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63 La nécessaire option transdisciplinaire Cette section décrit le paradigme transdisciplinaire que la recherche a permis de mettre en évidence : comment s’en énoncent les principaux pôles, quelles interrelations ils entretiennent, comment il est possible de les articuler. L’excision, question citoyenne Des droits à la justice A l’appui de la stratégie prévalant actuellement, qui atteste de la nécessité de « marquer le passage d’une conception des MGF comme question sociale, sanitaire ou religieuse, à une reconnaissance des MGF comme une violation des droits humains qui doit être traitée dans un cadre centré sur les droits humains » (No Peace Without Justice, 2008), il convient de souligner que si l’excision est, certes, une question de droits, elle n’est pas nécessairement une question de loi. De ce fait, la recherche s’est interrogée sur les implications d’une stratégie centrée sur le juridique, risquant de subordonner l’humanité aux droits humains, plutôt que de négocier des rapports de pouvoir, ouvrant vers une réelle justice de genre. L’excision est une pratique communautaire opérée, au nom de la tradition, sur les organes génitaux extérieurs des femmes, dans des communautés d’Afrique sahélienne, pour préserver l’ordre socioculturel des sexes en confortant l’aptitude au mariage des filles. C’estunepratiqueviolente,dangereuseetdiscriminatoireàl’encontre des femmes, dont les risques se font sentir chez les femmes, leurs enfants, leurs conjoints, leur parentèle, leur communauté. L’excision et le genre masculin L’excision n’est pas, on l’a vu, une seule « affaire de femmes » : elle ne concerne pas que les femmes, les filles, elle concerne aussi tous les hommes (et non pas seulement ceux qui ont le pouvoir de décision) : l’excision est une « question de genres », car chacun des genres (masculin et féminin) est directement touché par la pratique. 64 Excision : les jeunes changent l’Afriaque par le TIC Les hommes, dans leurs identités de genre, c’est-à-dire les pères, les frères, les maris, les fils, sont tout autant directement concernés par l’excision, non seulement par solidarité avec leurs filles, sœurs, épouses et enfants-filles, du fait des risques, souffrances, violences et dénis de droits que celles-ci subissent, mais aussi directement, en termes de sexualité,derelationsaffectives,deplaisir,desocialisationdegenre. Moderniser sans acculturer La principale raison qui pousse certain-es a revendiquer la liberté de pouvoir continuer à exciser les filles (voir Encadré 2) est le souci, voire la peur, de voir la tradition communautaire (culturelle et/ou religieuse) – et donc l’ordre des pouvoirs - remise en question. L’abandon de la pratique reviendrait à changer l’ordre social des sexes (le marquage du genre sur le corps, par l’excision des femmes, la circoncision des hommes), au profit d’un ordre imposé de l’extérieur (celui de la mondialisation d’origine occidentale). Ceux qui prônent l’abandon de l’excision – c’est-à-dire la majorité des adultes et la quasi unanimité des jeunes, filles et garçons – font valoir que le bien-être des personnes (hommes et femmes, jeunes et aîné-es) ne doit pas nécessairement souffrir des normes édictées par les hommes et les femmes eux/elles-mêmes, et que la culture et la foi1 n’en pâtiront pas. Les jeunes, filles et garçons, sont prêts à entrer dans la modernité, et à en utiliser les outils, pour faire changer, mais non disparaître, la/les culture-s africaine-s. Pour en finir avec l’excision : le dialogue des genres Identités masculines et féminines Le concept de genre a été créé pour faire références aux différences sociales (c’est-à-dire culturelles, économiques, politiques, psychologiques, démographiques…) distinguant les hommes et les femmes, alors que le sexe fait référence aux différences physiques (anatomiques et biologiques). Le genre (social) est l’identité, masculine ou féminine, construite par l’environnement social : ce n’est pas une donnée « naturelle » mais le résultat de mécanismes extrêmement puissants de construction et de reproduction sociale, au travers de l’éducation et de la socialisation. L’identité de genre se traduit dans les comportements, pratiques, rôles, attribués aux personnes selon leur sexe social, à une époque et dans une culture donnée – et peut donc varier dans le temps et dans l’espace. [13.58.112.1] Project MUSE (2024...

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