France from 1851 to the Present: Universalism in Crisis (review)

Au-delà du solide discours intellectuel qu'il propose, l'ouvrage de Roger Celestin et Eliane DalMolin constitue la première tentative convaincante de s'adapter aux deux directions prises par les études françaises aux Etats-Unis depuis les années 1990: l'étiolement des inscriptions dans les cours enseignés en langue française et la multiplication simultanée—quoique plus lente—de cours en anglais consacrés à la France; et deuxième phénomène, le développement des études culturelles.

Le livre présente l'histoire culturelle de la France autour de la notion d'universalisme. Il associe au texte de présentation des événements culturels importants une série de dossiers qui les illustrent, favorisant un type d'enseignement interactif et inductif, fondé sur une présentation magistrale du sujet traité mais aussi sur une découverte directe de documents authentiques et de sources originales.

Le développement des études francophones aux Etats-Unis et l'intérêt qu'elles suscitent chez les étudiants témoigne bien du fait que le prestige de la France et de sa "haute culture" ne constitue qu'un aspect de ce qui les captive. Si le livre de Celestin et DalMolin rend compte d'une France du luxe et de la diplomatie qui fascine toujours, il aborde également la France contemporaine dans sa dimension multiculturelle, une problématique familière aux jeunes américains. Grâce à l'approche culturelle adoptée, France from 1851 to the present: Universalism in Crisis donne à voir une France complexe: les faits historiques traditionnels se voient consacrer la part qui leur est due mais sans avoir l'exclusivité puisque la culture populaire et ses stéréotypes retiennent aussi l'attention des auteurs.

Le livre se compose de deux parties, qui correspondent au domaine de compétence des auteurs: la période 1851–1944 ("Universalism Triumphant") pour Eliane DalMolin et celle qui s'étend de 1945 au présent ("The French Decline?") pour Roger Célestin. Chaque partie comprend cinq chapitres organisés chronologiquement, qui offrent à la fois des synthèses factuelles sur les grands développements durant la période considérée et foison de documents qui en témoignent. Par exemple, dans le deuxième chapitre de la première partie, intitulé "Scandal and Innovation in the Third Republic (1871–1899)," les dossiers, intercalés entre les synthèses d'Eliane DalMolin, sont choisis de sorte à faire dialoguer entre elles les multiples facettes de la vie en France. Plutôt que de donner à lire un discours politique de Jules Ferry dans le dossier qui suit la partie sur la réforme de l'éducation, un extrait de La Gloire de mon père est choisi, ce qui permet de découvrir la représentation littéraire de la politique éducative française de l'époque. Les échos entre la politique intérieure et extérieure sont habilement soulignés. Ainsi, on découvre après la section sur la colonisation un dossier intitulé "Jules Ferry, the Tonkinese" qui présente l'homme à travers son point de vue sur la politique extérieure de la France. Grace à un tel choix pour le dossier, le sentiment d'une cohérence culturelle se développe naturellement chez le lecteur.

Les mêmes qualités sont présentes dans la deuxième partie du livre rédigée par Roger Celestin. Dans le dernier chapitre intitulé "The Republic in the Third Millenium (1995 to the present)," la confrontation des discours enrichit le contenu plus didactique de l'ouvrage. L'auteur fait dialoguer entre eux plusieurs discours sur la globalisation: un extrait avec José Bové donne forme à la problématique dans le domaine agricole et entre en résonance avec un texte romanesque de Michel Houellebecq sur l'économie libérale et la passivité idéologique face au consumérisme. La section portant sur le féminisme expose les évolutions de la condition f...