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  • Carrefours de la sociocritique
  • Manuel Bragança
Carrefours de la sociocritique. Édité par Anthony Glinoer. (=Texte: revue de critique et de théorie littéraire, 45/46). Toronto: Éditions Trintexte, 2009. 227 pp. Pb CAD $35.00.

Ce numéro double de la revue Texte se propose de faire le point sur la sociocritique, une approche du fait littéraire qui s’est considérablement développée depuis les années 1970 mais dont l’unité reste difficile à cerner. Le titre de ce volume est particulièrement bien choisi puisqu’il indique à la fois le refus (et sans doute l’impossibilité) de poser une définition unitaire de cette approche littéraire tout en affirmant aussi son dynamisme et les passerelles qui les relient entre elles ou avec d’autres disciplines. On peut classifier les différents chapitres en trois groupes. Un premier groupe expose les approches sociocritiques les plus connues. C’est d’abord Edmond Cros qui mêle sociocritique et psychanalyse, en interrogeant les silences de Guzmán de Alfarache de Mateo Alémán. Dans une perspective à la fois linguistique et sémiotique, Pierre Zima s’intéresse lui à la polysémie du texte et à son idéologie sous-jacente, reprenant notamment certaines conclusions de ses travaux antérieurs sur Proust, Sartre et Camus. Jacques Dubois interroge ensuite ce qu’il appelle le ‘refoulé’ que révèle souvent les personnages secondaires, jetant un pont entre les sciences sociales et le roman qui dévoile la réalité tout en la masquant. Un deuxième groupe de contributions s’intéresse surtout à l’épistémologie, au positionnement et même à la légitimité de la sociocritique. Avouant d’abord ses doutes quant à l’unité de la sociocritique qui serait peut-être davantage une praxis constituée autour de personnes qu’une discipline, Alain Vaillant suggère ensuite d’intéressantes pistes de réflexion pour une poétique historique de la communication. Trois articles de Marc Angenot, de Jean-Pierre Esquenazi et de Ruth Amossy s’interrogent alors sur les modalités et logiques changeantes dans le temps de la réception de tout texte, quand Anna Boschetti nous rappelle que ce sont moins des facteurs scientifiques qu’historiques et sociaux qui fondent les disciplines. Un dernier groupe d’articles décrit certaines approches plus contemporaines de la [End Page 125] sociocritique: Rainier Grutman retrace ce qu’il appelle le ‘virage social’ de la traduction, c’est-à-dire le passage de la traduction comme objet sociologique à une ‘sociologie de la traduction’; Jérôme Meizoz revient sur le développement récent et les enjeux de l’approche ‘ethnocritique’ qui se concentre sur ‘la mise en forme des contenus refoulés de la culture dominante’; le groupe GREMLIN expose sa propre conception de la sociocritique, une approche interdisciplinaire qui doit s’assumer comme telle pour profiter pleinement d’outils méthodologiques élaborés par des disciplines connexes; Chantal Savoie suggère quelques pistes méthodologiques pour une sociopoétique historiques des pratiques littéraires des femmes; enfin, Anneliese Depoux s’interroge sur la réception du fait littéraire lorsqu’il est détaché de son support livresque, en prenant comme exemples l’opération ‘des rimes en vers et en bleu’ du métro parisien et l’affichage de courtes citations dans la station Bibliothèque François Mitterrand. La force de ce volume est qu’il n’est ni purement théorique ni une simple suite d’études de cas. Presque chaque chapitre illustre une approche spécifique par une étude de cas qui en facilite grandement la lecture et la compréhension. L’extrême variété des chapitres que nous n’avons pu que survoler témoigne de la vitalité des approches sociocritiques qui, malgré leur dispersion, trouvent bien leur unité dans leur double ambition de ‘lire le social à travers le texte’ et de ‘lire le texte à travers le social’ (quatrième de couverture).

Manuel Bragança
University of Manchester
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