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37 V L e test de recrutement de vingt trois ouvriers à l’usine SIFAC de Zado a lieu au lycée communal de Kira, l’ancien lycée de Léonard Bitirga. Il est candidat et compose ce matin. Ils sont au total cent soixante quatorze candidats, répartis dans trois salles numérotées 1, 2 et 3. Léonard est dans la salle 2 avec cinquante- sept autres candidats. Deux enseignants les surveillent, leur distribuent les feuilles de copies et les sujets. Dans la matinée, les candidats font la dictée, puis l’étude de texte. Dans l’après midi, ils ont l’épreuve de calcul et finissent avec celle de géographie. Léonard, qui n’a pas un seul moment abandonné ses études, est à l’aise dans ce concours. En dictée, il hésite sur l’écriture d’un seul mot ; l’étude de texte est très facile pour lui grâce aux livres de français de Ousmane qu’il étudie, et aux romans qu’il lit à la maison. Quant au calcul qui porte sur l’aire d’un trapèze, les quatre opérations et les partages inégaux, il ne lui présente aucune difficulté. Son voisin de derrière lui gratte le dos, à l’insu des surveillants, mais il ne lui répond pas. Il voit parfois l’un des surveillants montrer quelque chose avec son doigt sur la feuille d’un candidat, ou deux candidats voisins se communiquer les feuilles de brouillon ; Léonard a envie de les dénoncer, mais il ne veut pas de problèmes inutiles. Il ne veut pas que le jury le convoque pour des témoignages, et il n’a pas envie de s’attirer la vengeance des candidats fraudeurs et de leurs parents… À quoi bon les dénoncer, se dit Léonard, puisque même les surveillants montrent des choses à des candidats ? Et peut- être, il existe plusieurs lieux de fraudes dans le jury même...Ces fraudes sont comme une goutte d’eau dans la 38 Emmanuel Kouraogo mer, comparées à ce qui se passe actuellement dans le pays… Je travaillerai honnêtement pour mériter mon poste. Ce qui peut se passer pour les fraudeurs, pendant ou après le concours, ne regarde qu’eux-mêmes. C’est à l’épreuve de géographie qu’il a oublié les populations de certains pays voisins de la région. À la publication des résultats, Léonard est huitième, sous réserve de contrôle approfondi. L’entretien avec la Direction de l’usine se passe sans difficulté. Des questions lui sont posées sur son parcours scolaire, les raisons de l’arrêt de ses études, pourquoi il veut travailler dans l’usine de la SIFAC ainsi que sur des sujets sans grande importance pour lui. Le résultat définitif est donné une heure plus tard, après une délibération rapide du jury. Il franchit donc sans aucun problème les deux étapes. Il est recruté comme ouvrier de première catégorie à l’usine SIFAC de Zado. ...

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