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  • Éditorial: « L’égalité n’est pas une norme élevée » Patricia Monture: 1958–2010
  • Sherene Razack (bio)

Profondément fière d’être Iroquoise, Patricia Monture était une sommité juridique et universitaire féministe extraordinaire à qui le présent numéro de la revue est consacré. Nous pleurons sa disparition et désirons reconnaître l’importance de ses contributions à la théorie et à la pratique féministe anticolonialiste et antiraciste. De nombreuses rubriques nécrologiques écrites sur Patricia ont souligné son rôle singulier dans la poursuite de la justice1. Je ne tenterai pas de répéter ses nombreuses réalisations en détails. Je préfère évoquer le souvenir d'une amie et alliée dans la lutte sur les questions des femmes et du droit. Patricia a soutenu cette revue dès ses débuts, siégeant au conseil de rédaction à partir de la fin des années 1980. M’étant jointe en même temps qu’elle à la Revue Femmes et Droit, je me souviens très bien de Patricia lors de ces premières réunions quand plusieurs d’entre nous fustigions la Revue pour son échec à publier des articles qui portaient sur la race et le colonialisme2. Patricia était passionnée, mais calme et constante dans la marche à suivre. Elle serait frustrée de voir que la lutte n'est toujours pas gagnée (comme le conclut l'article de Rakhi Ruparelia dans le présent numéro), mais je devine qu’elle aurait continué de nous former à l’art de produire une revue féministe anticolonialiste. Patricia a toujours osé rêver en couleurs et dans des teintes plus vives que nous. Elle m’a déjà fait fondre en larmes dans une présentation lorsqu’elle a simplement demandé « De quoi auraient l’air des espaces Bruns et Noirs dans une université ? » et décrit un lieu d'apprentissage où tous et toutes seraient les bienvenus. Son engagement envers un féminisme anticolonialiste et antiraciste transparaissait dans ses activités de membre fondatrice de Researchers and Academics of Colour for Equality (RACE). Au cours du dernier mois de sa vie, elle s’est excusée à contrecœur de ne pas pouvoir participer au 10e congrès de RACE à Edmonton [End Page iv] et, malgré sa maladie, a réussi à organiser un panel de chercheurs et chercheures autochtones.

Patricia Monture entretenait des amitiés et affichait sa solidarité de façon indéfectible. J’ai moi-même bénéficié de son aide pour mon article dans le présent numéro. Elle a appuyé mon projet d'étude sur les décès d’autochtones en détention et m'a même conduite dans la ville de Saskatoon pour rencontrer les avocats qui représentaient des familles autochtones pendant les enquêtes. De nombreuses chercheures et militantes féministes actives dans la lutte anticolonialiste pourraient témoigner pareillement de la générosité de Patricia. Bien sûr, il n’y a pas que la capacité d’amitié et de solidarité de Patricia Monture qui a marqué nos âmes. Son écriture a profondément façonné les luttes féministes et anticolonialistes au Canada. Depuis Thunder in My Soul: A Mohawk Woman Speaks et Journeying Forward: Dreaming First Nations’ Independence jusqu'à l’anthologie qu’elle a publiée avec Patricia McGuire, First Voices: An Aboriginal Woman’s Reader, nous avons appris à emprunter en politique un chemin anticolonialiste, guidées par une experte féministe qui clamait depuis longtemps que pour elle, l’égalité avec les hommes n’était pas une norme assez élevée3. Sans la souveraineté, l’égalité des sexes ne veut rien dire pour les femmes autochtones. Patricia croyait profondément que les connaissances des nombreuses communautés autochtones feraient avancer les peuples autochtones. Les femmes ont été des protagonistes clés dans le projet de décolonisation, mais elles devaient lier leurs efforts à la survie de leurs communautés, et non simplement à la discrimination sexuelle.

Les articles du présent numéro rendent diversement hommage aux idées de Patricia Monture. Pour commencer, Aimée Craft analyse les traités...

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