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  • Bibliothécaire : passeur de savoirs 40e anniversaire de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec
Bibliothécaire : passeur de savoirs 40e anniversaire de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec. Montréal : Carte blanche, 2009. 202[4] p. ISBN 978-2-89590-145-7 [http://www.cbpq.qc.ca/corporation/40e/livre_40.pdf ]

Les associations canadiennes de bibliothéconomie et des sciences de l’information demeurent un sujet d’analyse historique largement négligé. Parmi les centaines, voire les milliers d’associations qui ont existé, dont bon nombre sont toujours en activité, l’histoire de seule une poignée d’entre elles a été publiée. Peu d’études d’ensemble du genre existent et celles qui ont été entreprises sont superficielles et dépassées. Parmi ces associations, il y a les corporations de bibliothécaires professionnels et ses trois exemples canadiens : l’Institute of Professional Librarians of Ontario (IPLO), en activité de 1960 à 1972 ; l’Association of British Columbia Librarians (ABCL), en activité de 1966 à 1974 ; et la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec/Corporation of Professional Librarians of Quebec (CBPQ/CPLQ), fondée en 1969 et la seule toujours en activité. Communément appelée CORPO, la corporation a célébré son quarantième anniversaire en publiant un recueil de trente et un articles de courte et de moyenne longueur. Sous la responsabilité d’un comité de rédaction composé de Guylaine Beaudry, Florian Dubois, Régine Horinstein, Marcel Lajeunesse et Monique Lecavalier, le livre rassemble desécrits de bibliothécaires de renom au Québec.

En plus des objectifs professionnels et sociaux que visent toutes les associations de bibliothécaires, les corporations de bibliothécaires professionnels s’appuient sur le modèle de l’autorégulation et de la certification des membres, à l’image des ordres professionnels de médecins ou d’avocats. Ainsi, la CORPO n’accepte comme membres que les bibliothécaires dûment formés, réglemente l’utilisation du titre de « bibliothécaire professionnel » et mise sur les normes professionnelles. Le recueil s’ouvre avec un aperçu historique signé par le grand historien québécois Marcel Lajeunesse et mettant en lumière les défis particuliers qu’a confrontés la CORPO durant ses quarante ans d’existence. Les articles suivants poussent l’analyse historique en traitant d’aspects précis, notamment la [End Page R4] déontologie professionnelle, le congrès annuel, les publications, l’administration, les prix de mérite et les activités offertes aux membres. D’autres s’intéressent quant à eux aux enjeux auxquels font face les bibliothécaires de partout, tels que la technologie, la gestion, la formation continue et le rôle social des bibliothèques. Le volume se termine avec dix-sept témoignages personnels de bibliothécaires professionnels. Toutes ces contributions s’inscrivent dans l’esprit du titre : Bibliothécaire : passeur de savoirs.

Notons plusieurs observations à propos de ce recueil très informatif, qui est probablement l’étude la plus détaillée jamais entreprise à propos d’une association canadienne de bibliothécaires. Tout d’abord, malgré le nom bilingue (français-anglais) de l’association, CORPO, le nombre de présidents anglophones et le fait que les articles parus dans Argus, le journal de l’association, le soient en français et en anglais, ce volume est entièrement francophone, sans aucune apparence de contribution anglophone. Par ailleurs, sauf quelques rares références à la Révolution tranquille dans les années 60, le livre ne contient que peu ou pas de références historiques ou contextuelles concernant le tumulte politique et constitutionnel des années 70, 80 et 90 concernant le rôle du Québec au sein du Canada. Cependant, Lajeunesse et d’autres tels que Jean-Luc Fortin et Madeleine Beaudoin discutent abondamment de l’incapacité de la Corporation, à l’instar de l’IPLO et de l’ABCL, d’obtenir le statut d’organisme autoréglementé. Ce refus de la part des gouvernements provinciaux respectifs s’explique par un questionnement quant aux rôles des organismes autoréglementés, c’est-à-dire s’ils protègent ses membres ou le public en général. Ni la CORPO, ni ses équivalents ontarien et britanno-colombien n’ont jamais été en mesure de produire les arguments convaincants justifiant la protection du public contre les actes des bibliothécaires! Ainsi, la CORPO doit se contenter de normes d’éthique plutôt qu’un code de déontologie. Son mode d’opération est celui d’une association de bibliothécaires professionnels plutôt que celui d’un ordre professionnel de bibliothécaires. En outre, il aurait été intéressant de savoir pourquoi l’IPLO et l’ABCL ont cessé leurs activités dans les années 70, alors que la CORPO a poursuivi les siennes avec plus de vigueur. Finalement, un mot aurait été apprécié sur les moyens que prend la CORPO pour se distinguer des autres associations québécoises de bibliothécaires, notamment l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED) fondée en 1943 sous le nom d’Association catholique des bibliothèques d’institutions (ACBI) et l’Association des bibliothécaires du Québec/Quebec Library Association (ABQLA), fondée en 1932.

On peut espérer que les autres associations au pays suivent cet exemple important et intéressant. Le volume contient des photos en noir et blanc, soixante-douze notes de bas de page en ordre consécutif, des listes, notamment du lieu des congrès, des présidents, des directeurs généraux et des récipiendaires de prix, et finalement une liste des contributeurs. Par contre, on ne trouve ni bibliographie, ni index. [End Page R5]

Peter F. McNally
Professor, School of Information Studies, McGill University, peter.mcnally@mcgill.ca

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