Abstract

L'expression récit de voyage peut laisser présupposer un mode discursif dominant, celui de la narration. Cependant, dans le genre viatique du seizième au dix-huitième siècle, la narration se conjuguait constamment avec un deuxième mode discursif, que certains critiques ont appelé l'inventaire ou la description. Reste pourtant à mettre en évidence une autre dimension de ce mode non-narratif — la collection. Tout en étant intimement liée à la description et à l'inventaire, la collection ne leur était pas coextensive. De nombreux textes viatiques se présentaient à divers niveaux comme des collections. La collecte était en effet dans ces relations l'un des modes fondamentaux de production et d'organisation du savoir. Celles-ci ne se contentaient pas de retracer l'itiné raire du voyageur, mais elles permettaient de donner à voir les lieux parcourus à travers le prisme de la collection. Ce phénomène a pris toute son ampleur à une époque caractérisée par l'essor de la collection d'objets matériels comme pratique sociale ou philosophique en Europe, et particulièrement célèbre pour ses innombrables cabinets. De plus, cette pratique matérielle alimentait (ou, réciproquement, était alimentée par) des emplois métaphoriques de la notion de collection dans des discours très diversifiés, dont les relations de voyage.

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