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  • Noms de métiers et catégories professionnelles. Acteurs, pratiques, discours (XVe siècle à nos jours) dir. by Georges Hanne et Claire Judde de Larivière
  • Pierre Judet
Georges Hanne et Claire Judde de Larivière (dir.). - Noms de métiers et catégories professionnelles. Acteurs, pratiques, discours (XVe siècle à nos jours). Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail-FRAMESPA, 2010, 370 pages. « Méridiennes ».

Après la remise en question de l’histoire sociale labroussienne, le « tournant critique » des Annales et les travaux de Luc Boltanski, Alain Desrosières et Laurent Thévenot sur les catégories socioprofessionnelles, il n’est plus tant question aujourd’hui pour l’histoire et les autres sciences sociales de légitimer les catégories de description du social que de comprendre le travail de catégorisation. C’est l’objet du colloque tenu à Toulouse les 22, 23 et 24 octobre 2008 sur le thème « Langage du travail, travail du langage. Approche historique de l’identité professionnelle dans les dispositifs de nomination et d’enregistrement des personnes », dont les actes ont été publiés en 2010. Introduit par Georges Hanne, le livre est composé des textes de vingt communications et la conclusion est assurée par Claire Judde de Larivière. Les vingt articles occupent un très vaste champ chronologique, de l’Antiquité classique à aujourd’hui, et se déploient sur un vaste espace géographique, la France d’abord, mais aussi ses voisins européens, y compris l’Europe prise comme un tout, l’URSS ainsi que, plus loin, le diocèse de Guatemala à propos duquel Christophe Belaure s’interroge sur la terminologie de la hiérarchie et des fonctions ecclésiastiques coloniales au XVIIIe siècle. L’approche utilisée le plus souvent est celle d’une microanalyse qui fait appel à des sources variées (rôles fiscaux, recensements, état-civil, registres de métier, dictionnaires, écrits politiques, récits autobiographiques et inscriptions funéraires antiques). La volonté d’interdisciplinarité des organisateurs se manifeste par la présence de l’histoire, de l’ethnologie, de la sociologie, de la statistique critique, mais aussi de la linguistique avec notamment Christof Jeggle et sa « constitution linguistique d’un métier ». La littérature n’est pas oubliée : Joëlle Ginestet, par exemple, [End Page 138] brosse un vaste tableau des métiers en langue occitane dans l’œuvre littéraire de Jean Boudou (1920-1975). Les thématiques sont variées, de l’histoire économique à l’histoire du genre. Jean-Marc Olivier dresse une large fresque de l’histoire de l’industrie horlogère en insistant sur le rôle des processus économiques et techniques dans les nominations professionnelles au sein d’une « fabrique éclatée ». À partir des rôles de capitation du Haut-Languedoc, Christine Dousset montre des femmes enregistrées très majoritairement selon leur situation familiale.

Ce n’est que récemment que les catégories professionnelles, ou plutôt socio-professionnelles, se sont constituées en grille sociale de classement. Cicéron qualifie en effet les métiers d’artisans de sordidi et Sophie Mano note l’existence d’une onomastique servile liée à l’exercice du métier. Pendant longtemps, les noms de métiers sont seulement utilisés comme moyen d’identification par une petite minorité de la population. C’est ce que constate Jean-Louis Dega dans son étude des sources fiscales du XIVe au XVIIe siècle en Rouergue et en Albigeois. Mais il constate également, dans certains cas, l’accroissement de l’utilisation de la mention de métier « lorsqu’elle est source de prestige (notaire, bourgeois, procureur, patricien, etc.) ». L’importance de la pluri-activité et des mobilités est soulignée par José Antonio Salas Ausens et Francisco José Alfaro Perez à propos des listes nominatives à caractère professionnel en Aragon et en Navarre à l’époque moderne. Il faut attendre les Lumières et la Révolution française pour que le travail prenne place au centre de la société. Claire Judde de Larivière souligne la non-linéarité du « processus historique ayant conduit à l’émergence des catégories socioprofessionnelles ». Selon Georges...

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