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Reviewed by:
  • Syntactic Borrowing in Contemporary French: A Linguistic Analysis of News Translation
  • Michèle Vincent
Syntactic Borrowing in Contemporary French: A Linguistic Analysis of News Translation. By Mairi McLaughlin. (Research Monographs in French Studies, 30). Oxford: Legenda, 2011. xii + 136 pp.

L'existence d'une influence de l'anglais sur la syntaxe du français a fait l'objet de nombreuses discussions qui jusqu'à présent étaient infondées. Dans cet ouvrage, Mairi McLaughlin propose pour la première fois une étude rigoureuse sur l'emprunt syntaxique en français contemporain, en s'intéressant particulièrement au processus de transmission des éléments empruntés. Le canal de transmission choisi dans cette étude est celui de la traduction de textes journalistiques, et l'objectif principal de l'auteure est de déterminer si ce type de traduction provoque l'emprunt de structures syntaxiques de l'anglais en français contemporain, comme il l'a souvent été suggéré. Elle évalue par la suite les implications de tels emprunts pour l'évolution de la langue française mais aussi pour les théories du contact des langues et de la traduction. Cet ouvrage se démarque ainsi par sa portée pluridisciplinaire. L'étude, inspirée par Kimberley Farrar ('Explanations for Word Order Change in Modern German', Zeitschrift für Dialektologie und Linguistik, 66.1 (1999), 1-30) et menée dans une grande agence de presse internationale, repose sur trois types de données, à savoir des notes de l'auteure sur le processus de traduction, des données personnelles sur les journalistes, et un corpus élaboré à partir de communiqués de presse en anglais accompagnés de leur traduction française. Grâce à ce dernier, l'auteure examine dans trois chapitres successifs l'emploi de l'adjectif, du passif et des formes verbales en -ant. Pour chaque construction, McLaughlin teste différentes hypothèses et une série de facteurs indépendants tels que la vitesse de traduction. Les résultats révèlent la présence d'une influence de l'anglais sur la syntaxe du français confirmant ainsi que la traduction est une source de changement linguistique. En outre, plus la vitesse et le volume de traduction augmentent, plus l'influence syntaxique est présente. McLaughlin signale également le rôle-clé de l'emprunt sélectif (affectant les propriétés de constructions existantes) qui peut aboutir à l'emprunt global (perte ou introduction d'une construction). Si aucune nouvelle construction n'a été relevée dans ce corpus, ce dernier suggère que certaines structures passives et le gérondif pourraient disparaître du français contemporain si la tendance observée dans le corpus se diffusait. Concernant les facteurs impliqués dans le contact des langues, l'auteur prône une approche 'multicausale' selon laquelle ceux-ci sont à la fois linguistiques et sociaux. Enfin, elle soutient qu'une caractéristique récurrente de la traduction est la sous-représentation de certaines structures de la langue cible alors que l'influence syntaxique en est sans doute un aspect universel. Comme le souligne l'auteure, cette seule étude ne suffit pas à tirer de conclusions définitives quant à [End Page 594] l'étendue de l'influence de l'anglais sur la syntaxe du français. Pour cela d'autres constructions et canaux de diffusions doivent être étudiés. Cependant, cet ouvrage ouvre la voie en proposant une méthode rigoureuse se démarquant des généralisations infondées et parfois erronées sur l'emprunt syntaxique en français (notamment concernant l'emploi de l'adjectif). En somme, cet ouvrage est très convaincant par sa rigueur (méthodologie, présence de graphiques), son aspect novateur et sa clarté. Il peut servir de référence aux chercheurs et doctorants de diverses disciplines telles que l'évolution du français contemporain, le contact des langues (en particulier la transmission de l'emprunt syntaxique) ou la traduction. [End Page 595]

Michèle Vincent
The Ohio State University
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