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197 13 Cultures Africainesetmaternite: Sur Quelques Mythes Fondateurs E Enpaysnago Ariane Djossou Universite d’Abomey-Calavi, Cotonou Introduction Dans les sociétés africaines, l’univers est organisé selon une dualité complexe. Dans les cosmogonies, le recours au symbolisme sexuel est très fréquent pour expliquer la nécessite de pôles distincts dans l’univers et dans les rapports humains. A ce symbolisme sexuel correspondent des attitudes sociales. La femme est perçue comme l’être dont la fonction est de reproduire et d’augmenter le nombre des membres de la société. La maternité est une fonction tellement essentielle que, jusqu’à une époque récente, la femme était plus appréciée et plus puissante par le nombre d’enfants qu’elle mettait au monde que par ses rôles sociaux. Pourtant la maternité, telle qu’elle est perçue dans ces mêmes cultures, n’est pas que biologique, mais autant sociale que biologique. De ce fait, le chercheur soucieux de fonder rationnellement les rôles sociaux de sexe, c’est-à-dire de genre, rôles dont on sait qu’ils sont construits socialement, se pose forcement plusieurs questions. Par exemple, pourquoi cette vision de la maternité perdure-t-elle jusqu’ à nos jours? Pourquoi cette vision ne donne-t-elle pas à la femme le pouvoir de décision sur elle-même, encore moins la possibilité d’intégrer naturellement les sphères sociales et politiques de décision? D’où vient que la plupart des représentations de la femme garante de la reproduction, qui influencent, voire fondent les comportements sociaux, se sont-elles ancrées si profondément dans les mentalités ? Ne pourrait-on pas tenter une réflexion sur les rationalités inhérentes aux mythes africains, dont l’abstraction ou la mise entre parenthèses risquerait de faire perdre à la praxis sociale africaine, les fondements de son savoir superstructure l’endogène? 198 La présente communication montrera d’abord le bien- fonde d’un recours au mythe dans une recherche sur les réalités sociales. Puis elle examinera le rôle des mythes dans la socialisation de l’homme et de la femme, à travers quelques exemples tires des cultures nago/yoruba du Benin. Pour finir, elle montrera pourquoi la maternité comme fonction biologique et sociale demeure un champ d’examen indispensable pour la recherche en genre, et plus particulièrement pour -la reconstruction des rôles sociaux de sexe, dans laquelle se trouvent engages, de nos jours, plusieurs pays africains. Mythe et société a) Nature et fonction du mythe On partira d’une définition du mythe, celle de Mircea Eliade1 :« Le mythe raconte une histoire sacrée; a relate un évènement qui a lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des ‘ ‘commencements”. Autrement dit, le mythe raconte comment, grâce aux exploits des Etres Surnaturels, une réalité est venue à l’existence, que ce soit la réalité totale, le cosmos, ou seulement un fragment: une ile, une espèce végétale, un comportement humain, une institution. [ ... ] Le mythe ne parle que de ce qui est arrivé réellement, de ce qui s’est pleinement manifeste », Bien que l’auteur lui-même la trouve trop large; cette définition offre l’avantage de révéler mieux que toute autre la situation spirituelle et morale des peuples africains traditionnels. Le problème ne se pose pas pour ces peuples de vérifier si le mythe est vrai ou faux. Celui-ci est accepté parce qu’il est présent comme un fait qui s’est réalisé dans le temps, et qu’il peut être efficace pour l’ordre social. Certains mythes évoquent la généalogie des dieux et des déesses qui sont àl’origine des institutions sociales, politiques et religieuses. Audel à du pluralisme religieux qu’on observe actuellement et qui provient de la rencontre des diverses cultures, venues de l’Orient, de l’Occident ou d’autres contrées du continent, il faut admettre l’unité religieuse de 1Aspects du mythe, Paris: Gallimard, 1963, p. 15, souligne par l’auteur. [18.223.32.230] Project MUSE (2024-04-25 10:45 GMT) 199 chaque peuple fondée sur ses mythes2 et apporter une attention particulière à chaque aspect des récits mythiques. Comme le montre Griaule3 , dans une étude de la conception du monde des peuples africains, le mythe ne doit pas s’entendre au sens ordinaire de forme po...

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