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  • Nécessaires tentacules: Questions disciplinaires sur l’objet “environnement”
  • Dominique Perron
Environnement et sciences sociales : les défis de l’interdisciplinarité, sous la direction de Corinne Gendron et Jean-Guy Vaillancourt, Presses de l’Université Laval, 2007, 432 p.

« Nous posons d’emblée, (…….), que les recherches environnementales ne peuvent trouver de réponse complète au sein d’une discipline particulière. L’environnement est sans conteste cet objet tentaculaire qui guide la réflexion interdisciplinaire dont il est partout fait l’apologie ».

(p. 133).

Cet axiome, posé par Nathalie Lewis et Jean Paul Deléage, peut constituer l’énoncé programmatique du collectif Environnement et sciences sociales, dans lequel des chercheurs français et québécois ont fait converger leur réflexion sur la question de l’objet « environnement » et de ses divers modes d’appréhension par le social, le politique, l’économique, et même dans une certaine mesure, le discursif. Cet ouvrage, de haute qualité, se veut une synthèse des questions génériques relatives à notre entendement, ou plutôt, à l’histoire de nos différents entendements de l’environnement par le biais de diverses grilles proposées par les sciences sociales.

On conçoit dès lors que ce projet d’une mise à l’épreuve du concept d’environnement face aux questions posées par l’économie, le politique, la sociologie et la culture au sens large, nécessite de nombreuses définitions et recontextualisations sémantiques en ce qui a trait précisément à la construction sociale, à la nature et à l’environnement.

Ainsi est interrogée plus avant, comme elle est d’ailleurs critiquée, l’idée traditionnelle de la dichotomie « Homme-Nature » sous la plume de Bernard Picon, dans son étude sur les diverses valeurs socio-historiques associées au « Delta du Rhône » dans les diverses perceptions culturelles qui ont médiatisé sa perception historique. Cette première étude donne le ton à l’ensemble des textes qui suivent dans le recueil, par l’ampleur de la réflexion qui est accordée à la question des idéologies, des représentations et des valeurs symboliques, lesquelles sont centrales à une constitution d’une sociologie de l’environnement. Car c’est bien de cela qu’il s’agit au terme de la confrontation [End Page 197] de l’objet « environnement » avec la sociologie comme science : comment rendre compte du fait que l’environnement, dans son acceptabilité générale et dans ses rapports avec le « monde » ne peut être complètement appréhendé que dans la mesure où il est investi de tous les enjeux qui permettent justement sa circulation comme idéation dépassant les limites notionnelles que lui imposent les sciences plus empiriques : biologie, physique, chimie, géographie, etc. C’est en cela que l’auteur de cette première étude à partir du cas d’espèce du Rhône saisi par la double appréhension d’un espace à la fois environnemental et social, établit ce qui est central à la démarche de réflexion collective posé par l’ensemble du recueil : à savoir la question de l’épistémologie qui préside aux relations entre l’environnement et les autres champs de recherche.

C’est pourquoi l’analyse suivante de Benoît Lévesque sur les approches économiques du concept tant galvaudé de « développement durable » conforte le projet dans sa logique analytique et dans sa quête épistémologique : la saisie effective par l’économie des questions environnementales et de leurs diverses représentations. Tout en établissant un historique des différents modes de relations entre l’économie et le social, Lévesque nous conduit vite, au terme de cette évolution, à un stade extrême où la logique économique se heurte à une compréhension du monde marquée par une constante « montée des risques et multiplication des catastrophes » devant laquelle le mode de rationalisation technique et scientifique est mis en échec. C’est ainsi que l’économie et la politique doivent internaliser, dans leur processus de légitimation et de projection sur l’avenir, les questions environnementales et leurs dimensions éminemment sociales, et leur conférer une politisation et une valeur économique, qui sont une illustration supplémentaire...

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