Abstract

Les récentes décisions de la Cour suprême du Canada relatives au paragraphe 15 (2) de la Charte canadienne des droits et libertés soulèvent des craintes quant aux droits à l’égalité des personnes handicapées. Bien que l’arrêt R. c. Kapp ait donné une force autonome à la protection des programmes améliorateurs, favorisant ainsi une égalité réelle, l’arrêt Alberta (Affaires autochtones et Développement du Nord) c. Cunningham a accordé beaucoup de considération aux gouvernements même en ce qui concerne les programmes de prestations ciblés qui sont jugés insuffisants et peut-être même discriminatoires. Le présent article étudie les effets sur les personnes handicapées de la jurisprudence récente de la Cour suprême du Canada relativement au paragraphe 15 (2). Nous soutenons que l’extrême considération accordée par la Cour aux programmes de prestations ciblés pourrait perpétuer l’exclusion sociale et la marginalisation des personnes handicapées à qui le gouvernement refuse des prestations. L’approche de la Cour à l’égard du paragraphe 15 (2) risque aussi de renforcer les visions essentialistes, catégoriques et médicalisées de l’incapacité, et de créer des hiérarchies des incapacités. Ces risques sont particulièrement inquiétants en période de restrictions budgétaires. Bien que les récentes décisions de la Cour suprême relatives au paragraphe 15 (2) ne traitent pas précisément de discrimination fondée sur l’incapacité, nous soutenons que l’échec apparent de la Cour à réfléchir aux effets de ses décisions sur les personnes handicapées indique une lacune évoquée dans la notion de « dé- citoyenneté » de Pothier et Devlin.

Abstract

Recent Supreme Court of Canada decisions on section 15(2) of the Canadian Charter of Rights and Freedoms raise concerns for the equality rights of persons with disabilities. Although R. v Kapp gave independent force to the protection of ameliorative programs as an aspect of substantive equality, Alberta (Aboriginal Affairs and Northern Development) v Cunningham gave governments significant deference even in relation to targeted benefit programs that are under-inclusive and potentially discriminatory. This article examines the impact of the Supreme Court of Canada’s recent section 15(2) jurisprudence on people with disabilities. We argue that the Court’s extreme deference to targeted benefit programs may perpetuate the social exclusion and marginalization of persons with disabilities to whom the government denies benefits. The Court’s section 15(2) approach also runs the risk of reinforcing essentialized, categorical, and medicalized views of disability and creating hierarchies of disability. These risks are of particular concern in the current climate of fiscal restraint. While the recent Supreme Court of Canada decisions on section 15(2) do not deal specifically with issues of discrimination on the basis of disability, we argue that the Court’s apparent failure to think through how its decisions would impact people with disabilities is a serious shortcoming indicative of Pothier and Devlin’s notion of “dis-citizenship.”

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