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49 VIII P our la protection sociale des ouvriers, qui doit payer ? Une foule reprend : C’est SNIB qui doit payer ! Et nos heures supplémentaires ?… SNIB doit bien les payer ! SNIB et le gouvernement… Complices et anti-travailleurs ! SNIB et le gouvernement… Complices et anti-ouvriers ! Une voix forte et ferme, martelant sur les mots, est reprise en chœur par plusieurs centaines d’ouvriers manifestement en colère contre la Société nationale industrielle des brasseries (SNIB). Le bruit attire Léonard et Camille, qui sont en promenade non loin de là pendant leur temps de repos. Les deux ouvriers s’approchent, curieux de savoir ce qui se passe dans cette usine. Montés sur le capot d’un camion de chargement de boissons, deux délégués syndicaux, l’un d’âge mûr et l’autre plus jeune, s’adressent à une foule d’ouvriers en blouses, les yeux rouges de colère. Léonard et son ami, intéressés par le discours des délégués ouvriers, les suivent mot par mot et reprennent les slogans comme s’ils étaient dans cette usine. Le plus vieux des responsables, visiblement plus ancien dans l’usine, prononce des idées jusque là inconnues par Léonard. Dans nos ateliers, nos camions de distribution, sur nos chaînes et nos machines, c’est nous qui produisons des richesses pour SNIB au prix de notre sueur et de notre sang. C’est encore nous qui assurons la vente de ses produits. 50 Emmanuel Kouraogo Grâce à nous, SNIB réalise de très gros bénéfices. Écoutez bien : l’année dernière, elle a eu plus de sept cent millions de bénéfice et cette année, un peu plus d’un milliard de nos francs… (Hôôô ! reprend la foule)… Grâce à nous, notre pays, et même d’autres pays, sont régulièrement approvisionnés en boissons de bonne qualité. Nos camarades ingénieurs, techniciens et biochimistes laborieux, multiplient inventions et innovations ; nos ouvriers sacrifient chaque jour leurs loisirs, leur force et leur santé, à produire pour le patronat et le gouvernement actionnaire. Et que gagnons nous en retour ?... Rien ! Absolument rien ni pour nous, ni pour nos familles !…Nous n’avons que des salaires de misère qui nous obligent à accepter des heures supplémentaires mal payées…Est-ce normal ? (Non ! reprend la foule). Ce n’est pas juste et nous revendiquons nos droits. Les longues négociations n’ont rien donné. Le patronat est sourd à nos cris, à nos problèmes. Il est arrogant, humilie nos délégués en leur imposant de longues attentes devant les bureaux ou en les menaçant. Êtes vous d’accord ? (Non !) Que nous reste-t-il à faire? (La lutte ! La grève !). Nous avons déclenché cette grève d’avertissement de quarante huit heures pour exiger : 1. une augmentation du taux horaire de travail de vingt pour cent, pour pouvoir faire face au coût de la vie ; 2. du matériel en quantité et en qualité suffisantes : casques, gants, blouses et outils de travail ; 3. une prise en charge complète et rapide des accidents de travail ; 4. le relèvement de la pension de retraite de dix pour cent ; 5. la cessation des tracasseries policières contre notre syndicat et nos délégués. Est-ce juste ? (Très juste !). Êtes vous prêts pour la grève ? (Oui !). Partout, nos machines, nos camions de transport et de distribution, doivent s’arrêter dès cette nuit [18.190.156.212] Project MUSE (2024-04-18 09:27 GMT) 51 Bi Tirga à zéro heure jusqu’à vendredi à vingt quatre heures. (Applaudissements nourris). Et gare aux traîtres qui viendront travailler pendant ces deux journées ! Ils nous trouveront sur leur chemin. (Quelqu’un crie dans la foule : Frappons les !). Nous mettons aussi en garde le patronat contre une présence de policiers, pour protéger les traîtres au travail. Il sera responsable de ce qui arrivera. Êtes vous déterminés ? (Oui !). Êtes vous déterminés ? (Oui !)… Alors ensemble, luttons et nous vaincrons ! Seule la lutte paye ! (Applaudissements prolongés). Le plus jeune des délégués prend alors la parole pour dire comment la grève se déroulera : les piquets de grève, le comité de vigilance, le service d’ordre, le service minimum, le lieu de rassemblement, etc. La foule se disperse alors...

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