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  • Reading Bande Dessinée: Critical Approaches to French-language Comic Strip
  • Catherine Simon
Reading Bande Dessinée: Critical Approaches to French-language Comic Strip. By A. Miller. Bristol, Intellect Books, 2008. 304 pp. Hb £19.95.

Un ouvrage consacréau 9e Art est toujours bon àacquérir, celui-ci l’est en particulier. Ann Miller souhaite ici offrir au lecteur, amateur ou confirmé, une grille de lecture méthodologique approfondie de la bande dessinée contemporaine francophone. À cette fin, le découpage de son ouvrage, adapté à un lectorat anglo-saxon puisque telle en est la visée, suit rigoureusement un axe historique, analytique, disciplinaire et thématique. En retraçant son histoire, Miller permet de cerner jusque dans leurs entrelacs les enjeux du medium depuis les impératifs mercantiles jusqu’aux grandes lignes théoriques, en passant par différentes sensibilités créatives. Ce faisant, elle explique en quoi la légitimité culturelle de ce support demeure toujours en attente. Puis elle explore la bande dessinée sous une couture principalement analytique. Le lecteur conçoit alors les tenants et les aboutissants de l’image d’un point de vue conceptuel, narratif et stylistique en relation avec la construction de sens. A cet égard, la section consacrée au postmodernisme illustre ce point de manière très convaincante, permettant d’obtenir une description aboutie de la BD. Miller ouvre subséquemment des pistes de recherches susceptibles d’être explorées plus en détail. Les aspects rhétoriques et esthétiques constituent le ferment de la troisième section. L’auteur y démontre que le discours sous-jacent des œuvres permet de saisir une société dans son devenir en termes d’identités en formation et de classes sociales, tout en s’appuyant pertinemment sur Astérix, Superdupont et les œuvres de J. Tardi. Enfin, la dernière partie de l’ouvrage est consacrée à la question de la subjectivité sous l’égide de psychanalyse, de l’écriture personnelle et du genre. En cela Tintin et Persepolis constituent d’excellentes références. En démontant ainsi un àun les mécanismes de la bande dessinée, Miller démontre comment ce support unique fonctionne au diapason avec la politique, l’économie, les sciences sociales mais aussi la littérature ou le cinéma des sociétés dont il est issu; en somme, le lecteur accède autant aux bandes dessinées qu’aux cultures qui les soustendent. Le solide réseau de références sur lequel s’appuient les dispositifs explicatifs de Miller le prouve. Barthes, Bourdieu, Derrida, Freud, sans compter Groensteen, Peeters. . . Certes, l’analyse, pour des raisons didactiques, ne sort pas des sentiers battus mais elle reste dans l’esprit du livre: incontournable. On pourrait également regretter le manque d’illustration, et Miller le fait la première. Cependant, le détail de ses explications pallie sans difficulté à cette insuffisance. D’ailleurs, les grandes forces de Miller, outre son écriture limpide, lucide et passionnée, résident dans la connaissance et le recul critique adopté face aux discours adressés au medium ainsi qu’à l’abondance des références bédéesques qui jalonnent chaque page sans discrimination aucune. Il faut ajouter àcela un degré [End Page 124] pousséd’analyse de l’image, la pertinence du propos, la richesse conceptuelle ainsi que la logique argumentative. On s’aperçoit alors que l’accent mis dans le titre sur l’exercice des différents niveaux de lecture dans l’approche du medium est justifié puisqu’il contient les clefs d’une analyse juste, savante et efficace. L’auteur remplit ainsi son contrat en offrant une lecture aussi éclairante qu’agréable.

Catherine Simon
Royal Holloway, University of London
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