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  • Une Modernisation manquée. Port-au-Prince (1915–1956), Vol. 1: Modernisation et centralisation by Georges Eddy Lucien
  • Gerdy Carmelle Gabriel
Une Modernisation manquée. Port-au-Prince (1915–1956), Vol. 1: Modernisation et centralisation. By Georges Eddy Lucien. Port-au-Prince: Editions de l’Université d’État d’Haïti, 2013. ISBN 9-9935-5752-8. 285pp.

Le séisme du 12 janvier 2010 a mis à nu la vulnérabilité de la ville de Port-au-Prince. Dès lors, de nombreuses organisations tant nationales qu’internationales tentent de cibler les causes de cet état de choses et apporter des solutions à travers des politiques urbaines en vue de réaménager Port-au-Prince. Ce qui n’est pas un fait nouveau dans l’histoire de Port-au-Prince. Le livre que nous présentons aujourd’hui, reprise d’une thèse de Georges Eddy Lucien soutenue en 2007 à l’Université de Toulouse-le Mirail, « nous présente une réflexion sur l’historique et les causes » (14) de la situation de Port-au-Prince trois ans avant le séisme. A travers cet ouvrage, Georges Eddy Lucien s’interroge sur « les facteurs qui sont à la base de la forte vulnérabilité de Port-au-Prince » (15). Il fait donc l’historique de l’évolution de la ville de Port-au-Prince pour comprendre la situation actuelle de cette ville-capitale : une cité non modernisée et très vulnérable.

Pour le faire, il propose une analyse de Port-au-Prince de 1915 (date qui correspond à une « accélération de la croissance de la capitale » et qui « coïncide avec le début de l’occupation américaine ») à 1956 (date qui « inaugure une nouvelle période politique marquée par les élections devant conduire François Duvalier au pouvoir ») (25). Cette thèse développe en deux volumes. Dans le premier volume ce qui est présenté ici, l’auteur traite des années de l’occupation, marquées par l’échec des tentatives de modernisation de la capitale. Le terme de modernité, cité ici, est à prendre dans un sens général « la nécessité du partage du pouvoir entre l’exécutif et le législatif, la gestion saine des deniers publics, la professionnalisation de l’armée . . . » (22). Cette analyse de l’évolution de Port-au-Prince est aussi placée dans le contexte international de cette époque marquée par la montée de l’impérialisme américain dans la Caraïbe.

A travers cette étude, Lucien met en évidence le processus qui a conduit à la mise en place de l’axe Washington/capitale/provinces avec le poids grandiloquent de la capitale. Il essaie de comprendre « comment une métropole peut monstrueusement dévorer le reste du pays, ses ressources en hommes et capitaux » (16). Pour Lucien, cette centralisation a donc [End Page 204] entrainé la décadence des villes de province qui au XIXème siècle étaient des concurrentes de Port-au-Prince. On peut opposer à cette thèse, celle d’Edmond Lauture dans sa monographie, Jacmel : Grandeur et décadence (1) qui explique la décadence de la ville de Jacmel par différentes catastrophes qui surviennent à la fin du XIXème siècle. (Insurrections, incendies, etc.)

Dans ce premier volume, trois grands points sont abordés : premièrement, Lucien pointe les politiques urbaines des dirigeants haïtiens et américains au profit de la capitale, pendant l’occupation. Cette thèse avait déjà été développée par Georges Corvington (2) dans une de ses monographies sur la capitale. Pour Lucien, les politiques urbaines menées à l’époque laissent transparaitre plusieurs thèmes « une modernisation souhaitée et nécessaire de la ville ; celui de la ville-capitale comme lieu de pouvoir, de gestion et enfin celui de la « crise urbaine » (21) ; deuxièmement, l’auteur traite des conséquences de ces politiques sur l’évolution de la capitale et du reste du pays (« le replacement de la capitale au cœur du développement du pays à partir de 1915 entraine un glissement d’échelle. La capitale semble se confondre avec le pays » [22]) et...

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