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Reviewed by:
  • Brève histoire du régime seigneurial by Benoît Grenier
  • André LaRose
Benoît Grenier, Brève histoire du régime seigneurial (Montréal: Boréal 2012)

La Brève histoire du régime seigneurial de Benoît Grenier est « un ouvrage de base sur une question fondamentale de l’histoire du Québec et s’adresse tant au grand public qu’aux étudiants et chercheurs désireux de mieux comprendre les fondements et l’évolution de l’institution » (25). Cette synthèse paraît dans une collection dans laquelle les auteurs sont appelés à faire le tour d’une question en 250 pages environ, dans un texte dépourvu de notes.

L’ouvrage se divise en six chapitres suivant un plan à la fois chronologique et thématique, et menant des origines européennes de la seigneurie à sa lente extinction au 20e siècle. Il s’ouvre sur cinq cartes — une du territoire seigneurial dans son ensemble et une par région (Montréal, Trois-Rivières, Québec, Est du Québec) —, assorties d’une liste des 271 seigneuries qui y figurent. Il comporte en outre un glossaire de plus de 50 termes relatifs au régime seigneurial ou à des réalités connexes, une bibliographie de plus de 125 titres ainsi qu’un index onomastique.

Au chapitre premier, l’auteur rattache la seigneurie laurentienne à ses origines européennes — et, plus spécialement, françaises — et montre que le modèle implanté en Amérique du Nord est « un modèle parmi d’autres » (33). Il fait ainsi ressortir le lien de continuité qui existe entre la féodalité en Europe et la seigneurie au Canada. Au chapitre 2, il brosse un tableau d’ensemble de la seigneurie en Nouvelle-France qui dépasse la simple nomenclature des droits et devoirs des seigneurs et des censitaires. Il y décrit le rythme des concessions en seigneuries et y explique le rôle de la seigneurie dans l’occupation du territoire, l’aménagement de l’espace et l’organisation de la société. Au chapitre 3, il trace le portrait des seigneurs, tant ecclésiastiques que laïcs — un groupe diversifié dont la composition a évolué dans le temps —, et démolit deux mythes au passage : celui du seigneurdéfricheur et pauvre et celui du seigneur résidant. Au chapitre 4, il explique que le régime seigneurial n’a pas disparu par suite de la Conquête et signale qu’il s’est même durci sous le régime anglais. Au chapitre 5, il analyse les rapports seigneurs-censitaires et se demande si l’harmonie ou les conflits caractérisaient la société seigneuriale. Au chapitre 6, il étudie l’abolition du régime seigneurial, devenu une institution anachronique, ce qui l’amène jusque dans les années 1970. En conclusion, il présente un bilan nuancé de l’institution et montre que de nos jours, elle n’est pas uniquement objet de patrimoine.

Docteur en histoire de l’Université Laval et de l’Université de Rennes-2, Benoît Grenier était particulièrement bien préparé pour dresser le bilan des connaissances sur le régime seigneurial, puisqu’il travaille sur le sujet depuis une quinzaine d’années. Après avoir consacré sa thèse de maîtrise à la veuve Marie-Catherine Peuvret, seigneuresse de Beauport, et sa thèse de doctorat aux seigneurs campagnards de la Nouvelle-France, il poursuit aujourd’hui ses recherches sur les persistances du monde seigneurial au Québec après 1854.

Dans son livre, l’auteur vise à « rendre compte des acquis des dernières décennies, lesquels ont considérablement transformé l’interprétation de l’histoire seigneuriale en plus d’avoir affiné grandement nos connaissances sur le sujet » (24). Il cherche ainsi à « contribuer à saisir la diversité du monde seigneurial au Québec » et à « comprendre l’évolution de cette institution jusqu’au 20e siècle » (25). Ce faisant, il conteste la vision traditionnelle et idyllique de l’institution — celle du « bon seigneur paternel entretenant des relations [End Page 331] cordiales avec les censitaires » (26) —, vision inspirée en grande partie par deux œuvres...

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