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  • De la terre à l'école. Histoire de l'enseignement agricole au Québec, 1926-1969
  • Jocelyne Murray
De la terre à l'école. Histoire de l'enseignement agricole au Québec, 1926-1969. Thérèse Hamel, Michel Morisset, et Jacques Tondreau. Montréal, HMH, 2000, 366 p., 34,95 $.

Cet ouvrage présente une page inédite de l'histoire de l'éducation québécoise, celle de l'enseignement moyen agricole qui s'adresse en priorité à des fils de cultivateurs âgés entre quinze et dix-neuf ans. Dans une province où l'agriculture a longtemps représenté un mode de vie avant de devenir une profession, l'enseignement de l'agriculture s'implante non sans difficultés. L'expansion de ce réseau d'écoles reste liée d'une manière indissociable au contexte sociopolitique, c'est ce qui fait sa particularité.

Parmi les huit écoles d'agriculture fondées au XIXe siècle, seules trois écoles supérieures maintiennent leurs activités au début du siècle [End Page 606] suivant. En 1926, le ministère de l'Agriculture relance l'enseignement moyen agricole avec la fondation d'une école à Rimouski. D'autres sont implantées par la suite dans toutes les régions du Québec. En 1940, on dénombre vingt et une écoles moyennes et régionales qui accueillent 940 garçons. Elles ont pour but de former une élite constituée de cultivateurs compétents qui non seulement exploiteront avec succès leur entreprise, mais qui deviendront les pivots des organisations agricoles locales. Au seuil des années 1950, la fermeture de cinq écoles annonce une décroissance. Durant la décennie suivante, des études démontrent que cet enseignement ne répond plus aux exigences des « nouvelles réalités agricoles » et qu'il doit être réformé. Le réseau des écoles intermédiaires est dissous; l'enseignement agricole est dorénavant intégré aux programmes d'études du ministère de l'Éducation.

Avant d'aborder quelques aspects plus spécifiques de cette étude, rappelons que ce livre comporte sept chapitres. Les trois premiers font état des expériences pionnières. Les deux suivants offrent un aperçu détaillé de la fondation de l'école moyenne d'agriculture à Rimouski et de plusieurs « sections moyennes » dans un contexte de crise économique. Le sixième chapitre traite de l'administration pédagogique de ces écoles ainsi que de la transformation des sections moyennes en écoles régionales. Le dernier chapitre analyse la prise en charge de cet enseignement par le ministère de l'Éducation et dresse un bilan des écoles intermédiaires d'agriculture. Ce travail s'appuie sur le dépouillement de « plusieurs fonds d'archives (sources premières) et de nombreuses études issues de l'historiographie québécoise (sources secondaires) » (p. 22). La problématique privilégie les aspects politiques, idéologiques et socio-économiques ayant soutenu l'implantation et la survie de ces écoles intermédiaires, sans négliger les questions pédagogiques et scolaires.

Comme les auteurs le font ressortir tout au long de l'ouvrage, l'histoire de l'enseignement agricole ne peut faire abstraction ni de l'ampleur des enjeux politiques alimentés par des divergences idéologiques, ni des fluctuations économiques qui affectent l'agriculture. L'Église, préoccupée par l'exode rural, prône une agriculture d'autoconsommation et s'intéresse de près à ces écoles tout comme l'État qui, de son côté, promeut les intérêts économiques des cultivateurs engagés dans une agriculture de marché depuis la Première Guerre mondiale. Les politiciens sont aussi divisés. Les conservateurs préconisent la régionalisation des écoles et les libéraux, leur centralisation, d'autres encore souhaitent des établissements axés davantage vers la pratique. La société, quant à elle, préfère la formation dispensée dans les cercles agricoles qui s'adresse à tous et n'oblige pas les parents à se départir pendant deux ans [End Page 607] d'une main-d'œuvre gratuite. Tous ces facteurs auront une influence déterminante sur les orientations et la qualit...

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