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Reviewed by:
  • Fostering Nation? Canada Confronts its History of Childhood Disadvantage
  • Denyse Baillargeon
Fostering Nation? Canada Confronts its History of Childhood Disadvantage, Veronica Strong-Boag. Waterloo: Wilfrid Laurier University Press, 2011.

D’entrée de jeu, Veronica Strong-Boag nous sert cet avertissement : « Fostering Nation? is not a happy book » (p. 1). Et de fait, cet ouvrage est quasi désespérant. Faisant suite à la publication précédente de l’auteure sur le phénomène de l’adoption (Finding Families, Finding Ourselves: English Canada Confronts Adoption from the Nineteenth Century [End Page 734] to the Present), Fostering Nation? explore la manière dont les gouvernements fédéral et provinciaux de même que les citoyens canadiens ont tenté d’assurer la protection des enfants considérés négligés, abusés, déficients ou délinquants entre le 19e siècle et le début du 21e siècle en examinant comment ces derniers ont été pris en charge par leurs proches, les institutions et surtout les familles d’accueil. Malgré les exemples de résistance et de résilience versés au dossier, l’ouvrage s’attache surtout à démonter que la pauvreté, la discrimination, le racisme, l’exclusion et par-dessus tout la subordination des femmes dans la famille et la société expliquent le sort de ces enfants dont l’existence a été et est encore trop souvent marquée par des sévices physiques et psychologiques. Pour l’auteure, en effet, le bien-être des enfants ne peut être divorcé du statut social de leur mère, de leur possibilité de gagner décemment leur vie, de maîtriser leurs capacités reproductives et d’échapper à la violence. Sans occulter les causes individuelles qui expliquent l’abandon, volontaire ou forcé, de certains enfants, elle insiste pour dire que les rapports de genre qui maintiennent les femmes sous la domination des hommes, alors même qu’elles sont considérées comme les premières responsables de leur bien-être, constituent l’un des facteurs structurels les plus fondamentaux pour comprendre leur destin.

Davantage intéressé par les forces sociales à l’œuvre derrière l’évolution de la prise en charge de ces enfants, Fostering Nation? n’entend pas dresser un historique exhaustif des programmes et des mesures instaurés par les pouvoirs publics, mais plutôt d’en saisir les grandes orientations à la lumière des changements qui ont affecté la conception de l’enfance et de la famille, de la montée, puis du déclin, de l’État-providence et des initiatives prises par les communautés d’où ils provenaient, notamment les communautés noires, immigrantes et autochtones. L’ouvrage est donc structuré de manière thématique, les sept chapitres qui le composent s’intéressant tour à tour au rôle joué par l’entourage immédiat des enfants désavantagés (parenté et voisinage), aux institutions qui ont tenté de prendre la relève (principalement au 19e siècle) et aux politiques gouvernementales en matière de familles d’accueil, pour ensuite se tourner vers les parents, essentiellement les mères, contraintes d’abandonner leurs enfants, les familles qui les ont recueillis et finalement vers les enfants qui ont grandi dans des foyers nourriciers. Comme le signale Strong-Boag, il lui a été plus facile d’accéder au point de vue des fonctionnaires et des chercheurs, travailleurs sociaux ou psychologues, qui ont travaillé auprès de ces enfants qu’à ceux des trois derniers groupes, mais au final, le livre parvient tout de même à faire une place appréciable [End Page 735] à l’ensemble des acteurs engagés dans le drame de l’enfance désavantagée, ce qui enrichit considérablement l’étude et lui confère toute son originalité.

L’une des grandes forces de cet ouvrage, en effet, est de proposer une analyse globale et dynamique de la prise en charge des enfants vulnérables en considérant une large variété de points de vue et de situations. De manière générale, l’auteure y montre que le genre, la classe, l’ethnicité, la race et l...

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