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1 1 Pour une socio-anthropologie des rapports sociaux de sexe : à propos d’un modèle symétrique Emmanuel Yenshu Vubo Introduction Au Cameroun, les études sur le facteur dit genre ont toujours constitué une part importante des travaux de sciences sociales, en général, et ceux de sociologie et d’anthropologie, en particulier. Ces recherches ont souvent eu pour préoccupations majeures la place de la femme dans la société traditionnelle, son implication dans le processus de décolonisation, les modifications de son statut en rapport avec la modernisation, son implication et sa mobilisation autour des problématiques du développement et l’intérêt qu’elle manifeste par rapport aux questions politiques. Elles ont évolué également avec l’esprit du temps. Nombre des publications des années 1960 -1970 sur les structures traditionnelles de mobilisation féminine ont été suscitées par l’engagement des femmes dans la lutte pour l’indépendance du Cameroun sous mandat britannique dans les années 1950 (Ritzenthaler, 1960 ; Ardener, 1975). En soulignant le militantisme de la femme, ces travaux ont contribué à sortir le sujet de sa marginalité dans les sciences sociales dans ce pays. Il n’y a qu’à regarder la place qui lui est accordée dans les mémoires et thèses dans les universités pour mesurer l’ampleur de cette tendance. On peut citer dans la même lignée les travaux de Barbier (1985) et de Diduk (1987, 1989, 2004) qui ont renforcé une réorientation vers une pluralité des perspectives. Dans cette optique, la femme camerounaise apparaît non plus comme épouse et mère docile mais de plus en plus comme militante autour de causes politiques. 2 D’autres publications ont, pour leur part, largement suivi la vogue développementaliste et féministe des trois décennies qui ont suivi l’indépendance. C’est ainsi que certains travaux se sont inspirés des modèles WID (Women in Development, « Femmes dans le Développement ») et GAD (Gender and Development, « Genre et Développement ») développés au niveau transnational (PNUD, ONGs, Programmes de développement international de certaines universités du Nord). Les cadres théoriques, conceptuels et méthodologiques de certains travaux, de ce fait, obéissent aux impératifs arrêtés par les différentes conférences internationales (notamment celles de Nairobi et de Pékin) consacrées à la femme (Chinje, 1997 ; Endeley et al. 2004 ; Fonjong 2012). D’autres cadres sont informés par les sciences humaines et les humanités dans leurs diversités (cf. par exemple Atanga, 2008, 2009). Le renouveau de la démocratie formelle (ouverture de l’espace politique, légalisation des partis politiques, libéralisation de la société civile) a vu resurgir des mouvements aussi divers que ceux engagé dans défense des droits de l’homme et des droits fonciers, la mobilisation au sein des associations de développement et la formation des structures modernes à caractère nettement féministe (associations socioprofessionnelles, mutuelles, ligues de défense des droits de la femme). Des travaux consacrés à ces mouvements sont clivés entre une approbation du rôle des structures traditionnelles dans le renouveau démocratique et un optimisme exagéré sur le potentiel transformateur du mouvement moderne (comme c’est d’habitude le cas avec « la vision angélique » des organisations de la société civile). La littérature des années 1990 et de la première moitié des années 2000 est dominée par une tendance à traiter les mouvements féministes de ces deux niveaux comme une composante particulièrement efficace de la société civile dans la tradition non critique et angélique évoquée par François Houtart (1998 : 13-19). Quand c’est l’efficacité ponctuelle et spatialement limitée des mouvements régionaux des femmes qui est saluée, les auteurs oublient souvent de traiter des questions de transformation plus globales au niveau national, la globalisation des préoccupations [3.146.105.194] Project MUSE (2024-04-24 07:48 GMT) 3 féministes et le décalage ou le manque de synergie entre les deux niveaux de mobilisation. Notre souci est uniquement de contribuer, pour notre part, au débat, convaincus que nous sommes, qu’il est possible de resituer ce débat à l’aide d’outils conceptuels, théoriques et méthodologiques fournis par la sociologie et l’anthropologie. Notre discussion dans ce chapitre va s’articuler autour de deux...

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