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379 29 La Littérature Camerounaise D’expression Anglaise: Usage et Influence Du Français Par George Echu, Département de Français, Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines Université de Yaoundé I Résumé La littérature camerounaise d’expression anglaise se caractérise entre autres par l’usage et l’influence du français. L’usage du français se ressent notamment à travers l’emploi des mots français, des noms de lieux, des noms de personnes et de dialogues énoncé en français. Quant à l’influence du français, soulignons les cas d’interférence linguistique et l’emploi des faux équivalents anglais des termes français. De tels usages et influences peuvent se justifier sur le plan de l’identification des personnages, le repérage du cadre énonciatif, la nécessité de bien s’exprimer. etc. De surcroît, ils trahissent le caractère biculturel du Cameroun. Cependant, le recours au français dans cette littérature n’est pas toujours un phénomène positif; il peut dans certaines circonstances entraver la communication. Cette étude se propose d’analyser l’usage et l’influence du français tel que manifeste dans la littérature camerounaise d’expression anglaise, en se servant d’exemples tirés des œuvres précises, Mais avant de s’engager dans l’étude proprement dite, quelques clarifications s’avèrent nécessaires. Premièrement, qu’entendons-nous par “littérature camerounaise d’expression anglaise”? Et, deuxièmement, quels sont les usages et influences que nous nous nous proposons d’examiner? 380 Par “littérature camerounaise d’expression anglaise”, nous faisons allusion aux œuvres littéraires de tout genre qui ont été initialement publiées en anglais par des Camerounais. Cette précision s’impose dans la mesure où elle exclut toutes les œuvres traduites en anglais comme Le vieux nègre et la médaille (1967) et Une vie de boy (1966) de Ferdinand Oyono, ainsi que Mission terminée (1967) de Mongo Beti. (1) En parlant donc de la littérature camerounaise d’expression anglaise, nous pensons comme Butake (1989) aux œuvres littéraires écrites par des Camerounais anglophones en anglais dont les pionniers sont I am Vindicated (1958) de Sankie Maimo, A Few Nights and Days (1966) et Because of Women (1968) de Mbela Sonne Dipoko, pour ne citer que ceux-là. Ces travaux marquent les débuts de ce que l’on peut considérer comme la littérature camerounaise d’expression anglaise(2). Toutefois, beaucoup a été écrit en anglais depuis lors, surtout à partir des, années 70. L’existence de quelques revues et magazines littéraires a sans doute été d’un appui significatif. The Mould, l’un de ces magazines, crée par Bole Butake en 1976, s’est montré extrêmement fécond pour les jeunes écrivains. Curieusement, toutes les nouvelles que nous examinerons dans le cadre de cette étude ont été publiées pour la première fois dans ce magazine (3). En tout, nos analyses, s’appuyent sur neuf textes dont sept nouvelles et deux pièces de théâtre. Elles comportent “Ringway Baby” 1979) et “Degree Orals” (1981) de Peter Abety, “Here where we live” (1979) et “Midnight Sky” (1983) de Nol Alembong, Beast of No Nation (1990) et Requiem for the Last Kaiser ( 1991) de Bate Besong, “The Visiting; Card” (1979) de Juliana Nfah, “The Coming of Mr Bonaventure” (1980) de Kum Ngong, et enfin, “The Fish and the Bait” (1979) de Pitt Tah Tawang. Tous ces ouvrages furent publiées après l’unification de 1972 lorsque les deux Etats fédérés du Cameroun Occidental et du Cameroun Oriental décidèrent par referendum d’adopter le système unitaire. L’importance de la période d’après 1972 dans notre étude provient du fait qu’avant cette période les Camerounais anglophones ne ressentaient pas encore l’impact de la langue et de la culture française. Malgré l’institutionnalisation du bilinguisme officiel en 1961 (4), l’existence de deux Etats fédérés - l’un d’expression anglaise et l’autre d’expression française - a considérablement limité tout contact entre le français et l’anglais. Mais l’avènement du système unitaire [18.118.12.222] Project MUSE (2024-04-24 16:58 GMT) 381 signifiait que les deux cultures et langues étaient de ce fait appelées à coexister. Les Camerounais anglophones ne pouvaient plus se passer de...

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