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In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

An unpublished review of a translation by H. D. of Euripides’ Choruses from Iphigeneia in Aulis, No. 3 in the Poets’ Translation Series London: Egoist Press, 1915; reviewed in “Classics in English” (493). The Poets’ Translation Series, initiated and edited by Aldington, included six titles in the first series and six in the second. H. D.’s translation appeared in the first and was reissued in the second, together with choruses from Euripides’ Hippolytus. Superscript numbers in the French text mark the place of editorial notes in the English translation by John Morgenstern.

Dans une critique de la belle traduction qu’a faite H. D. de quelques vers d’Euripide, j’ai signalé ce qui me semble être deux buts différents, deux catégories mêmes, que peut suivre la traduction. Cette différence capitale répond à une distinction plus profonde, distinction entre deux attitudes de l’esprit envers la littérature, et surtout la poésie, dite classique.

Évidemment, la littérature moderne, en devenant cosmopolite, a éprouvé un certain affaiblissement d’impulsion centrale. Au lieu de se nourrir des littératures étrangères, au lieu de faire de véritables emprunts, nous faisons une espèce de foire une vile marchandise où chacune des nations apporte à vendre des nouveautés peu durables, et d’où elles rentrent avec d’autres nouveautés qui ne servent également à rien. On va au théâtre pour voir une représentation de quelque pièce suédoise, espagnole, portugaise, irlandaise, brésilienne; chez soi on se repose des fatigues de la journée en lisant un roman du dernier russe, tchèque, serbe (parce que les Slaves tiennent l’estrade à présent): c’est à dire que nous nous délassons par des œuvres d’art des races dont nous ne connaissons ni l’histoire, ni les mœurs, ni les traditions, et dans la mentalité desquelles nous ne sommes guère préparés à nous insinuer. Il est même arrivé que nous nous intéressons à chose inouïe–de la même sorte que dans les chefs-d’œuvre grecs, qu’une représentation théâtrale (scrupuleusement exacte, selon le dernier progrès de l’archéologie) d’Aeschyle nous chatouille presque au même degré que les excentricités des contemporains. Plus scandaleux encore, nos propres classiques anglais . . . et Shakespeare ! . . . ne faisant plus partie intégrale de notre littérature moderne, retrouvent une existence pénible sous les efforts de l’archéologie qui les parent en offrande au goût exotique. Entre Shakespeare et M. un tel, qui dépeint si bien la vie des boulevards, il n’y a rien de commun. Convenu: quand nous sommes las des actualités, des actualités actuelles, des actualités actuellement actuelles de 1916, allons voir ce qu’étaient les actualités de 1600. Mais c’est simplement insulter un cadavre.

Ily a certainement des retranchements à faire. Un commerce vif entre les nations est énormément utile, même nécessaire, s’il ne soit que bien avisé. Mais pour tirer profit des littératures étrangères, il faut qu’on ait quelques idées intelligentes sur sa propre littérature. De tous ceux qui se raffolent de Dostoevski, combien en sont préparés à faire la moindre analyse, à reconnaître ce qu’il s’y trouve d’universelle, de commun à tous les chefs-d’œuvre de n’importe quel pays ou quelle époque? 2 et combien qui savent distinguer entre ce qu’y est éternellement humain et ce qu’y est éternellement russe, entre ce qu’y est éternellement russe et ce qu’y est particulièrement russe, et qui savent mettre le doigt sur ce qui est dû au génie de Dostoevski, ou ce qui est de l’excentricité de Dostoevski? À part un nombre très restreint, les lecteurs et les assistants de spectacles aiment mieux rester dans un rêve narcotique et laisser flotter des images singulières devant leurs yeux entr’ouverts.

Et ce groupe restreint, de quoi se compose...

Published By:   Faber & Faber logo    Johns Hopkins University Press

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