tous les objets. A Majorque on manque de tout. On ne loue rien, on ne vend rien. Les fenêtres n'ont généralement pas de vitres et il faut attendre au moins six mois pour faire les portes, les fenêtres, les lits, les tables, les chaises. Ainsi le piano commandé par Chopin chez Pleyel à Paris n'arrivera que le 21 décembre et il faudra plusieurs semaines de négociations pour faire baisser les droits de douane de 700 F à 400 F. Comme Luis Ripoll le remarque, Majorque en 1838 était un "Finisterre" et y envoyer quelque chose de Paris pouvait prendre un an d'autant plus que les routes et chemins étaient souvent impraticables.

Toutes ces difficultés matérielles étaient affreuses pour Chopin dont la maladie empirait. Dans la Maison du Vent, les pluies ayant commencé, il souffrait de l'humidité, du froid, du manque de cheminée et de poêle et de l'odeur asphyxiante des braseros. Il commença à tousser et fut déclaré phtisique par les médecins espagnols qui savaient [End Page 688] que cette maladie était contagieuse. Le petit groupe devint alors un objet d'épouvante pour la population qui les traita en parias. Or George Sand comme les médecins français à l'époque ne croyait pas à la contagion de la phtisie. Elle ne voyait dans la maladie de Chopin qu'une bronchite qui avait fait place à une sorte de phtisie laryngée. Elle semblait aussi ignorer qu'un édit du 6 octobre 1751 ordonnait la destruction du linge, des meubles et des objets ayant servi aux personnes atteintes de toute maladie contagieuse. Les peines qui menaçaient les contrevenants étaient très graves.

A la grande Chartreuse de Valldemosa, l'écrivaine doit faire face à de nouvelles difficultés posées par la nourriture de Chopin. Celui-ci ne supporte plus ni l'huile d'olive rance, ni la graisse de porc à la base de toute la cuisine majorquine. Il est malade toutes les fois que George Sand ne lui prépare pas ses aliments. Elle ne peut compter sur les servantes qui sont dévotes, paresseuses, gourmandes...

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