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Autour d'une traduction d'Euripide. On a Translation of Euripides. An unpublished review of a translation by H. D. of Euripides' Choruses from Iphigeneia in Aulis
- Johns Hopkins University Press
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An unpublished review of a translation by H. D. of Euripides’
Dans une critique de la belle traduction qu’a faite H. D. de quelques vers d’Euripide, j’ai signalé ce qui me semble être deux buts différents, deux catégories mêmes, que peut suivre la traduction. Cette différence capitale répond à une distinction plus profonde, distinction entre deux attitudes de l’esprit envers la littérature, et surtout la poésie, dite classique.
Évidemment, la littérature moderne, en devenant cosmopolite, a éprouvé un certain affaiblissement d’impulsion centrale. Au lieu de se nourrir des littératures étrangères, au lieu de faire de véritables emprunts, nous faisons une espèce de foire une vile marchandise où chacune des nations apporte à vendre des nouveautés peu durables, et d’où elles rentrent avec d’autres nouveautés qui ne servent également à rien. On va au théâtre pour voir une représentation de quelque pièce suédoise, espagnole, portugaise, irlandaise, brésilienne; chez soi on se repose des fatigues de la journée en lisant un roman du dernier russe, tchèque, serbe (parce que les Slaves tiennent l’estrade à présent): c’est à dire que nous nous délassons par des œuvres d’art des races dont nous ne connaissons ni l’histoire, ni les mœurs, ni les traditions, et dans la mentalité desquelles nous ne sommes guère préparés à nous insinuer. Il est même arrivé que nous nous intéressons à chose inouïe–de la même sorte que dans les chefs-d’œuvre grecs, qu’une représentation théâtrale (scrupuleusement exacte, selon le dernier progrès de l’archéologie) d’Aeschyle nous chatouille presque au même degré que les excentricités des contemporains. Plus scandaleux encore, nos propres classiques anglais . . . et Shakespeare ! . . . ne faisant plus partie intégrale de notre littérature moderne, retrouvent une existence pénible sous les efforts de l’archéologie qui les parent en offrande au goût exotique. Entre Shakespeare et M. un tel, qui dépeint si bien la vie des boulevards, il n’y a rien de commun. Convenu:
Ily a certainement des retranchements à faire. Un commerce vif entre les nations est énormément utile, même nécessaire, s’il ne soit que bien avisé. Mais pour tirer profit des littératures étrangères, il faut qu’on ait quelques idées intelligentes sur sa propre littérature. De tous ceux qui se raffolent de Dostoevski, combien en sont préparés à faire la moindre analyse, à reconnaître ce qu’il s’y trouve d’universelle, de commun à tous les chefs-d’œuvre de n’importe quel pays ou quelle époque?
Et ce groupe restreint, de quoi se compose...