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Reviewed by:
  • Sensibility, Reading and Illustration: Spectacles and Signs in Graffigny, Marivaux and Rousseau
  • Florence Magnot-Ogilvy
Sensibility, Reading and Illustration: Spectacles and Signs in Graffigny, Marivaux and Rousseau. By Ann Lewis. Oxford: Legenda. 2009. xviii + 292 pp. Hb £45.00; $89.50.

Ann Lewis met en rapport trois questions distinctes mais étroitement liées: le thème de la sensibilité dans la fiction, la question de la réception et le rapport entre signe visuel et signe verbal au dix-huitième siècle. Le premier chapitre est consacré à la définition de la ‘sensibilité’, omniprésente et mal définie, au dix-huitième siècle comme aujourd’hui. Les trois chapitres suivants portent chacun sur un roman majeur de l’époque, sans suivre l’ordre chronologique mais en faisant varier à chaque fois l’angle d’approche et le type de spectacles pris en compte. D’abord (chapitre 2)est étudié le rapport entre des formes non verbales de communication et la représentation d’expériences esthétiques dans les Lettres d’une Péruvienne de Mme de Graffigny. Le chapitre 3 s’intéresse aux relations entre pitié, amour et érotisme dans La Vie de Marianne de Marivaux et à leurs ambiguïtés, en mettant ce dispositif en rapport avec d’autres romans de la même époque; il se clôt par une analyse des différentes illustrations, en rapport avec le thème de la bienfaisance et en abordant la question passionnante du contresens ou des mauvaises lectures dont témoigneraient les illustrations et la mise en images. Ce chapitre comporte un grand nombre d’analyses éclairantes sur les différentes illustrations de La Vie de Marianne, dans les versions originales et dans les éditions de traductions en anglais, en montrant aussi quels types de lecture et de sensibilité sont privilégiés à travers le choix des épisodes illustrés. L’un des apports de [End Page 245] l’ouvrage est d’articuler les scènes et tableaux présents dans la narration avec la manière dont les textes ont fait l’objet d’une traduction visuelle qui était en quelque sorte programmée dans le texte. Lewis donne une étude exhaustive des illustrations du roman de Marivaux du dix-huitième siècle jusqu’à l’édition illustrée de 1953 et aborde la passionnante question de l’interprétation — potentiellement erronée — du texte par son illustration. Elle étudie notamment la manière dont les illustrations érotisant La Vie de Marianne peuvent être interprétées soit comme la récupération du texte dans le cadre d’une mise en série commerciale libertine, soit comme une lecture qui, en s’appuyant sur des indices présents dans le texte, brouille les artificielles frontières entre textes sensibles et textes libertins ou érotiques en faisant de la pitié pour le corps souffrant un ressort érotique privilégié (ce qui a été repéré, par d’autres approches, par René Démoris et Robin Howells). Le quatrième (et dernier) chapitre analyse la fonction des scènes sentimentales et visuelles dans la Nouvelle Héloïse en montrant comment elles initient des lectures explicitement interdites par l’auteur, parce que fragmentaires et/ou rétrospectives. Lewis montre non seulement que la confrontation des lectures des critiques et des illustrateurs se poursuit jusqu’à aujourd’hui, mais encore qu’elle fait partie de l’effet spécifique du ‘roman sensible’, dont le genre est ici reconsidéré sous un angle nouveau. Précis, bien informé et solidement documenté, l’ouvrage constitue un apport précieux et stimulant aux recherches sur l’illustration romanesque auquel il articule une réflexion intéressante sur le genre et la réception du roman sensible.

Florence Magnot-Ogilvy
Université Paul-Valéry, Montpellier 3
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