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5 Les femmes hadjaraye du Guéra à l’école d’alphabétisation Khalil Alio Résumé Trois années après l’indépendance du Tchad en 1960, la guerre civile éclata pour durer plus de trois décennies (1963-1990). La guerre civile avait commencé en 1965 à l’est du Tchad et vers 1966, elle avait atteint le centre du Tchad et en particulier la région du Guéra, région montagneuse propice à la rébellion. La région connut une violence extrême perpétrée à l’encontre des populations qui durent émigrer vers les régions voisines. Cela ne fait qu’ajouter à la position marginalisée de la région faite de sécheresse et de famine. Dans une telle situation, ce sont les femmes et les enfants qui souffrent le plus, à raison certes, car ce groupe passe le plus souvent pour victimes de ce genre de situation. Cet article présente le cas de Heloua une femme ayant subi les affres de la guerre mais qui a essayé de lutter contre l’adversité. Dans sa lutte pour surmonter les moments difficiles, l’alphabétisation a joué un rôle primordial. Introduction Pendant les moments éprouvants causés par la guerre civile ou la famine, ce sont généralement les femmes et les enfants qui souffrent le plus. Même si elles sont physiquement épargnées, les femmes sont psychologiquement affectées, car à travers ces épreuves, il peut arriver qu’elles perdent leur mari, leurs enfants ou leurs biens. Cela a malheureusement bien souvent été le lot des femmes du Guéra , forcées par ces facteurs de migrer, poussées ainsi vers des lendemains incertains , dans l’errance, dans la marginalité. Pour sortir de cette adversité, les femmes hadjaraye vont lutter avec acharnement pour conjurer le sort qui leur est impos é. La grande majorité de ces femmes provient d’origines diverses; elles viennent surtout de loin, mais leurs histoires se ressemblent: Si ce n’est pas la guerre civile qui a été la cause de leur départ du village, c’est la famine. Elles tenteront autant que faire se peut de survivre et relever les défis de la pauvreté. Prenons le cas de Heloua dont nous relatons ici l’histoire de vie poignante, depuis le jour où Chapter 5: Les femmes hadjaraye du Guéra à l’école d’alphabétisation 99 les forces de l’ordre ont attaqué son village jusqu’à son installation à Mongo et sa sortie de l’ornière. Dans cette lutte acharnée contre la fatalité, l’alphabétisation jouera un rôle primordial. Heloua, sa vie et la guerre La vie au village Heloua est issue d’une famille paysanne. Avant de venir à Mongo, elle habitait un village distant de cette localité d’environ 60 km et appelé Katalok, ce qui, ironie du sort, signifie ‘On t’a tué’. Il existe dans ce village une école primaire à cycle complet que la jeune fille fréquentait. Sa mère est ménagère comme toutes les femmes du village. En plus des tâches domestiques, elle cultivait ses propres champs d’arachide ou de sésame pendant la saison humide. Son père était un grand cultivateur reconnu dans la localité et même dans les villages avoisinants, car il récoltait en quantité abondante des céréales, notamment du millet et du sorgho blanc. C’est ainsi qu’il avait pu s’acheter du bétail grâce à.la vente de l’excédent de ces denrées. Après l’école, pendant les jours de repos et surtout pendant les grandes vacances , Heloua aidait sa mère dans les tâches ménagères, comme aller chercher de l’eau au puits, ramasser du bois mort ou lui apprêter les ustensiles de cuisine et les condiments devant servir à la préparation de la nourriture. Alors que l’extraction de l’huile revenait à sa mère, Heloua devait aller cueillir des légumes poussant à l’état sauvage. C’est une activité à laquelle elle s’adonnait avec joie. Comme la famille possédait du bétail, la tâche incombait à Heloua et son grand frère de conduire le bétail chez le berger de garde, c’est-à-dire la personne qui a la charge de mener tous les animaux du village au pâturage. Les villageois propriétaires de bétail s’étaient entendus de manière à ce que chaque famille conduise le bétail au...

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