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  • Une histoire du chômage de l’Antiquité à nos jours by Yves Zoberman
  • Benoit Marsan
Yves Zoberman, Une histoire du chômage de l’Antiquité à nos jours (Paris: Perrin 2011)

Comme l’indique le titre du livre, Yves Zoberman, historien et conseiller culturel au ministère des Affaires étrangères de France, plonge ses lecteurs plusieurs siècles dans le passé afin de retracer les origines du chômage. Pour ce dernier, ce phénomène représente un « mal moderne et contemporain » que l’on retrouve au cœur de la réalité politique, économique et sociale du monde occidental (17). Cet enjeu n’est cependant pas nouveau et [End Page 396] est présent dès l’Antiquité, bien que ses causes et sa perception évoluent et se transforment à travers les siècles.

Le livre, qui totalise 340 pages, se divise en deux parties et est composé d’un total de six chapitres. La première partie, intitulée « L’histoire fait le chômage », débute avec les textes bibliques et couvre la période allant de l’Antiquité à la fin du 18e siècle. L’auteur décrit et analyse les différentes formes de gestion publique et privée des oisifs, vagabonds et autres pauvres, ainsi que les discours publics et religieux qui sous-tendent ces mesures. Ses principales sources sont des textes de loi, les réflexions de témoins historiques (écrivains, personnalités publiques, hommes politiques, mais jamais les sans-travail eux-mêmes), ainsi que les travaux d’économistes, philosophes et autres intellectuels qui se sont intéressés à la question du chômage et du travail à travers les époques.

Pour la période antique, bien qu’il aborde brièvement des exemples grecs et romains, l’auteur se réfère surtout à la Bible… En ce qui concerne la période allant du 13e au 18e siècle, il se concentre avant tout sur la situation en France et en Angleterre. L’auteur attribue un rôle central aux enclosures, qui provoquent un exode rural important, dans l’apparition du chômage de la période. De là découlent d’importantes mesures pour contrer le vagabondage. Les mesures publiques visent dans un premier temps à réhabiliter les pauvres par le travail, notamment à travers les workhouses en Angleterre, ou par l’enfermement dans les hôpitaux généraux en France. Les mesures de gestion des pauvres et des sans-emploi évoluent au cours du 18e siècle, alors que les autorités cherchent plutôt à créer de l’emploi par l’intermédiaire des ateliers de charité ou encore des ateliers nationaux en France.

Pour Zoberman, l’événement qui bouleverse l’histoire du chômage survient en Angleterre en 1795 avec l’adoption du Speenhamland Act. Selon lui, « cette expérience de “capitalisme social” est donc essentielle : elle prouve que l’État peut maintenir un niveau de vie minimum pour chacun sans bouleverser la société » et c’est ainsi que « le chômage indemnisé entre dans l’Histoire » (145).

La deuxième partie de l’ouvrage, intitulée « Le chômage fait l’histoire », couvre les 19e et 20e siècles. Le « chômeur moderne » apparaît officiellement avec les premières statistiques sur le chômage à la fin du 19e siècle, plus précisément en 1896 en France (193). Dès lors s’ensuit une série de débats politiques et économiques sur les causes du chômage et les meilleurs moyens d’y remédier (interventionnisme étatique ou laissez-faire économique).

C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale que l’on découvre le chômage structurel, alors que de nombreux pays sont touchés par la récession du début des années 1920. Dès lors, « tous les experts et les politiques reconnaissent que les problèmes liés au chômage constituent le cœur de la dépression de l’économie mondiale » (221). Pour Zoberman, les institutions internationales sont au centre de ces réflexions. Il s’agit donc de « rationaliser les forces de travail disponibles...

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