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  • Le Voyage français en Italie: actes du Colloque international de Capitolo-Monopoli, 11–12 mai 2007
  • Jean-Yves Laurichesse
Le Voyage français en Italie: actes du Colloque international de Capitolo-Monopoli, 11–12 mai 2007. Sous la direction de Giovanni Dotoli. (Biblioteca della recerca, Mentalità e scrittura, 30). Fasano: Schena; Paris: Éditions Lanore, 2007. 256 pp. Pb €30.00.

Ce volume réunit quinze textes issus du Colloque de Capitolo-Monopoli en 2007. Les auteurs, italiens pour la plupart, interrogent le regard des voyageurs français sur leur pays à travers les siècles. Dans le texte liminaire, Giovanni Dotoli dresse une première cartographie, à la fois savante et poétique, de ce 'jardin d'Italie' qui a tant fait rêver les voyageurs français. Puis le volume s'organise en un parcours historique, de la Renaissance au vingtième siècle, permettant de saisir l'évolution des mentalités. Les premiers voyages en Italie ne sont pas d'agrément, mais de pèlerinage ou 'de service' (apprentissage, diplomatie), c'est-à-dire utiles au plan spirituel ou temporel (C. Cavallini). Les conditions matérielles sont difficiles, et il n'est pas rare de rencontrer brigands et même pirates, ou d'être mis en quarantaine, ces mésaventures devenant vite des topoï de tout récit de voyage (F. Brizay). Le philosophe libertin Gabriel Naudé est séduit par un pays où l'incrédulité se dissimule habilement sous le respect apparent de la religion, mais se passionne aussi pour l'éruption du Vésuve, dont il rend compte avec précision (M. Leopizzi). Vers la fin du dix-huitième siècle, Mme de Genlis fait le voyage d'Italie dans l'entourage de la duchesse de Chartres, voyage de cour et d'agrément, qui révèle une grande sensibilitéà la beauté des sites, quelques années avant les chemins amers de l'émigration (G. Fabbricino Trivellini). Avec le Romantisme et ses voyageurs 'excentriques', la bibliothèque envahit le récit de voyage, qui éclate en souvenirs littéraires et impressions décousues (M. T. Puleio). Chez le jeune Tocqueville, cependant, l'impression suscite déjàla réflexion sociale, économique et politique sur l'état de la Sicile (S. Cutuli). Sur l'autre versant du dix-neuvième siècle, Charles Cros parcourt en poète-amant une Italie sensuelle, pays du 'baiser perpétuel' (G.-A. Bertozzi), tandis que Louise Colet, égérie de Flaubert, se passionne en femme libre pour l'énergie patriotique incarnée par Garibaldi (A. A. Stampacchia). Le mythe de Naples persiste dans les années 20 du vingtième siècle, mais le regard d'un Walter Benjamin se fait plus aigu, qui discerne la 'porosité' fondamentale de la cité, entre la nature, l'architecture et les hommes (P. Placella). Le rapport à l'Italie devient ambigu, quand Mussolini exalte une 'Italie nouvelle' dans laquelle les voyageurs français ne reconnaissent plus leur Italie rêvée (P. Salerni). Après la guerre, le tourisme de masse réactive mythes et poncifs d'une Italie éternelle qui n'est autre que celle des voyageurs du dix-neuvième siècle (A. Brudo), sauf chez des écrivains de l'ampleur d'un Gracq [End Page 283] ou d'un Giono: le premier osant écrire son rapport réticent à la Ville Éternelle pour, en la démythifiant, s'approcher davantage peut-être de sa vérité (F. Proïa), le second assumant pleinement au contraire, mais non sans une large part de jeu, une Italie littéraire et intérieure (F. Pellegrini). Quant à Dominique Fernandez, il reconduit dans le vingtième siècle finissant la fascination de la Sicile, tout en la renouvelant par l'intérêt particulier qu'il porte à la polyphonie contrastée des voix humaines. L'ouvrage intéressera donc tous ceux qui veulent reparcourir la longue histoire du voyage d'Italie, à travers des jalons qui ne sont pas les plus attendus, et sous le regard de ceux-làmême dont le pays est l'objet d'un si persistant tropisme.

Jean-Yves Laurichesse
Université de Toulouse II-Le Mirail

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